Eglises d'Asie

La crise du coronavirus risque de menacer la croissance chinoise et l’économie mondiale

Publié le 04/02/2020




Le 30 janvier, Kristalina Georgieva, directrice des opérations du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré qu’à ce jour, il serait « irresponsable de spéculer » sur les conséquences possibles de l’épidémie du coronavirus 2019-nCov sur la croissance chinoise et sur l’économie mondiale. Ainsi, en 2002-2003, suite à l’épidémie du coronavirus Sras, la croissance chinoise s’était ralentie à court terme avant de se réajuster, dans un contexte économique florissant. Mais aujourd’hui, après plusieurs années de ralentissement économique, les analystes estiment que la crise pourrait toucher la consommation, le tourisme et les investissements privés.

Parmi les mesures imposées par Pékin contre l’épidémie du coronavirus chinois, on compte les nombreux vols annulés, les transports en commun interrompus, les voyages organisés supprimés, la fermeture temporaire des commerces et la mise en quarantaine de près de 50 millions d’habitants de la province de Hubei, où le virus a été découvert en décembre. La capitale de la province, Wuhan, fait partie des principaux moteurs de la croissance économique chinoise – estimée à 6,1 % par Pékin cette année, soit le taux le plus bas depuis trente ans. Avant le début de la crise, les autorités de Wuhan prévoyaient un taux de croissance de plus de 7,8 % pour cette année. La mégalopole de 11 millions d’habitants génère chaque année un chiffre d’affaires de 214 milliards de dollars US, soit environ 1,6 % du PIB chinois. Située dans une région centrale du pays, Wuhan est un centre vital pour les secteurs logistiques, automobiles et sidérurgiques chinois. Ce jeudi 30 janvier, Kristalina Georgieva, directrice des opérations du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré qu’à ce jour, « il serait irresponsable de spéculer sur ce qu’il pourrait se passer » pour l’économie chinoise, frappée elle aussi par la crise du coronavirus. L’économiste évoque l’épidémie du Sras, en 2002-2003, qui avait ralenti la croissance à court terme, avant que l’économie se réajuste. Toutefois, cette crise s’était produite à une époque où l’économie chinoise était encore en plein boum. Tandis que la crise actuelle survient alors que les autorités chinoises constatent un ralentissement, dû en partie aux tensions commerciales avec les États-Unis. Les économistes tentent quant à eux d’estimer l’impact que la crise peut avoir sur le PIB chinois.

Croissance, production industrielle et investissements

Les analystes du groupe UBS, du groupe Nomura ou de la banque Barclays étudient actuellement les archives liées à l’épidémie du Sras en 2003 afin d’identifier des évolutions possibles. Selon Barclays, l’indice de confiance des consommateurs et la consommation seront affectés, ce qui devrait entraîner un ralentissement de 0,1 % à 0,2 % de la croissance chinoise au cours du premier ou du second trimestre. Pour l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P), si les dépenses dans des domaines comme les transports et les divertissements chutent de 10 %, le taux de croissance économique moyen de la Chine pourrait baisser d’environ 1,2 %. Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer tout l’impact de la situation sur l’économie chinoise, il est clair que le coronavirus a déjà touché durement la consommation et le tourisme. Selon les analystes, l’épidémie menace également de fragiliser l’économie mondiale, qui attend encore les bénéfices de la première phase de l’accord commercial entre Pékin et Washington et les signes d’un redressement du secteur technologique. En Chine, la production industrielle risque également d’être impactée – alors que la crise est survenue au moment où les usines se préparaient à tourner à plein régime pour le Nouvel an lunaire –, ainsi que les investissements privés.

Ceci risque d’affecter les secteurs économiques qui dépendent de la demande chinoise, notamment les pays voisins en Asie et les exportateurs de produits de base, qui devraient en souffrir le plus. De leur côté, les multinationales leurs employés des usines situées dans les régions touchées par l’épidémie. De même, de nombreux propriétaires des parcs de loisirs, de cinémas, de commerces ou de chaînes de restaurants ont limité voire suspendu leurs opérations pour protéger leurs employés. Les conséquences économiques de la crise devraient également toucher d’autres pays. Ainsi, la Chine a annulé les programmes touristiques étrangers. Par ailleurs, les retards dans la reprise des affaires après les congés du Nouvel an chinois ont également touché la demande d’importations. Hong-Kong, la Thaïlande, le Vietnam, Singapour et les Philippines sont les plus exposés, étant donné leur dépendance envers les touristes chinois et la grande part du tourisme dans leur PIB. Selon les chiffres de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les touristes chinois dépendent près de 258 milliards de dollars par an, soit presque le double par rapport aux touristes américains.

(Avec Asianews, Pékin)


CRÉDITS

Chinanews.com / China News Service