Eglises d'Asie

La Cour Suprême demande au gouvernement indien de protéger les victimes des violences au Manipur

Publié le 13/07/2023




Alors que le Premier ministre Narendra Modi est l’invité d’honneur du défilé du 14 juillet à Paris, auquel participera un contingent de l’armée indienne, le dirigeant indien est vivement critiqué dans son pays pour sa gestion des violences qui se poursuivent depuis plus de deux mois dans l’État du Manipur, dans le nord-est de l’Inde. Les violences interethniques et religieuses ont causé à ce jour plus de 115 décès et 40 000 déplacés. Le 11 juillet, la Cour Suprême a demandé aux autorités de protéger les habitants.

Des manifestants et des organisations chrétiennes demandent de restaurer la paix au Manipur, lors d’un événement organisé le 24 juin à New Delhi.

La Cour Suprême indienne a ordonné aux autorités fédérales et au gouvernement de l’État du Manipur, dans le nord-est de l’Inde, de protéger les habitants de la région, où les autorités ont échoué à mettre fin aux violences interethniques et religieuses depuis plus de deux mois.

Cependant, dans son ordre publié le 11 juillet, la Cour n’a pas spécifiquement demandé au gouvernement fédéral de déployer l’armée indienne afin d’assurer la sécurité de l’ethnie Kuki, majoritairement chrétienne, victime des violences de la communauté Meitei, majoritairement hindoue. La Cour a seulement demandé aux autorités locales et fédérales « d’assurer que des dispositions soient prises pour protéger les vies des citoyens du Manipur ».

Les violences ont débuté le 3 mai et ont causé à ce jour plus de 115 décès. Près de 40 000 personnes ont été déplacées et vivent toujours dans près de 300 camps d’urgence. Des émeutes ont éclaté après une attaque contre des membres de l’ethnie Kuki, qui protestaient contre une décision d’accorder à la majorité Meitei (53 % des habitants au Manipur) d’être incluse dans la liste officielle des « tribus répertoriées ». Cette désignation est réservée aux groupes ethniques jugés défavorisés et isolés, et la minorité indigène Kuki (40 % de la population locale) s’y est vivement opposé.

Les autorités pro-hindoues accusées de permettre les attaques implicitement

Dans la région, les tensions sont toujours d’actualité alors que les violences et les hostilités se poursuivent de manière sporadique dans différentes zones de l’État. L’avocat Colin Gonsalves, directeur de l’ONG Human Rights Law Network, a déposé une pétition auprès de la Cour Suprême au nom du Manipur Tribal Forum, afin de demander un déploiement militaire au Manipur afin de protéger les Kukis. Dans sa pétition, il a dénoncé l’échec des autorités locales et du gouvernement fédéral à assurer la protection des habitants, face à la poursuite des violences.

De son côté, Dhananjaya Chandrachud, juge en chef de la Cour Suprême, a signalé qu’en 70 ans d’existence, la Cour n’a jamais ordonné à l’armée de faire quoi que ce soit. « Le plus grand symbole de la démocratie est le contrôle civil sur les forces armées. Ne brisons pas cela », a-t-il insisté, en ajoutant que la décision du déploiement de l’armée et des forces paramilitaires « doit être laissée aux gouvernements locaux et fédéraux ». Dans son verdict publié le 11 juillet, la Cour Suprême a cependant demandé aux responsables politiques d’éviter tout discours de haine.

Les responsables chrétiens au Manipur ont quant à eux accusé les autorités locales et fédérales – dirigées par le BJP (Bharatiya Janata Party), le parti pro-hindou du Premier ministre Narendra Modi – de permettre implicitement les attaques hindoues contre les chrétiens.

Par ailleurs, un forum national d’étudiants indigènes (Zomi Students Federation of India) a soumis 13 suggestions à la Cour Suprême dans le but de restaurer la paix au Manipur. Les membres du forum demandent notamment d’identifier les corps non réclamés et d’assurer qu’ils bénéficient de rites funéraires, de régler le problème de manque de soignants, de médicaments et autre matériel médical, et enfin d’aider les élèves à accéder aux cours, alors que des écoles ont été transformées en camps d’urgence. Le gouvernement du Manipur aurait accepté d’étudier plusieurs de leurs demandes.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Bijay Kumar Minj / Ucanews