Eglises d'Asie

La hausse des prix du pétrole entraîne une crise des transports aux Philippines

Publié le 11/03/2022




Depuis janvier, le prix du diesel a grimpé de 17,50 pesos (30 centimes d’euro) dans l’archipel – une situation qui affecte fortement les transports publics aux Philippines. Carlos Halaan, chauffeur de « jeepney » à Manille, signale qu’ils ne sont pas autorisés à augmenter leurs tarifs, sans compter un nombre de passagers toujours limité en raison des restrictions sanitaires. « Mais les plus démunis sont ceux qui souffriront le plus », souligne le père Emman Afable, du diocèse de Sorsogon.

Un chauffeur de « jeepney » à Manille. Les transports publics philippins subissent les conséquences de la montée des prix du pétrole.

Les chauffeurs de « jeepneys », des jeeps abandonnées par l’armée américaine après la Seconde Guerre mondiale et utilisées comme moyen de transport par de nombreux Philippins, ont appelé le gouvernement à réduire les taxes ou à les autoriser à augmenter leurs tarifs contre la montée exponentielle des prix du carburant. Piston, une organisation de chauffeurs de « jeepneys » et d’opérateurs, a déclaré que les chauffeurs ont besoin d’augmenter leurs tarifs d’un peso par siège afin de compenser les effets de la montée des prix du carburant qui se poursuit depuis janvier.

Le 7 mars, les compagnies pétrolières ont annoncé la plus forte hausse à ce jour, avec le litre de diesel qui a augmenté de 5,85 pesos (10 centimes d’euro), et celui du gazole de 3,60 pesos. Depuis le début de l’année, le prix du diesel a grimpé de 17,50 pesos (30 centimes) le litre, et celui du gazole de 13,25 pesos (23 centimes). Cette augmentation a provoqué une certaine panique parmi les chauffeurs et opérateurs de transports publics, qui subissent toujours les conséquences de la crise sanitaire.

Toutefois, malgré cette situation, le gouvernement n’a pas indiqué être prêt à accorder une augmentation des tarifs pour les chauffeurs. « Cette brutale augmentation des prix est extrêmement inquiétante. Cela risque de nous tuer, parce que les prix du pétrole continuent de grimper mais nous n’augmentons pas nos tarifs. De plus, nous avons un nombre de passagers limité parce que les écoles sont toujours fermées », déplore Carlos Halaan, un chauffeur de Manille. Il dénonce le conflit en Ukraine comme cause majeure de ces augmentations. « Ce n’est que le début de la hausse des prix du pétrole. Mais c’est un des effets de l’invasion de la Russie en Ukraine », ajoute-t-il.

« Une obligation morale envers le peuple »

Les Philippines sont pourtant très éloignées du conflit sur le plan géographique, mais il assure que ses effets économiques sont vraiment ressentis par les Philippins. « La montée des prix du pétrole est toujours suivie par une montée globale des prix dans presque tous les commerces », poursuit-il. Les chauffeurs de « jeepney » ont également appelé le président Rodrigo Duterte et les décideurs à suspendre ou baisser les taxes sur le pétrole. De son côté, le parlementaire Joey Salceda a appelé le président philippin à organiser une session spéciale du Congrès afin de voter la suspension de la taxe d’accise sur les produits pétroliers, et de déclarer un état d’urgence économique national. « C’est une obligation morale envers le peuple », a-t-il confié devant des journalistes, le 8 mars dernier.

Le père Emman Afable, du diocèse de Sorsogon, au sud de Manille, a également appelé le gouvernement philippin à réduire les taxes afin d’éviter une montée des prix de consommation, qui affecterait les plus démunis. « Ceux qui sont dans la classe moyenne peuvent toujours résister. Mais les plus pauvres, dont les salaires sont les plus faibles et qui ont à peine de quoi payer leurs factures, sont ceux qui en souffriront le plus », signale le prêtre. Il craint aussi une hausse des prix des transports publics si le gouvernement refuse de modérer les dernières augmentations des prix du pétrole. « À part protester, quel pourra être le recours de gens ordinaires face à cette situation ? »

(Avec Ucanews)