Eglises d'Asie – Indonésie
Jakarta : le centre Atmabrata du port de Tanjunt Priok, un sanctuaire pour les plus démunis
Publié le 28/08/2019
Frère Petrus Partono est occupé, comme tous les jours, à servir les personnes âgées et accueillir les visiteurs et bienfaiteurs qui passent régulièrement par Atmabrata. Le centre social catholique est un sanctuaire pour les pauvres et les sans-abri du quartier de Tanjunt Priok, le port le plus fréquenté d’Indonésie, à Jakarta Nord. Fondé en 1979 par un prêtre vincentien, Atmabrata a dû fermer temporairement avant d’être rouvert en 2010 grâce à l’initiative du père Antonius Wahyuliana, prêtre vincentien et curé de la paroisse de la Sainte Croix à Jakarta Nord, qui a nommé le frère Partono comme directeur du centre. Ce dernier, frère de la Sainte Croix, a été chargé de rechercher des donateurs pour soutenir le centre, qui a déjà accompagné plus d’un millier de personnes de la région côtière, où se trouve le plus grand bidonville de la capitale indonésienne. Frère Petrus Partono explique que le centre a été rouvert afin de pallier au trop grand nombre de d’habitants du quartier vivant dans une extrême pauvreté. « La mission d’Atmabrata est d’aider les pauvres, en particulier les personnes âgées abandonnées par leurs proches », confie le religieux. « Heureusement, beaucoup de gens nous aident et nous soutiennent. » Il précise que le centre accueille actuellement trente femmes âgées qui vivaient sous les ponts autoroutiers et au bord de la route. Atmabrata accompagne également plus de deux cents personnes âgées qui vivent encore avec leurs familles. L’équipe du centre rend visite à ces familles démunies pour distribuer une aide alimentaire de base (riz, sucre, huile, lait, œufs…). Deux fois par mois, ils leur apportent également un repas complet. Frère Partono souligne que les plus âgés ont gagné le droit de profiter de leurs dernières années, mais à cause de la pauvreté de leurs proches, beaucoup sont démunis, non seulement à Jakarta mais aussi dans toute l’Indonésie. Le centre s’est donné pour mission de rendre visite au plus grand nombre possible. « L’an prochain, nous comptons construire un nouveau foyer pour pouvoir loger trente femmes âgées », ajoute le religieux.
Éducation et santé de la population locale
Frère Partono confie sa joie de voir que son groupe ne se préoccupe pas seulement des personnes âgées mais aussi de l’éducation et de la santé de toute la population locale. Dans ce but, une clinique, des écoles, des formations professionnelles et des boutiques ont été ouvertes, ainsi que trois écoles maternelles qui comptent 535 élèves en tout. « C’est presque gratuit pour eux, il n’est demandé aux parents de payer qu’à peine un centime par mois », explique-t-il. Ils fournissent également des cours de soutien à deux cents collégiens qui en ont besoin, ainsi que des bourses pour les étudiants. « Grâce aux formations, nous aidons les adolescents qui ont quitté l’école, et ceux qui n’ont pas reçu d’éducation, à assimiler des compétences de base en informatique, en anglais, en management et en entrepreneuriat », confie-t-il, ajoutant que ce travail est mené en coopération avec les fournisseurs d’emplois. « Il y a aussi plusieurs volontaires étrangers qui aident pour l’enseignement, à l’invitation des évêques indonésiens. » Par ailleurs, grâce à la clinique, frère Partono et son équipe offrent un traitement gratuit pour les patients pauvres et occasionnellement, ils coopèrent avec les médecins pour organiser des opérations chirurgicales pour les enfants ou pour des opérations de la cataracte. « De plus, nous rénovons aussi les maisons des gens ; à ce jour, plus de vingt logements ont été remis à neuf », explique le religieux. Son groupe organise également des brocantes où la population locale peut se procurer des produits de base à moindre prix.
Lieux de rencontre interreligieux
L’œuvre de charité d’Atmabrata a attiré des bons Samaritains d’autres religions : des musulmans, des bouddhistes et des chrétiens d’autres confessions sont également venus aider le centre. Tous les mois, celui-ci reçoit une tonne de riz et l’équivalent de 810 euros de la paroisse Saint-Jacques de Jakarta Nord. Frère Partono confie qu’une fois, des habitants du quartier les ont accusés de prosélytisme. Mais aujourd’hui, les choses se passent bien plus calmement, alors que beaucoup de gens ont pu profiter de l’aide du centre. Pour le religieux, l’une des clés est la communication : tous les jours, il circule dans le quartier pour rendre visite aux gens et interagir avec eux, pour leur permettre de comprendre la sincérité de son initiative et ce qu’il cherche à faire pour les personnes dans le besoin. Pour lui, pour que les gens puissent être convaincus par le service rendu par le centre, celui-ci doit être « honnête, fiable et responsable, et maintenir de bonnes relations avec les gens ». « Ce sont des valeurs que les religieuses et les séminaristes apprennent quand ils viennent ici pour découvrir la spiritualité des pauvres », ajoute le religieux.
La joie des enfants de Dieu
Frère Partono confie que les personnes âgées qui sont au centre apprennent à rester optimistes et à vivre dans la joie des enfants de Dieu. Le centre organise de nombreuses activités pour eux, afin de les aider à rester en bonne santé, physiquement et spirituellement, par la gymnastique, la prière, le travail social et des temps récréatifs. Muna, une femme musulmane de 70 ans, confie que depuis que son mari et ses enfants sont morts, il y a de nombreuses années, personne ne s’est occupé d’elle jusqu’à ce que des voisins lui parlent du centre il y a deux ans. « Ici, j’ai beaucoup d’amis et ne me sens plus seule. » Muna est reconnaissante pour « l’immense service » rendu par le frère Partono, ajoutant que « maintenant, nous sommes comme une grande famille ». De même, Marsela, une protestante de 60 ans, explique qu’autrefois, elle et son mari vendaient de la nourriture dans la rue, jusqu’au décès de son mari il y a cinq ans. Depuis, elle a l’impression qu’une partie d’elle-même est morte avec lui. « Je souffre de diabète, mais grâce à Dieu, j’ai été amenée ici. » Marsela est arrivée au centre il y a quatre ans, où elle reçoit de la nourriture saine et des soins. Joice Mamahit, 59 ans, catholique et membre de l’équipe d’Atmabrata, explique qu’elle se réjouit de travailler avec les personnes âgées. « Ils n’ont pas d’enfants, de famille ou de maison, et ils ont été abandonnés. Mais ici, ils sont heureux avec nous. » Elle ajoute que frère Petrus Partono « m’a encouragée à servir les autres avec humilité et à les traiter comme ma famille ».
(Avec Ucanews, Jakarta)
CRÉDITS
Ucanews