Eglises d'Asie – Divers Horizons
La liberté religieuse continue de se dégrader en Asie selon le dernier rapport de l’AED
Publié le 28/06/2023
La liberté religieuse a continué de décliner à travers le monde, y compris en Asie où la situation s’est détériorée dans la plupart des régions, selon le dernier rapport de l’AED (Aide à l’Église en Détresse). Selon la fondation internationale, la liberté religieuse est gravement violée dans 62 des 196 pays observés, soit 62,5 % de la population mondiale et 4,9 milliards d’habitants. Le rapport bisannuel, publié depuis 1999 par l’organisation catholique, est le seul document non gouvernemental sur la liberté religieuse mondiale couvrant toutes les confessions, selon le quotidien lusophone Hoje Macau.
Le 22 juin dernier, Regina Lynch, présidente exécutive de l’AED International, a expliqué que ce document est destiné à rassembler des informations et fournir des analyses « sur les violations de ce droit humain fondamental dans le monde ». Le nouveau rapport souligne que depuis janvier 2021, les persécutions ont augmenté « dans un climat d’impunité mondial inédit », en particulier dans le contexte de la pandémie du Covid-19 et de la guerre en Ukraine qui ont « détourné les yeux de la communauté internationale ».
Parmi les régions étudiées, en Asie, « les pouvoirs nationalistes ethnoreligieux instrumentalisent la religion à des fins politiques par le biais de lois anti-conversion et anti-blasphème opprimant les minorités religieuses », selon le rapport. L’Inde, le Pakistan, la Chine, la Malaisie, le Bangladesh, le Sri Lanka et Corée du Nord font partie des pays où ont eu lieu des persécutions, des crimes de haine et des violences à motivation religieuse. Le rapport signale également des discriminations, des crimes de haine et des violences à motivation religieuse au Népal, en Thaïlande, au Laos, au Vietnam et à Singapour.
12 États indiens ont voté ou envisagent de voter des lois anti-conversion
En Chine, la « sinisation » forcée des religions et le contrôle omniprésent de l’État affectent la liberté religieuse pour presque tous les cultes religieux sur le territoire, y compris à Hong-Kong. Le gouvernement chinois « impose à toutes les communautés d’adhérer à l’idéologie du Parti communiste chinois, à ses doctrines et ses enseignements », ce qui entraîne une « répression importante ». Les autorités chinoises utiliseraient des technologies de surveillance de pointe, dont environ 540 caméras de surveillance à travers le pays ainsi que des systèmes de reconnaissance faciale. Le rapport affirme également que la minorité musulmane Ouïghoure continue de subir une grave persécution, avec notamment la fermeture et la destruction de mosquées.
En Inde, les minorités religieuses sont aussi stigmatisées par la politique du parti pro-hindou nationaliste du BJP (Bharatiya Janata Party), en particulier parmi les chrétiens et les musulmans. La situation sociopolitique de plusieurs millions d’entre eux est fortement affectée par des pratiques comme les (re)conversions forcées à l’hindouisme. Par ailleurs, actuellement, 12 États indiens ont voté ou envisagent de voter des lois anti-conversion, souvent instrumentalisées contre les minorités. Le rapport évoque aussi la montée en puissance du parti nationaliste hindou du RPP (Rastriya Prajatantra Party) au Népal.
Au moins 132 églises et bâtiments religieux détruits en Birmanie depuis 2021
La Corée du Nord est désignée comme le pays où est enregistré le plus grand nombre de violations des droits de l’homme et où les groupes religieux subissent également une « persécution extrême ». Le système discriminatoire « Songbun » en vigueur dans le pays catégorise les citoyens selon leur loyauté envers l’État. Les croyants sont automatiquement classés comme « hostiles » et « soumis à une répression importante ».
Au Vietnam, les membres de l’ethnie Hmong et les chrétiens montagnards des hauts plateaux continuent de subir une discrimination systématique, tandis que les chrétiens laotiens ont subi des attaques et une discrimination des autorités locales. Par ailleurs, parmi les pays majoritairement bouddhistes, la situation est particulièrement problématique en Birmanie en raison de la répression de la junte militaire depuis le coup d’État de 2021, avec la destruction d’au moins 132 églises et bâtiments religieux depuis deux ans. Le Sri Lanka a également été affecté par un mouvement nationaliste bouddhiste qui a menacé les communautés musulmanes, hindoues et chrétiennes.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Bijay Kumar Minj / Ucanews