Eglises d'Asie

Jakarta : le cardinal Suharyo appelle à lutter contre la traite des êtres humains durant le Carême

Publié le 22/02/2023




L’archevêque de Jakarta, le cardinal Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo, a publié une lettre pastorale à l’occasion du mercredi des Cendres, ce 22 février pour le début du temps du Carême, en appelant les catholiques indonésiens à lutter particulièrement contre le fléau de la traite des êtres humains, qu’il dénonce comme « l’un des plus grands crimes contre l’humanité, qui contredit directement les idéaux du bien commun ». Le thème de sa lettre correspond aux efforts soutenus de l’Église locale qui a lancé un groupe spécial en 2018.

Le cardinal Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo a appelé les catholiques indonésiens à lutter contre la traite des personnes durant le Carême.

Le cardinal Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo a appelé les catholiques indonésiens à lutter contre la traite des êtres humains durant le temps du Carême, qui débute le 22 février. Dans une lettre pastorale publiée avant le mercredi des Cendres, qui il a dénoncé le fléau comme « l’un des plus grands crimes contre l’humanité, qui contredit directement les idéaux du bien commun ».

« Nos sœurs démunies, vulnérables ou handicapées, ainsi que des femmes de tous âges et des enfants, des migrants, des réfugiés, et aussi nos sœurs qui viennent des familles dysfonctionnelles, sont très vulnérables aux pratiques des trafiquants », a souligné l’archevêque de Jakarta dans sa lettre, qui a été lue durant les messes de dimanche dernier dans la capitale.

Il a demandé aux fidèles de lutter contre ce crime en rappelant que la pauvreté amène de nombreuses personnes à devenir victimes de la traite des personnes. « Aidez nos frères et sœurs en difficulté », a-t-il insisté, en appelant à aider les plus démunis à obtenir des emplois formels et informels dans des micro, petites et moyennes entreprises. Selon lui, les catholiques peuvent également leur apporter des compétences, du capital et une assistance technique et marketing, et créer des emplois.

Le thème de la lettre pastorale du cardinal pour le Carême correspond aux efforts soutenus de l’Église locale, qui a lancé un groupe spécial en 2018 qui est aujourd’hui partie intégrante du réseau indonésien ZTN (Zero Human Trafficking Network). En décembre dernier, lors d’une rencontre du réseau, ce dernier a invité le cardinal à soutenir la campagne de ZTN. Gabriel Goa Sola, membre du réseau, qui a participé à la rencontre, s’est dit très heureux que l’archevêque de Jakarta ait enfin exprimé publiquement ses craintes.

« La lettre encourage à agir concrètement durant le Carême pour défendre les sans-voix »

Les déclarations du cardinal sont significatives face à des menaces proférées à l’encontre de militants contre la traite des êtres humains tels que le père Chrisanctur Paschalis Saturnus, responsable de la Commission pour les migrants du diocèse de Pangkalpinang, qui a reçu récemment un rapport de police de la part d’un fonctionnaire local, l’accusant de complicité de trafic humain.

« La lettre pastorale du cardinal encourage les militants comme le père Paschalis à être encore plus audacieux et à agir concrètement durant le Carême pour défendre les sans-voix », a-t-il poursuivi. De son côté, Gabriel Goa Sola a également espéré que la déclaration du cardinal contribue à ouvrir les yeux et la conscience d’autres personnalités religieuses. Selon lui, les responsables qui soutiennent les trafics doivent être arrêtés et poursuivis, et l’État doit créer une Agence nationale de lutte contre la traite des personnes. Il a également souligné que le gouvernement doit revoir la loi de 2007 sur la traite des personnes, qui ne cible que les acteurs sur le terrain et non les commanditaires.

Selon le ministère de l’Émancipation des femmes et de la Protection de l’enfance, le nombre d’affaires de trafic humain est passé de 213 en 2019 à 400 en 2020. Par ailleurs, la branche indonésienne de l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) a enregistré 154 cas de traite des personnes en 2020, et les victimes étaient majoritairement adolescentes. Les militants estiment cependant que le chiffre véritable pourrait être bien plus élevé, la plupart des affaires n’étant jamais signalées.

La province des Petites îles de la Sonde orientales (Nusa Tenggara), majoritairement chrétiennes, située dans l’est de l’archipel indonésien, est celle qui compte le plus de victimes. La région compte en effet beaucoup d’habitants qui vont travailler illégalement à l’étranger, selon ZTN.

L’Agence pour la protection des travailleurs migrants de la province souligne qu’entre 2018 et mai 2022, sur 480 travailleurs migrants de la province décédés à l’étranger, seuls 17 d’entre eux avaient un statut légal. L’an dernier, les États-Unis ont rétrogradé l’Indonésie du niveau 1 au niveau 2 de leur liste de surveillance dans leur rapport annuel sur la traite des êtres humains (Trafficking In Person), en affirmant que la législation du pays reste incohérente par rapport aux lois internationales.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews