Eglises d'Asie – Inde
Kandhamal : un nouveau prêtre ordonné en Odisha, théâtre des violences antichrétiennes de 2008
Publié le 19/11/2021
Dans l’État d’Odisha, dans l’est de l’Inde, la communauté catholique a célébré l’ordination d’un prêtre qui a lui-même subi l’une des pires persécutions antichrétiennes survenues dans le pays. Le père Vikash Nayak, âgé de 29 ans, qui vient du village de Tiangia, dans le district de Kandhamal, a été ordonné le 6 novembre par Mgr William D’Souza, archevêque émérite du diocèse de Patna et administrateur apostolique du diocèse de Buxar (situé dans l’État voisin de Bihar). Le 13 novembre, le nouveau prêtre s’est également réjoui rendre visite à son village d’origine, où il a concélébré une première messe avec les habitants dans une atmosphère joyeuse.
En 2008, le village du père Nayak a connu sept victimes durant les violences antichrétiennes qui ont frappé la région à l’époque, dont un prêtre catholique, le père Bernard Digal. Les persécutions de 2008 sont survenues après le meurtre d’un chef hindou local, Swami Laxmanananda Saraswati, tué par des rebelles maoïstes 23 août 2008 (le jour de Janamashtami, qui correspond à l’anniversaire de naissance de l’avatar de Krishna). Des chrétiens de la région, dont un garçon de 13 ans, ont été ensuite saisis, battus et abandonné dans un commissariat par une foule d’hindous en colère.
Puis un chef du VHP (Vishwa Hindu Parishad, ou Assemblée mondiale des hindous) a rendu leurs noms publics en les accusant d’avoir tué Swami Saraswati. Le meurtre en question a été accusé de faire partie d’une « conspiration chrétienne », et les violences se sont alors déclenchées contre la minorité chrétienne locale. Les tueries et incendies volontaires se sont poursuivis durant sept semaines, faisant environ une centaine de morts et près de 56 000 blessés et sans-abri. Plus de 6 000 maisons et 300 églises ont été détruites.
« Le père Nayak est le neuvième prêtre du village de Tiangia »
Le père Dibakar Parichha, de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, a rappelé que les victimes des émeutes de Kandhamal ont attiré l’admiration de nombreuses personnes à travers le monde, parce que même si elles avaient tout perdu, y compris des proches, elles ont gardé la foi et ont même donné un autre prêtre à l’Église locale. « Le père Nayak est le neuvième prêtre de son village, qui dépend de la paroisse de Notre-Dame de Charité de Raikia, à Kandhamal, dans l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar. Un autre prêtre sera ordonné dans un mois ou deux, lui aussi originaire du village de Tiangia », s’est réjoui le père Parichha.
Le père Mrityunjay, du village de Tiangia, se dit particulièrement fier du père Nayak, nouvellement ordonné. « Alors qu’il a traversé tant d’épreuves douloureuses dans sa vie, il est resté ferme dans sa foi en Jésus Christ. » Le père Nayak est né le 7 avril 1992. Ses parents, Gokul et Christina Nayak, ont eu trois enfants, dont le nouveau prêtre est le plus jeune. Il a étudié dans son village natal jusqu’en classe de seconde (qu’il a passé en 2008, durant l’année des violences de Kandhamal). Il a ensuite poursuivi ses études au Jiban Jyoti College, avant d’entrer au séminaire de Mashih Gurukul en 2010, à Varanasi dans l’État de l’Uttar Pradesh (dans le nord de l’Inde). Il a étudié la philosophie au séminaire Saint-Charles de Nagpur, puis la théologie à Vidya Jyoti (Delhi).
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews