Eglises d'Asie

La dépréciation du peso philippin affecte les plus défavorisés alerte Mgr Mercado

Publié le 23/09/2022




Le 20 septembre, Mgr Jesse Mercado, président de la Commission pour la population et le développement de la Conférence épiscopale philippine a signalé que la dépréciation actuelle de la monnaie locale, le peso philippin, affecte de plus en plus les populations les plus défavorisées, touchées par la hausse des prix des transports et des produits de base. Selon Mgr Mercado, 23,7 % de la population locale vivait déjà sous le seuil national de pauvreté en 2021, selon des chiffres de la Banque de développement asiatique (ADB).

Les coûts de l’alimentation et des transports ont augmenté avec une dépréciation du peso philippin, alertent les responsables catholiques du pays.

Selon les responsables catholiques philippins, les habitants les plus défavorisés de l’archipel sont durement affectés par une dépréciation rapide et sans précédent du peso philippin, qui entraîne une hausse exponentielle du coût des produits de base. La monnaie locale a commencé à chuter rapidement en juillet, alors qu’on comptait environ 55 pesos pour un dollar US (contre 57,7 au 20 septembre).

« Les familles aisées ont des sources de revenus variées, leurs revenus ne viennent pas d’un seul employeur comme les familles pauvres en général. Donc elles ont d’autres moyens de faire face aux conséquences de la montée des prix des carburants et des produits de base », estime Mgr Jesse Mercado, président de la Commission pour la population et le développement de la Conférence épiscopale philippine.

Selon des économistes, la situation a été provoquée par une hausse des importations et une baisse des exportations, par un ralentissement de la demande chinoise et par un accroissement du déficit commercial. Selon Mgr Mercado, 23,7 % de la population philippine vivait déjà sous le seuil national de pauvreté en 2021, selon des chiffres publiés par la Banque de développement asiatique (ADB), et la situation s’aggrave.

L’un des indicateurs de cette situation est aussi le nombre de bébés qui sont nés et qui ont dépassé l’âge de cinq ans, a poursuivi l’évêque sur Radio Veritas le 20 septembre, interrogé par l’antenne catholique. « Pour mille enfants nés dans ce pays en 2020, 26 sont décédés avant leur cinquième anniversaire. Cela montre qu’il y a encore beaucoup des nôtres qui n’ont pas pu maintenir en vie leurs enfants à cause de leur misère. »

« Qui peut soutenir toute une famille avec moins de dix dollars par jour ? »

Le père Rowan Regaldo, chef du service social de l’agence Caritas du diocèse de Daet, ajoute que même si la dépréciation actuelle du peso peut sembler insignifiante, elle frappe lourdement les plus pauvres. « Les riches ne sentent peut-être pas les effets de la montée du carburant qui n’est que de deux pesos, mais pour les plus démunis, c’est beaucoup. Cela représente un repas pour une famille locale dans nos paroisses », explique le prêtre.

Les produits alimentaires et le coût des transports ont augmenté, ce qui rend la vie difficile pour ceux qui sont en bas de l’échelle sociale. Les autorités philippines ont approuvé l’augmentation des tarifs pour les chauffeurs de jeepneys et tricycles, à compter du 3 octobre, afin de pallier la hausse des prix du carburant. Par ailleurs, les prix des produits comme le riz, la farine, le pain et les céréales ont augmenté de 2 à 8 % en août, tandis que les prix du lait, du fromage et des œufs ont augmenté de 6 à 19 %. Les prix des produits comme le sucre, les confiseries, les pâtisseries et desserts ont augmenté de 26 %, selon l’Autorité statistique philippine.

L’inflation alimentaire, qui était de 6,5 % en août, devrait être de 7,5 % d’ici fin septembre, selon les experts. La production alimentaire a un coût, et afin d’aider le secteur agricole à continuer de produire, le pays importe en masse des engrais et des aliments pour les bêtes et les poissons, les ressources locales restant trop limitées. Malgré la dépréciation de la monnaie, le gouvernement n’a pas augmenté le revenu minimum journalier, qui est toujours de 537 pesos (9,31 euros) depuis 2019. « Étant donné que le taux de change est passé à 57 pesos le dollar, le revenu minimum devrait refléter cela. Avec les coûts des transports et des marchandises qui ont augmenté, qui peut soutenir toute une famille avec moins de dix dollars par jour ? », demande le père Regaldo.

Gloria Beltran, une femme de ménage, explique qu’elle gagne le salaire minimum journalier mais elle assure que « ce n’est pas suffisant pour soutenir mes enfants qui étudient ». « Deux d’entre eux sont à l’université et un d’entre eux s’apprête à finir le lycée », précise-t-elle. De son côté, Nykol Villadolid, qui travaille comme concierge dans une école et qui touche aussi le revenu minimum, confie que « la vie est devenue plus dure ». « J’ai plus d’emprunts qu’avant. J’ai besoin de ces emprunts parce que pour moi, c’est la seule façon de survivre. »

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Eloisa Lopez / Ucanews