Eglises d'Asie

La hausse des cas d’abus domestiques contre les plus âgés inquiète les autorités sud-coréennes

Publié le 17/06/2022




Selon un nouveau rapport du ministère sud-coréen de la Santé, les cas d’abus visant des personnes âgées ont augmenté de 20 % en 2019-2020. Selon le rapport, neuf cas sur dix concernent des abus domestiques, allant de violences verbales et physiques à des situations d’isolement affectif. Selon le Service coréen d’information statistique, les Coréens âgés de 65 ans et plus représentent 17,5 % de la population en 2022, sur 51 millions d’habitants. Ce chiffre pourrait atteindre près de 25,5 % d’ici 2030 selon les estimations.

Une femme âgée vend du poisson au marché de Jagalchi, dans les rues de Busan (2015, Corée du Sud).

Selon le dernier rapport du ministère sud-coréen de la Santé et des Affaires Sociales, le nombre de cas de personnes âgées victimes d’abus a augmenté de 20 % en 2019-2020. Un chiffre rapporté par la CPBC (société catholique coréenne de radiodiffusion), qui souligne que la situation suscite l’inquiétude parmi les communautés catholiques locales et les travailleurs sociaux coréens, qui appellent à renforcer le système de protection sociale dans le pays. Le rapport du ministère indique que neuf cas enregistrés sur dix concernent des abus domestiques, allant de violences verbales et physiques à un isolement affectif à cause de la négligence et des fossés intergénérationnels.

Cette tendance est attribuée à la pandémie de Covid-19, au cours de laquelle les personnes âgées coréennes ont été forcées de vivre les périodes de confinement avec les membres de leur famille. Selon le Service coréen d’information statistique, les Coréens âgés de 65 ans et plus représentent 17,5 % de la population en 2022, sur 51 millions d’habitants. Ce chiffre devrait atteindre près de 25,5 % de la population locale d’ici 2030 selon les estimations.

Les difficultés de la société sud-coréenne à faire face au vieillissement de la population sont une cause majeure d’abus, explique sœur Park Jin-ri une religieuse catholique qui dirige un centre d’accueil pour les personnes âgées à Séoul. « Notre société vieillit rapidement, mais la société dans son ensemble ne parvient pas à suivre, ce qui cause de nombreux problèmes. Les coutumes sociales changent également. Autrefois, il était naturel que les enfants s’occupent de leurs parents, mais la situation n’est pas la même aujourd’hui », poursuit-elle. « Entre le vieillissement de la population et l’augmentation du coût de la vie, les familles sont poussées à bout. Cela provoque des conflits et des abus. »

Soondool Chung, qui enseigne les Affaires sociales à l’université d’Ewha Womans, remarque que d’un point de vue économique, beaucoup de gens voient les plus âgées comme un poids. Ce phénomène, confie-t-elle, exige de sensibiliser la population afin d’aider à créer des ponts entre les générations. « Je pense que nous avons besoin d’éduquer afin de permettre aux gens de mieux se comprendre entre générations. »

Des cas d’abus ont également été signalés dans des établissements médicaux et des maisons de retraite. Selon le parlementaire sud-coréen Kim Won-i, on y a rapporté 238 cas d’abus en 2016, 327 en 2017, 380 en 2018, 486 en 2019 et 377 entre janvier et août 2020. Près de 87 % de ces affaires sont survenues dans des établissements réservés aux personnes âgées atteintes de handicaps physiques ou mentaux.

Un faible taux de natalité et une pauvreté relative élevée chez les plus âgés

Cette situation s’ajoute au fait que la Corée du Sud, malgré son statut de quatrième puissance économique en Asie, détient le taux de pauvreté relative chez les personnes âgées le plus élevé des pays développés (43,4 %). Cette pauvreté est attribuée aux cas de dépression, de décès isolés et de suicides chez les Sud-coréens âgés. L’agence signale également que le taux de dépendance des plus de 65 ans risque d’augmenter de 26,2 % en 2022 à 34,6 % en 2030. Les chiffres officiels publiés en décembre dernier montrent que la Corée du Sud compte un des taux de natalité les plus bas au monde (0,84 enfant par femme), et que la croissance de la population locale a diminué pour la première fois (de 1,49 % en 2010 à 0,05 % en 2019).

Le gouvernement gère différents programmes d’aides afin de fournir notamment une aide au logement aux plus âgés. Des services privés comme des maisons de retraite sont également dirigés par l’Église catholique locale. Toutefois, les services sociaux du pays appellent à créer un programme global impliquant à la fois les initiatives publiques et privées. Ils estiment également qu’il est nécessaire de désigner explicitement la situation comme un problème social.

« Il y a une tendance courante, au sein de la société, à fermer les yeux devant les abus visant les personnes âgées et en les considérant comme des problèmes familiaux. C’est quelque chose qui doit faire réfléchir toute la société. Quand il y a des abus, il faut le signaler et recourir à des aides professionnelles », insiste sœur Park. De plus, pour la religieuse, il faut absolument éduquer et former les plus jeunes et les plus âgés sur les questions des droits de l’homme, y compris l’usage d’un langage respectueux. « Nous devons lancer plus de programmes afin d’assurer une meilleure intégration des jeunes et des plus âgés. »

(Avec Ucanews)