Eglises d'Asie – Inde
Kerala : l’Église locale tente de protéger les droits des écoles chrétiennes
Publié le 23/10/2020
Le 20 octobre, trois évêques catholiques indiens ont décidé d’effectuer une grève de la faim d’une journée devant le Secrétariat de l’État du Kerala, en accusant le gouvernement local, dirigé par un parti communiste, de menacer les droits constitutionnels accordés aux institutions éducatives chrétiennes. Mgr Joshua Mar Ignathios, évêque de Mavelikkara et président de la Commission pour l’éducation du Conseil des évêques catholiques du Kerala (KCBC), était accompagné de Mgr Paul Antony Mullassery, évêque de Kollam et vice-président de la Commission, et de Mgr Thomas Tharayil, évêque auxiliaire de Changanassery. Les trois évêques ont passé la journée sans boire ni manger. Le gouvernement du Kerala « cherche à diminuer nos droits, en tant que minorité religieuse, à diriger des institutions éducatives, en appliquant des ordres arbitraires et en votant des amendements aux lois existantes », dénonce Mgr Maria Calist Soosa Pakiam, évêque de Trivandrum. En plus des évêques, deux autres responsables catholiques ont rejoint la grève, afin d’attirer l’attention de la population. Mgr Pakiam explique que plus de 3 000 enseignants travaillant dans des écoles catholiques parrainées par l’État n’ont pas reçu de salaire au cours des cinq derniers mois.
« Nous voulons simplement faire respecter nos droits »
L’évêque souligne que le fait de nier leur droit à un salaire en ce temps de pandémie est un « acte de cruauté ». Il ajoute que les évêques ont décidé de protester publiquement en accusant le gouvernement local d’avoir rompu plusieurs de ses promesses envers eux. Mgr Pakiam ajoute qu’en lançant ce mouvement, les évêques « ne demandent aucune faveur particulière de la part de l’État ». « Nous voulons simplement faire respecter nos droits constitutionnels. » Au Kerala, sur 13 000 écoles, on compte près de 5 000 écoles catholiques, dont plus de la moitié ont droit à des aides de l’État pour le versement des salaires d’un certain nombre d’enseignants. Le père Charles Leon, secrétaire de la Commission pour l’éducation de la KCBC, explique que cette journée de grève est le début d’un mouvement de protestation à l’échelle de tout le Kerala. « Ce n’est pas l’affaire d’une seule journée, c’est un mouvement d’une durée indéterminée », explique le prêtre, qui a organisé des événements similaires devant les agences gouvernementales de l’ensemble des 14 districts de l’État du Kerala.
Le père Léon, dont la Commission pour l’éducation couvre les 32 diocèses catholiques du Kerala, précise que le gouvernement local « essaie d’influencer la nomination des enseignants dans les écoles catholiques parrainées par l’État ». Quand les écoles ont dû fermer durant la pandémie, les autorités locales ont identifié près de 4 000 enseignants, principalement dans les écoles publiques, comme des « enseignants protégés », dans le but de sauver leurs emplois. « Le gouvernement, dans le but de réinstaller ces enseignants protégés, a tenté de prendre le contrôle de la nomination de 50 % des enseignants des écoles catholiques et des autres établissements dirigés par les minorités », explique le père Leon. « Même si on nous a dit que ce serait exceptionnel, cela enfreint totalement nos droits constitutionnels. » Le cardinal Baselios Cleemis, archevêque majeur de Trivandrum et primat de l’Église catholique syro-malankare, a également déclaré que la Constitution accorde aux écoles dirigées par les minorités le droit de nommer leurs enseignants. « C’est une injustice intolérable », a-t-il dénoncé le 20 octobre, à l’issue de la journée de grève. Au Kerala, sur 33 millions d’habitants, les chrétiens représentent 18,38 % de la population. Bien que minoritaires, la qualité de l’éducation délivrée dans leurs établissements est reconnue. En comparaison, les chrétiens ne représentent que 2,3 % de l’ensemble de la population indienne, sur 1,3 milliard d’habitants – contre plus de 80 % pour les hindous.
(Avec Ucanews, New Delhi)
CRÉDITS
Ucanews