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La Banque mondiale appelle l’Asie du Sud-Est à investir davantage dans le recyclage des déchets plastiques
Publié le 27/03/2021
Plus de 75 % du plastique recyclable en Malaisie, en Thaïlande et aux Philippines est jeté aux ordures ordinaires, gaspillant ainsi une « vraie opportunité économique », selon une récente étude de la Banque mondiale. En Asie du Sud-Est, près de 6 milliards de dollars US seraient ainsi gâchés chaque année par manque de tri des déchets plastiques. Pour la Banque mondiale, le fait d’adopter des modèles basés sur une économie circulaire contribuerait à réduire les déchets qui finissent dans les décharges, et qui contaminent les rivières et les mers. Lors de la Conférence des Nations Unies sur les Océans de 2017 (une conférence organisée par l’Onu du 5 au 9 juin 2017, dans le but de mobiliser des actions pour la conservation et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines), la Chine, les Philippines, l’Indonésie et la Thaïlande s’étaient engagées à réduire les déchets plastiques polluant les océans. Le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, était également présent durant le sommet de 2017. Dans son discours, il avait sonné l’alarme en notant que « si la tendance actuelle se poursuit, ce siècle pourrait très bien vivre une destruction sans précédent des écosystèmes ».
Une opportunité économique et écologique inexploitée
La Thaïlande, qui est le premier producteur de produits pétrochimiques de l’Asie du Sud-Est, est aussi le pays de la région qui recycle la plus petite portion de ses déchets plastiques, avec moins de 18 %. Bangkok est également en retard concernant le recyclage des smartphones, des tablettes et autres appareils électroniques – une pratique qui serait non seulement bonne pour l’environnement, mais aussi lucrative pour les sociétés de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques (PEEFV). Pourtant, il semble y avoir davantage d’intérêt et d’investissements dans les équipements de recyclage parmi les Thaïlandais, d’autant plus qu’en 2018, l’industrie plastique thaïlandaise représentait près d’un milliard de Dollars US soit presque 7 % du PIB national. La situation semble meilleure en Malaisie et aux Philippines, où les grandes entreprises se sont davantage préoccupées du recyclage des déchets dans leurs chaînes de production. Toutefois, la plupart des services de recyclage y sont assurés par des petites ou moyennes entreprises, qui bien souvent n’ont pas les moyens, ni la technologie, ni le système de management adapté pour répondre à la demande.
« Les études montrent qu’il y a une opportunité inexploitée, avec des avantages environnementaux et économiques manqués dans les secteurs publics et privés », assure Ndiamé Diop, directeur de la Banque mondiale pour Brunei, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande. Il suggère notamment de fixer des objectifs et des normes en termes de recyclage et de collecte des déchets. Pour lui, les gouvernements doivent aussi s’efforcer d’améliorer le tri des déchets, de limiter les déchets plastiques jetés dans les décharges, et de supprimer progressivement les objets plastiques non essentiels, afin de réduire la pollution fluviale et maritime. Avec près de 13 millions de tonnes de déchets plastiques rejetés tous les ans dans l’océan, l’Asie est responsable de plus de 80 % de la pollution plastique mondiale. Les Philippines et la Thaïlande sont les troisièmes et sixièmes plus grands pollueurs plastiques au monde, selon la Banque mondiale.
(Avec Asianews, Bangkok)
Crédit Ikhlasul Amal / CC BY-SA 2.0