La Corée du Sud plus ouverte aux travailleurs étrangers face à la crise démographique

Un prêtre catholique bénit des migrants philippins le jour de leur anniversaire dans une église sud-coréenne.

Près de 57,3 % des Sud-Coréens considèrent les travailleurs migrants comme une ressource nécessaire dans leur pays face au déclin des taux de fécondité et au vieillissement de la population. Ce chiffre est issu d’une étude menée récemment auprès de mille personnes par le Centre asiatique de l’Université nationale de Séoul, selon une information publiée le 16 janvier par le journal Korea Joongang Daily. Seuls environ 37,3 % des répondants ont contesté la nécessité d’accueillir des travailleurs migrants dans le pays.

Yoon In-jin, professeur de sociologie à l’université de Corée, souligne que les nations comme la Corée du Sud cherchent de plus en plus à attirer des travailleurs migrants qualifiés pour compenser le manque de personnel dans leur région. « Ces pays tentent de faire en sorte qu’une main-d’œuvre puisse travailler dans des secteurs industriels qui sont souvent évités par les locaux, et que des professionnels hautement qualifiés et des étudiants étrangers s’engagent dans les industries fondées sur les savoirs et la connaissance », explique-t-il.

L’universitaire cite des exemples comme le Japon, la Chine et l’Australie, qui font également venir, comme la Corée, davantage de travailleurs étrangers par différents processus de visas attractifs. Ainsi, depuis septembre 2022, l’administration du président sud-coréen Yoon Suk-yeol a entraîné différents changements vis-à-vis des visas de travail, afin d’accepter plus de travailleurs migrants dans le pays. Pour 2023, le ministère de l’Emploi et du Travail a augmenté le quota de visas « E-9 » concernant les catégories d’emploi faiblement qualifiés de 59 000 à 69 000.

De son côté, Yoon In-jin estime que les différences culturelles et les conditions socio-économiques dans le pays sont des préoccupations majeures pour le gouvernement, qui cherche à assurer que les travailleurs migrants et les Coréens trouvent des façons de vivre ensemble paisiblement. « Cela devient de plus en plus important de trouver des manières d’harmoniser les relations entre des origines culturelles très diverses », souligne-t-il.

La Corée du Sud a perdu 91 000 habitants entre 2020 et 2021

L’étude a également tenu compte des questions liées aux conséquences des travailleurs migrants sur l’harmonie sociétale et l’employabilité dans le pays. Parmi les répondants, 49,6 % ont rejeté la possibilité de tensions sociales due à l’augmentation du nombre de travailleurs étrangers, tandis que 43,1 % pensaient le contraire.

Interrogés sur la réduction éventuelle de l’employabilité des citoyens coréens à cause de la venue de migrants, 53,9 % ont exprimé leur désaccord, contre 40,4 % qui ont estimé que les Coréens pourraient rencontrer des difficultés à l’embauche pour cette raison. Le taux de chômage en Corée du Sud est passé de 3,9 % en 2020 à 3,6 % en 2021 selon les chiffres de la Banque mondiale.

Selon le Bureau national coréen des statistiques, le nombre de travailleurs migrants dans le pays en 2022 était de 843 000, contre environ 900 000 en 2015-2016. La baisse est attribuée à la pandémie de Covid-19.

Par ailleurs, la Corée du Sud a enregistré une baisse sans précédent des naissances vivantes et un vieillissement de plus en plus important de la population. Les dernières données du Bureau des statistiques indiquent que le pays a compté seulement 20 658 naissances vivantes en octobre 2022, le plus bas niveau enregistré, soit une baisse de 0,4 % par rapport à octobre 2021 (20 749 naissances).

Selon l’agence coréenne, la population sud-coréenne était de 51,74 millions d’habitants en octobre 2021, soit une baisse de 0,2 % (91 000 personnes en moins) par rapport à 2020. La proportion d’habitants âgés de 65 ans et plus dans le pays devrait continuer d’augmenter de 17,5 % en 2022 à 46,4 % en 2070, selon les estimations.

(Avec Ucanews)