Eglises d'Asie – Indonésie
Jakarta renforce sa vigilance contre les attentats à l’approche de Noël
Publié le 21/12/2022
Le gouvernement indonésien prévoit de limiter les célébrations de Noël, avec notamment une interdiction sur les chapiteaux, installés traditionnellement par les paroisses locales afin de permettre aux fidèles de suivre les services liturgiques quand les églises sont pleines. Contrairement aux années précédentes, quand des mesures strictes étaient imposées afin de contenir la pandémie, cette année, les églises et autres lieux de culte peuvent être ouverts sans limite de capacité. Cependant, le ministre des Affaires religieuses, Yaqut Cholil Qoumas, a annoncé que « les places supplémentaires installées sous des tentes seront strictement interdites », même quand les églises manquent de place pour accueillir tout le monde.
Pour l’Église catholique en Indonésie, durant les fêtes de Noël et de Pâques, les églises dépassent en général leur capacité et doivent parfois organiser des messes en présence de plusieurs milliers voire plusieurs dizaines de milliers de personnes, avec des ressources limitées (que ce soit en termes de prêtres disponibles que de capacité). Dans certains lieux, les prêtres doivent célébrer trois ou quatre messes, tandis que les fidèles patientent pour pouvoir avoir un siège ou une place debout, pour des célébrations pouvant durer deux à trois heures.
Le ministre Qoumas a pris cette décision après consultation de la police et de la sécurité indonésienne. Officiellement, ces restrictions sont dues à la poursuite de la pandémie ; toutefois, la plupart des catholiques se montrent critiques contre la décision du gouvernement, en la considérant « sans fondement » étant donné que même la Chine a renoncé à sa politique de « zéro-Covid » en assouplissant ses restrictions (sans test obligatoire ni confinement strict). Certains ont également souligné qu’aucune limite ou restriction sanitaire n’a été imposée aux quelques milliers de participants qui ont assisté au mariage du fils du président Jokowi, Kaesang Pangarep, ni aux foules qui se sont rassemblées à cette occasion.
Des limites imposées par crainte d’attaques
Cependant, ces limites seraient liées aux importants mouvements de foule durant les fêtes de Noël et du Nouvel An, qui auraient contraint le président indonésien à renforcer le niveau de sécurité. La véritable raison derrière ces restrictions s’expliquerait par une crainte d’attaques ou de violences, en particulier durant les célébrations religieuses. Les autorités ont notamment à l’esprit plusieurs événements passés.
En 2000, une bombe a explosé en bord de route à Jakarta, ciblant des chrétiens se rendant à la messe de minuit. En 2011, des bombes ont également explosé dans l’église Sainte-Anne et dans deux temples protestants dans à Jakarta Est. Une autre bombe a aussi explosé dans une église dans la province du Kalimentan Oriental en 2016. D’autres attaques ont eu lieu en mai 2018 contre des fidèles de Surabaya et Sidoarjo (Java Oriental), et un attentat suicide a également frappé la cathédrale de Makassar en mars 2021, durant le dimanche des Rameaux, tuant plusieurs paroissiens.
Récemment, le 7 décembre, la situation s’est tendue avec un attentat suicide dans un commissariat de Bandung, dans la province de Java Oriental, causant la mort d’un policier et au moins une dizaine de blessés. Plusieurs experts et analystes estiment que cette attaque pourrait être un « essai » avant une opération de plus grande ampleur autour de la période de Noël. À ce jour, les autorités n’ont pas augmenté officiellement le niveau d’alerte dans le pays, mais en coulisse, elles se montrent inquiètes et ont déjà déployé l’unité antiterrorisme indonésienne, appelée « Densus 88 », afin de dissuader tout groupe terroriste d’agir.
(Avec Asianews)
CRÉDITS
Asianews