Eglises d'Asie – Inde
Les pêcheurs Kolis de Mumbai soutenus au quotidien grâce à la foi
Publié le 26/10/2019

Influence portugaise
L’arrivée des Portugais à Mumbai au XVIe siècle a entraîné la conversion de beaucoup de Kolis. Ainsi, le village de Michael compte plus de catholiques que d’hindous. À leur retour de pêche, dans l’après-midi, Michael et ses amis pêcheurs, Johnson Patil et Richard Koli, ont l’habitude de réparer leurs filets ensemble. Le soleil frappe le toit de tôle de leur cabane, qui devient vite une fournaise. « Avant de jeter nos filets à la mer, nous prions tous le chapelet ou d’autres prières », explique Johnson, alors qu’il cherche à démêler le filet, les yeux fixés sur sa tâche. « Nous allons à l’église tous les dimanches, et nous considérons le prêtre un peu comme notre ange gardien », ajoute-t-il, précisant qu’ils le consultent quand ils ont un problème. En général, les pêcheurs du village partent en mer par équipes de trois ou quatre. « Depuis cinquante ans, j’ai été en mer pratiquement tous les jours », explique Michael. Selon la taille du filet et la capacité de l’embarcation, ils décident de leur zone de pêche. Certains ne s’éloignent pas de la côte de plus de trois kilomètres, mais d’autres comme Johnson vont au large pour rechercher de plus grosses prises. Aucun d’entre eux ne dispose d’équipements modernes. Pour se situer en mer, ils doivent se contenter de leur propre expérience. Michel assure que la mer le rend spirituel. Quand il pêche, il a l’habitude de prier et de chanter « Alleluia », et d’asperger le filet d’eau bénite avant de le jeter à la mer en ajoutant « louez le Seigneur », accompagné par ses camarades pourtant non catholiques comme Dinesh Koli. Michel, proche du renouveau charismatique, explique que son passage biblique favori est Jean 21 : « Parfois, quand j’attends une prise pendant des heures, je raconte ce passage à mes collègues », confie Michael. Dinesh le confirme : « Oui, je connais bien la mer de Galilée. Je connais aussi l’histoire de Jésus demandant à ses disciples de jeter leur filet à droite de leur barque. Parfois, c’est d’ailleurs ce que nous faisons, par habitude, comme Michael le fait depuis des années. » « Mais nous ne nous jetons pas à la mer comme l’a fait Simon Pierre », plaisante Michael. Les jours de bonne pêche, ils restent parfois jusqu’au soir. Ils ne mangent qu’une fois rentrés. En mer, ils se contentent de thé et de biscuits, et ce que Michael appelle la « bénédiction du Seigneur ». Alors que le soleil se couche, Michael explique que ce n’était pas une bonne journée. « La pêche n’était pas très bonne. Ce n’est même pas suffisant pour payer les frais de carburant », commente-t-il, sans un seul signe d’abattement. La prise du jour a été vendue 300 roupies (3,80 euros). « Mais Dieu prend soin de nous. Si aujourd’hui nous n’avons pas beaucoup pêché, Il nous récompensera un autre jour » assure Michael.
(Avec Ucanews, Mumbai)
CRÉDITS
Binu Alex / Ucanews
