Eglises d'Asie

La deuxième Journée des chrétiens indiens célébrée à l’occasion du 1950e anniversaire du martyre de saint Thomas

Publié le 05/07/2022




Ce dimanche 3 juillet a eu lieu la deuxième Journée nationale des chrétiens indiens, instituée en 2021 afin de souligner que le christianisme n’est pas une religion étrangère en Inde. Cette année, en effet, cette date correspond au 1950e anniversaire du martyre de l’apôtre saint Thomas, qui selon la tradition, est arrivé en Inde en 52 après J-C. et mort en martyr à Chennai en 72. « Le christianisme en Inde est aussi ancien que n’importe quelle autre religion », souligne le père Devasagaya Raj M. Zackarias, ancien secrétaire national de la Commission épiscopale pour les castes défavorisées.

En mars 2018 lors du Jeudi Saint dans l’État du Kerala, dans le sud de l’Inde. Ce dimanche 3 juillet, le pays a célébré la deuxième Journée des chrétiens indiens.

Depuis l’an dernier, en Inde, les chrétiens de toutes confessions célèbrent le 3 juillet comme la Journée des chrétiens indiens (Yeshu Bhakti Divas). Cette année, l’évènement est particulièrement significatif alors que cette date marque le 1950e anniversaire du martyre de l’apôtre saint Thomas, disciple de Jésus, qui selon la tradition, est arrivé en Inde en 52 après J-C. et mort en martyr à Chennai en 72.

Mgr Anthony Poola, archevêque d’Hyderabad, un évêque d’origine Dalit (intouchable) qui sera créé cardinal par le pape François lors du consistoire du 27 août, a expliqué le sens de cet anniversaire dans un message vidéo. « Plusieurs millions de chrétiens indiens, disciples de Jésus-Christ, célèbrent ce jubilé », a-t-il souligné. « C’est une commémoration annuelle par les fidèles indiens afin de célébrer la personne et le message de Jésus, qui a été annoncé en Inde en 52 après J-C. par l’un des douze, saint Thomas, l’apôtre de l’Inde », a-t-il rappelé.

« Ce message est pour nous, afin de proclamer, comme lui, avec courage, avec une ferveur et une force renouvelées, le message puissant du Christ. Que cette journée du 3 juillet et que chaque jour de notre vie devienne un vrai témoignage de l’amour du Christ », a-t-il poursuivi. « Au nom de l’archidiocèse d’Hyderabad, je vous souhaite à tous la paix, le bonheur, l’unité, la prospérité et la santé. Que saint Thomas l’Apôtre nous aide à rester fermes dans la foi. Que Dieu vous bénisse tous. »

 

Écarter les idées fausses et renforcer les racines culturelles et historiques

La Journée des chrétiens indiens, célébrée en 2021 d’après une idée exprimée par des membres de différentes Églises locales, a également pour but de souligner le fait que le christianisme n’est pas une religion étrangère en Inde. « Cette célébration est une idée née du besoin d’écarter toute idée fausse sur le christianisme en Inde, comme quoi ce serait une religion européenne, et également de la nécessité de renforcer nos racines culturelles et historiques en Inde », confie le père Babu Joseph (SVD).

Pour l’ancien porte-parole de la Conférence épiscopale indienne (CBCI), ce n’est pas qu’une question de fierté dans les racines des communautés chrétiennes indiennes. « C’est d’autant plus important dans le contexte sociopolitique actuel où des récits confus et inexacts sur la communauté chrétienne sont véhiculés sur le devant de la scène par les médias. Le public a le droit de savoir la vérité, et c’est un humble effort que nous faisons pour nous faire connaître pour les bonnes raisons », insiste-t-il.

« C’est pourquoi nous avons eu l’idée de célébrer cette journée nationale des chrétiens indiens. Nous avons voulu souligner que nous faisons partie intégrante de ce grand pays et que nos services sont toujours faits pour soutenir nos frères et sœurs. L’Inde, ‘Jai Bharat’, est un ‘melting pot’ » qui mélange différentes fois et cultures, ajoute-t-il. « Par exemple, les habitudes alimentaires des chrétiens syriaques du Kerala, leurs vêtements, leurs festivals et leurs célébrations ont absorbé des aspects hindous. De même, les chrétiens indigènes ont accepté la foi chrétienne tout en continuant de vivre leur culture. L’architecture de certaines églises et de certains sanctuaires, et quelques rituels associés à la naissance, au mariage et à la mort, sont également en phase avec des coutumes hindoues. »

« Le christianisme en Inde est aussi ancien que n’importe quelle autre religion »

La journée du 3 juillet est aussi une occasion de méditer sur l’histoire du christianisme en Inde et sur les blessures qui doivent encore être soignées, selon le père Devasagaya Raj M. Zackarias, ancien secrétaire national de la Commission épiscopale pour les castes défavorisées.

« Le christianisme en Inde est aussi ancien que n’importe quelle autre religion », tient-il à rappeler. « Il a débuté ici dès 52 après J-C. quand saint Thomas est arrivé dans le pays. Malheureusement, il est resté dans les soi-disant castes supérieures et n’a jamais atteint les castes inférieures et les Dalits. Ce n’est qu’après l’arrivée des missionnaires européens au XVIe siècle qu’il s’est effectivement répandu parmi ces communautés. Les missionnaires jésuites en Inde se sont eux-mêmes divisés entre ‘Brahmana Sanyasis’ [pour servir les chrétiens des castes supérieures] et les ‘Pandara Samigal’ [pour les castes inférieures] », raconte-t-il.

« Cette division est toujours actuelle aujourd’hui dans les églises au Tamil Nadu. Il y a deux cimetières et deux églises, et dans beaucoup de paroisses, les Dalits ne peuvent pas être servants d’autel ou membres de la chorale. Et les processions ne passent pas dans les rues où vivent les Dalits », déplore-t-il.

Pourtant, pour Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, la Journée des chrétiens indiens est pour tous. « Nous autres, chrétiens indigènes, sommes des disciples de Jésus, nous lui sommes fidèles et nous l’aimons. Le christianisme n’est pas quelque chose d’étranger aux personnes et communautés tribales. Nous vivons les valeurs évangéliques dans notre vie quotidienne. L’Église indigène célèbre cette journée avec gratitude pour le don reçu de la foi », assure-t-il. « Je suis de la tribu Oraon et je crois au Dieu très haut qui est tout-puissant », explique-t-il. « Notre culture indigène ne peut pas être séparée de notre foi. Les deux sont étroitement liés. »

(Avec Asianews)


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