Eglises d'Asie

Kontum : une messe interrompue dans une « chapelle illégale » à la demande des autorités

Publié le 29/03/2023




Le 22 mars, une dizaine de fonctionnaires du district de Dak Lo, dans la province de Kontum, dans les hauts plateaux du centre du Vietnam, ont interrompu brutalement une messe célébrée dans une maison par le père François-Xavier Le Tien Tien, curé de la paroisse de Dak Giac. Les fidèles ont été accusés de se rassembler dans une « chapelle illégale ». Les autorisations sont particulièrement difficiles à obtenir dans ce district, connu pour avoir démantelé une vingtaine de « chapelles illégales » en 2015.

Le 22 mars, le père François-Xavier Le Tien a dû interrompre une messe célébrée dans une maison dans la province de Kontum, à la demande des autorités.

Des représentants des autorités des hauts plateaux du centre du Vietnam ont suscité l’indignation en interrompant brutalement une messe et en accusant les fidèles de la célébrer dans une « chapelle illégale », dans une commune de la province de Kontum, dans une région montagneuse du centre du pays, voisine du Laos et du Cambodge.

Le 22 mars, le père François-Xavier Le Tien Tien, curé de la paroisse de Dak Giac, dans le diocèse de Kontum, était en train de célébrer la messe dans une maison de la commune de Dak Nong, en présence d’une petite assemblée, quand on lui a demandé de cesser immédiatement. « La façon dont ils ont troublé le caractère sacré de la célébration est honteuse », a protesté le père Thaddeus Vo Xuan Son, responsable de la communication du diocèse de Kontum, interrogé le 25 mars. Selon lui, en agissant ainsi, ils offensent les catholiques du monde entier.

« Nous avons le devoir de protéger le caractère sacré de la messe. Personne n’a le droit d’offenser Dieu », a poursuivi le prêtre, âgé de 45 ans, curé de la paroisse de Vo Lam et responsable du doyenné de Dak Mot. Après l’incident, le père Thaddeus Son, qui a rendu visite aux paroissiens de Dak Nong et au père François-Xavier Tien, a également salué ce dernier pour avoir su éviter des tensions inutiles entre les autorités communistes et les habitants.

Une vidéo devenue virale dans la région montre dix fonctionnaires en colère en train d’insister en criant pour que le père Tien cesse la célébration, et certains en train de prendre des vidéos et des photos de lui et des participants. Un homme identifié comme le vice-président du Comité populaire local a également été vu en train de demander au prêtre : « Que faites-vous ici ? D’où venez-vous ? »

Les fidèles accusés de se rassembler « sans autorisation officielle »

Il a demandé au père Tien de se présenter dans les locaux du Comité populaire du district de Dak To pour enquête. Le prêtre, qui est basé dans la paroisse depuis des années, a tenté de négocier avec quelques fidèles pour pouvoir poursuivre la messe. Mais les autorités ont refusé, en affirmant que la maison en question n’est pas un lieu de culte. Ils ont éteint la lumière et une fonctionnaire a emporté un exemplaire du missel qui était sur l’autel.

Un prêtre du diocèse explique que les autorités locales de Dak To ne sont pas très coopératives quand il s’agit de délivrer des autorisations pour les activités religieuses. Quand des célébrations et des prières ont lieu, les autorités accusent les fidèles de « se rassembler sans autorisation officielle ». Les autorités du district de Dak To sont connues pour les limites qu’elles imposent aux activités religieuses, après avoir démantelé 20 « chapelles illégales » en 2015.

Mgr Michael Hoang Duc Oanh, évêque de Kontum, souligne que « les catholiques de la région n’ont pas d’autre choix que d’ériger des chapelles ‘souterraines’ », alors que les permis sont si difficiles à obtenir. En décembre dernier, le département d’État des États-Unis ajouté le Vietnam à sa liste noire des atteintes à la liberté religieuse, ainsi que l’Algérie, la République centrafricaine et les Comores, accusés de « graves violations » contre la liberté religieuse.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews