Eglises d'Asie – Taiwan
La hausse des commandes chinoises de puces électroniques complique les scénarios d’invasion
Publié le 29/04/2022
La Chine est de plus en plus dépendante des puces électroniques taïwanaises, ce qui complique d’éventuels projets d’invasion de l’île, considérée par Pékin comme une province rebelle. Une étude, publiée le 25 avril par la Fédération des industries (sud) coréennes (FKI), montre que la Chine a augmenté ses commandes de semi-conducteurs taïwanais entre 2018 et 2021, après des sanctions américaines contre deux géants de la hi-tech chinoise, Huawei et SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corporation). Durant cette période, les achats chinois ont augmenté de 4,4 % ; de plus, FKI a enregistré une hausse de 57 % des commandes totales de puces électroniques taïwanaises.
La Chine n’a jamais complètement écarté l’option d’une invasion militaire à Taïwan. Depuis 1949, l’île a formé de facto un État séparé de la Chine continentale, quand les forces nationalistes Kuomintang de Chiang Kai-shek ont fui la Chine après avoir perdu la guerre civile contre les communistes. Ce dernier a alors conservé le nom de « République de Chine » pris en 1912. Selon plusieurs experts, la prise de contrôle de l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs pourrait être un des objectifs derrière une attaque chinoise. En fait, si les importations chinoises depuis Taïwan continuent d’augmenter, Pékin pourrait envisager d’accélérer ses plans.
Toutefois, comme le montre le conflit en Ukraine, une guerre dans le détroit de Taïwan risquerait d’affecter la chaîne logistique, alors que des bombardements chinois pourraient frapper des usines taïwanaises et endommager la production de puces électroniques. Face à la menace militaire chinoise, le ministère taïwanais de la Défense a annoncé, le 27 avril, que les exercices militaires traditionnels annuels Han Kuang (Gloire de Han) s’efforceront de se concentrer sur les leçons tirées de l’invasion russe en Ukraine.
En cas d’invasion, les troupes chinoises feraient face à des obstacles majeurs
Les forces armées taïwanaises ont expliqué vouloir continuer, avec ces exercices, d’améliorer leurs capacités en matière de guerre asymétrique, de guerre cognitive, de guerre électronique et de force de réserve. Des analystes remarquent qu’en cas d’invasion, les troupes chinoises pourraient faire face à des obstacles majeurs, en particulier en matière logistique, similaires aux difficultés rencontrées par les Russes en Ukraine.
Par ailleurs, comme pour démentir ceux qui craignent que la crise ukrainienne ait détourné l’attention des États-Unis du Pacifique occidental, le destroyer USS Sampson s’est dirigé vers le détroit de Taïwan ce mardi – une opération qui provoquera certainement de vives réactions de la part du ministère chinois des Affaires étrangères. Le vaisseau américain fait partie du groupe aéronaval USS Abraham Lincoln Carrier Strike Group, situé actuellement dans la mer des Philippines.
C’est la seconde fois cette année qu’un navire de guerre américain traverse les eaux séparant Taïwan de la Chine (la première fois remontait au 26 février dernier avec le destroyer USS Ralph Johnson). Dans le cadre du Taiwan Relations Act, les États-Unis se sont engagés à défendre Taïwan, principalement avec un approvisionnement militaire. La loi, adoptée en 1979 après la reconnaissance diplomatique officielle de la Chine communiste, ne précise pas la nature exacte de l’engagement des États-Unis. Une telle ambiguïté stratégique continue de générer des tensions avec le gouvernement chinois.
(Avec Asianews)