Jakarta suspend ses exportations d’huile de palme afin de soulager le marché national

Publié le 29/04/2022




Depuis le 28 avril, pour une durée provisoire, le gouvernement indonésien a suspendu les exportations d’huile de palme afin de protéger les consommateurs et le marché national, face à une flambée des prix dans le pays et une pénurie face à la hausse de la demande mondiale. Une décision annoncée par le président Joko Widodo alors que la situation, aggravée par les conséquences de la guerre en Ukraine (plus grand producteur au monde d’huile de tournesol), avait provoqué des tensions sociales sur le marché indonésien.

À compter du 28 avril, les exportations d’huile de palme ont été suspendues en Indonésie.

À compter du 28 avril, l’Indonésie n’exportera plus d’huile de palme pour une durée provisoire, afin de limiter la hausse des prix sur le marché national, selon une décision annoncée le week-end dernier par le président Joko Widodo. Ces derniers mois, des files d’attente se sont formées devant les supermarchés indonésiens, face à la hausse des prix et à la demande mondiale qui a suscité une certaine pénurie dans le pays. Une situation qui avait suscité de fortes tensions sociales. « Je continuerai de contrôler et d’évaluer la mise en œuvre de cette politique, pour que les stocks d’huile de cuisson soient suffisants et à des prix raisonnables dans le pays », a précisé le président indonésien dans sa déclaration.

Le manque actuel d’alternatives à l’huile de palme, aggravé par les conséquences de la guerre en Ukraine – un producteur et exportateur majeur d’huile de tournesol –, a entraîné une hausse des prix des huiles végétales à travers le monde. Ces derniers mois, le prix de l’huile de palme brute a augmenté de près de 40 %. L’huile de palme n’est pas seulement utilisée pour la cuisine mais aussi pour la production de biocarburants, ainsi que pour de nombreux produits alimentaires et cosmétiques.

Début 2022, l’Indonésie avait déjà réduit les exportations et limité les achats domestiques d’huile de palme à deux litres par personne. Parmi les producteurs locaux, la décision du président indonésien a été reçue comme un choc. Si l’interdiction « a un impact négatif sur la durabilité du secteur de l’huile de palme, nous demanderons au gouvernement de réévaluer cette mesure », a réagi Tofan Mahdi, porte-parole de l’association GAPKI (Indonesian Palm Oil Association).

« Nous sommes des petits producteurs locaux, pas des grands exportateurs. »

Près de 60 % de l’ensemble des exportations mondiales d’huile de palme viennent d’Indonésie, l’Inde et la Chine étant les consommateurs les plus importants. La décision du gouvernement de Jakarta risque donc d’entraîner des conséquences majeures sur le cours mondial. En 2020-2021, l’Inde a importé 8,5 millions de tonnes d’huile de palme, tandis que la Chine en a acheté au moins 6,8 millions de tonnes – un chiffre qui devrait atteindre 7,2 millions pour la période 2021-2022. Pour la même période, les exportations totales d’Indonésie et de Malaisie devraient passer de 47,7 à 50,6 millions de tonnes. L’an dernier, 16,3 millions de tonnes ont été vendues rien qu’en Indonésie, et 30 millions de tonnes ont été exportées.

Selon l’Institut indonésien PASPI (Palm Oil Agribusiness Policy Institute), les producteurs d’huile de palme risquent d’être fortement affectés par la décision du gouvernement. Le prix des fruits des palmiers à huile devrait chuter, et dans certaines régions, il a déjà baissé de 30 à 50 % depuis que la suspension des exportations est entrée en vigueur, selon Henry Saragih, président de l’Union des fermiers indonésiens (SPI).

Dans les provinces de Riau et de Sumatra du Nord, les producteurs locaux expliquent que les prix ont baissé pour atteindre entre 1 700 et 2 000 roupies indonésiennes (entre 11 et 13 centimes d’euro) le kilo. Avec l’application de cette suspension, les fermiers indonésiens ne peuvent plus bénéficier de la hausse de la demande mondiale d’huile de palme. Un producteur local a exprimé sa déception : « Tout ce que je peux dire, c’est que nous sommes des petits producteurs locaux et non des grands exportateurs. »

(Avec Asianews)