Eglises d'Asie

Java : le père Iswanto, lazariste, fondateur d’un centre éco-pastoral tourné vers l’écologie intégrale

Publié le 13/10/2020




Le père Marcelinus Hardo Iswanto, de la congrégation de la Mission (Lazaristes), a fondé le centre éco-pastoral de « Gubug Lazaris » en 2010, après plusieurs années consacrées à se former sur les méthodes agricoles traditionnelles et biologiques. Le but du prêtre était alors de vivre l’esprit de sa congrégation et de sa devise, « Annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres », selon la vie quotidienne de ses fidèles – majoritairement des fermiers démunis, vivant dans les villages à proximité de sa paroisse, Saint-Joseph de Kediri. Un projet tourné vers l’annonce de la Parole et l’écologie intégrale, dans la province de Java oriental.

Le père Marcelinus Hardo Iswanto (au centre) avec des étudiants, durant une visite au centre Gubug Lazaris, début 2020.

Tout a commencé en 2005, quand le père Marcelinus Hardo Iswanto, membre de la congrégation de la Mission (frères lazaristes), a été nommé par son supérieur provincial comme curé de la paroisse Saint-Joseph de Kediri, dans la province de Java oriental. « Durant les deux premières années, j’ai d’abord songé à encourager des valeurs pastorales au sein de la paroisse, en particulier liées à la vie quotidienne des fidèles, notamment ceux vivant dans les villages. Durant cette période, les questions du réchauffement et du changement climatique ont fait surface parmi ces problématiques, donc j’ai commencé à penser que je pouvais lancer quelque chose en faveur de la protection de l’environnement », explique le prêtre de 53 ans, ordonné en 1996. Peu après, en 2007, le père Iswanto a appris à planter du riz, du maïs, du manioc et autres céréales, fruits et légumes, à l’aide de méthodes agricoles traditionnelles, en utilisant un bout de terrain appartenant à un paroissien. Rapidement, le prêtre a également acheté un hectare de terrain agricole à Sambirejo, un village du district de Kediri, à environ 18 km de son église paroissiale.

« Pour acheter ce terrain, j’ai dû emprunter de l’argent auprès d’une coopérative locale dont je faisais partie. Je l’ai payé en plusieurs mensualités », explique-t-il. Le prêtre a alors commencé à cultiver ce nouveau terrain en 2008, puis il a construit une maison communautaire dans un style traditionnel (rumah joglo – des maisons en bois avec des toits javanais aux formes emblématiques), afin de permettre aux gens de venir se rencontrer et échanger sur les questions agricoles. « Je voulais montrer le visage de l’Église aux catholiques et aux non catholiques. C’était aussi une façon de vivre l’esprit de ma congrégation », confie le prêtre, en évoquant la devise de sa congrégation (Evangelizare pauperibus misit me – Annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres). « Je pensais au fait que les fermiers sont des gens humbles qui vivent dans les villages. Je voyais aussi les fermiers comme des gens particulièrement proches de l’environnement. Si je pouvais leur montrer un exemple de culture biologique qu’ils pouvaient utiliser, ils pourraient devenir des protecteurs de l’environnement », explique le père Iswanto.

Gubug Lazaris

Plus tard, le père Iswanto a pu acheter deux autres hectares de terrain. En août 2010, à l’occasion du quatorzième anniversaire de son ordination sacerdotale, il a nommé officiellement ce quartier agricole Gubug Lazaris. Le terme « Gubug » évoque des petites huttes construites et utilisées par les fermiers comme abri, et « Lazaris » renvoie aux membres de la Congrégation de la Mission – connus comme les frères lazaristes en référence à leur première maison mère (fondée par saint Vincent de Paul au prieuré Saint-Lazare à Paris). « Je voulais que Gubug Lazaris devienne un lieu où les villageois puissent apprendre une agriculture respectueuse de l’environnement », ajoute le prêtre. Avec l’aide de quelques villageois compétents, il a transformé plus de la moitié de Gubug Lazaris en rizière. Il a utilisé le reste pour planter d’autres cultures et pour construire un abri pour du bétail, ainsi qu’un bâtiment servant à la production d’engrais biologique. En 2014, il a également commencé une production de biogaz. « Aujourd’hui, il y a une vingtaine de vaches. Nous utilisons le fumier comme engrais et pour produire du biogaz », explique-t-il. Quatre ans plus tard, il a également installé quinze panneaux solaires avec l’aide d’un ami. « Un seul panneau peut produire 100 watts d’électricité par jour, soit un total de 1 500 watts. Nous utilisons cette électricité afin de puiser l’eau de nos puits, pour irriguer les cultures en économisant les frais d’électricité. »

Vision holistique

Attirés par le projet écologique du prêtre lazariste, beaucoup de groupes de différentes origines religieuses ont visité Gubug Lazaris afin de se former. « En général, je les emmène faire le tour des lieux. Je parle toujours à mes visiteurs, quels qu’ils soient – enfants, étudiants, fermiers, écologistes ou fonctionnaires –, de l’importance de la protection de l’environnement. » Ari Purnomo Adi, un musulman du village voisin de Wates, est venu trois fois. « En tant que responsable religieux, le père Iswanto a une compréhension globale de la meilleure façon de protéger l’environnement. Il a une vision holistique », confie-t-il. « Je ne voudrais pas que l’on m’attribue tout le mérite », commente le père Iswanto. « En tant que prêtre, je dois vivre selon ma vocation et ce à quoi je suis appelé. C’est un service rendu à ma congrégation et à l’Église, et je souhaite que les autres frères lazaristes puissent continuer ce que j’ai commencé », poursuit le prêtre, qui a déménagé au sein de la paroisse du Christ-Roi de Surabaya ce mois-ci, dans la capitale de la province.

(Avec Ucanews, Jakarta)


CRÉDITS

Father Marcelinus Hardo Iswanto