Eglises d'Asie

Journée de prière contre la traite des personnes : plus de 150 000 victimes par an en Asie du Sud

Publié le 10/02/2023




Le pape François a déclaré, le 8 février dans un message vidéo pour la 9e Journée mondiale de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains, que « le système de la traite profite des injustices et des iniquités qui obligent des millions de personnes à vivre dans des conditions vulnérables ». Selon les Nations unies, près de 150 000 personnes en sont victimes chaque année en Asie du Sud. La journée du 8 février, célébrée sur le thème « Marcher dans la dignité », fête aussi sainte Joséphine Bakhita, ancienne esclave soudanaise.

En 2015, plusieurs milliers de minorités birmanes ou bangladaises ont pris la mer vers la Malaisie ou l’Indonésie. Victimes de trafiquants, plusieurs centaines n’ont pas survécu.

Dans un message vidéo, publié le 8 février à l’occasion de la 9e Journée mondiale de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains, le pape François a déclaré que « la traite défigure la dignité ». « L’exploitation et l’asservissement limitent non seulement la liberté mais font des gens des objets à utiliser et à jeter », a-t-il ajouté.

Rien qu’en Asie du Sud, les Nations unies estiment que près de 150 000 personnes sont victimes de la traite chaque année, dont 44 % de femmes et 21 % de filles ; les principales raisons évoquées sont le travail forcé, l’exploitation sexuelle et le mariage précoce.

« Le système de la traite profite des injustices et des iniquités qui obligent des millions de personnes à vivre dans des conditions vulnérables », a poursuivi le Saint-Père, en soulignant que « les personnes appauvries par la crise économique, les guerres, le changement climatique et tant d’instabilité sont facilement recrutées par les trafiquants ».

« Marcher dans la dignité »

Le thème de cette année, « Marcher dans la dignité », célèbre particulièrement sainte Joséphine Bakhita (fêtée le 8 février), une femme soudanaise qui a été vendue en esclavage, abusée et finalement libérée, et aujourd’hui déclarée patronne des opprimés.

Les paroles du pape reflètent l’expérience de nombreuses communautés chrétiennes en Asie qui luttent contre la prostitution et la traite des personnes, comme l’école TNNS (Trust of Nano Nagle School) de Goa, en Inde. Dirigé par les pères rédemptoristes, l’établissement est ouvert aux enfants vivant dans des bidonvilles ou venant de familles de migrants.

« L’objectif de l’école est de fournir une éducation correcte aux enfants de migrants, aux enfants des bidonvilles, aux enfants des rues et aux élèves en décrochage scolaire, afin de prévenir le travail des enfants et les abus, et de défendre leurs droits », explique le directeur de TNNS, le père Ritesh Rosario.

L’école, située dans la vice-province rédemptoriste de Majella, accueille les enfants, en particulier les filles, des bidonvilles de Margaon et de Navelim, au sud de Goa. Selon les statuts de la congrégation rédemptoriste, TNNS offre une scolarité de la maternelle au lycée ; de plus, deux repas par jour sont également fournis. Les cours comprennent de nombreux domaines, y compris l’informatique, le développement personnel et les valeurs morales, ainsi que des formations professionnelles et pratiques.

8 millions de personnes victimes des trafiquants en Inde

Pour le père Rosario, le but du programme de l’établissement est d’aider les filles à se libérer des dangers liés à un manque d’accès à l’éducation. Selon certaines estimations, au moins 8 millions de personnes ont été victimes des réseaux de trafiquants en Inde, en particulier pour du travail forcé. La réussite de nombreuses filles qui ont été scolarisées dans l’école rédemptoriste de Goa montre l’importance de l’éducation pour empêcher que des jeunes soient enlevés ou attirés par les trafiquants.

Il s’agit en effet d’une réalité tragique et quotidienne dans de nombreuses régions d’Asie, ainsi qu’il a été démontré dans une affaire récente au Bangladesh voisin, où deux filles ont été portées disparues, probablement enlevées. Le matin du 28 décembre 2022, Rumila Mardi, âgée de 14 ans, et sa petite sœur Maria, 4 ans, qui étaient parties récolter du riz dans un champ, ne sont jamais rentrées dans leur village de Phulbaroiya Baghdanga, près de la paroisse de Chandpukur dans le district de Naogaon (dans le nord-ouest du pays). Au bout de deux jours, leur mère a signalé leur disparition à la police.

Cependant, celle-ci n’a lancé une enquête qu’après l’intervention du père Belisario Ciro Montoya un prêtre colombien fidei donum. « J’ai rencontré la famille. Je veux que la police recherche activement ces filles disparues. Chaque jour, nous prions pour elles durant la messe et le chapelet », explique-t-il. « Nous n’avons pas d’ennemis. Nous sommes en bons termes avec nos voisins ; nous ne comprenons pas pourquoi nos filles ont disparu », confie leur mère, Aroti Murmu.

Selon un rapport de l’Unicef, environ 400 femmes et enfants sont victimes de trafics chaque mois au Bangladesh. Une autre étude estime également que près de 300 000 enfants et femmes entre 12 et 30 ans originaires du Bangladesh ont été victimes de la traite en Inde au cours de la dernière décennie.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Stephan Uttom / Ucanews