Eglises d'Asie

La lutte contre la tuberculose toujours d’actualité au Vietnam

Publié le 19/10/2019




En 2018, le Vietnam a enregistré 126 000 nouveaux cas de tuberculose et 13 000 décès suite à une infection par voie aérienne. Le pays est le 16e pays au monde le plus affecté par la tuberculose, et le 13e au monde concernant le nombre de patients atteints de tuberculose multirésistante. Selon les médecins, les milieux les plus démunis sont particulièrement vulnérables, surtout étant exposés à des environnements pollués. Dans sa lutte contre la maladie, le Vietnam est confronté à la tuberculose multirésistante et au manque de moyens des patients les plus démunis. Les malades craignent également les discriminations et l’ignorance face à la maladie.

En juin, Tran Thi Hoa, âgée de 40 ans, a été diagnostiquée d’un épanchement pleural causé par une tuberculose multirésistante (ne répondant pas à plusieurs traitements). Depuis, elle est soignée dans un hôpital de Hué, dans le centre de Hué, spécialisé dans la tuberculose et les maladies pulmonaires. Cette mère de deux enfants, le visage décharné et le regard absent, est toujours alitée, respirant avec difficulté. Très affaiblie, elle ne bouge que pour prendre ses médicaments et manger. Elle explique qu’auparavant, elle n’a jamais consulté de médecin ; elle se contentait d’acheter des médicaments sans prescription en pharmacie, chaque fois qu’elle toussait ou qu’elle avait du mal à respirer. « J’ai commencé à souffrir de la tuberculose en 2017, en travaillant dans un environnement pollué », raconte-t-elle sous son masque. Elle a alors dû vendre ses biens et faire les poubelles pour pouvoir survivre. Elle ajoute que même si les patients comme elle ont accès à un traitement gratuit, ils doivent payer certains services supplémentaires. « Nous avons emprunté 15 millions de dongs [583 euros] à nos voisins pour couvrir nos dépenses, et nous n’avons déjà presque plus rien », précise-t-elle. Son mari, qui gagne sa vie comme rémouleur, a dû arrêter de travailler pour s’occuper d’elle à l’hôpital à plein temps. « Les médecins m’ont conseillé de bien manger pour aider mon corps à récupérer, mais je n’ai que du riz et des légumes, parce que nous n’avons pas assez d’argent », ajoute Tran Thi Hoa, qui suit un régime strict supervisé sur vingt mois, avec de multiples prises de médicaments au quotidien. « J’espère guérir bientôt pour pouvoir retourner travailler, mais j’ai aussi peur que mes voisins apprennent ma maladie et qu’ils m’évitent », avoue-t-elle doucement.

« Beaucoup de patients doivent cacher leur maladie »

Selon les experts, en 2018, le Vietnam a enregistré 126 000 nouveaux cas de tuberculose, et 13 000 décès suite à une infection par voie aérienne. Le Vietnam est le 16e pays au monde le plus affecté par la tuberculose, et le 13e au monde concernant le nombre de patients atteints de tuberculose multirésistante. Selon les médecins, la tuberculose touche particulièrement les milieux les plus pauvres et les environnements pollués. Près de 20 % des patients sont atteints sans le savoir, et risquent de transmettre la maladie autour d’eux. D’autres survivent avec de petits revenus et ne savent pas comment se prémunir de la maladie. Le Dr Nguyen Van Cuong, un spécialiste de la tuberculose basé à Hué, affirme que le risque de transmission peut être évité et que les nouveaux patients peuvent être soignés – mais seulement si les patients suivent un régime strict sur six mois. Pourtant, il ajoute que l’ignorance amène certains à craindre les patients infectés, jusqu’à les éviter. « Beaucoup de patients doivent cacher leur maladie, parfois jusqu’à renoncer à leur traitement, ce qui ne fait qu’aggraver la propagation de la maladie au sein de leurs communautés. » Plus de 1 200 nouveaux cas de tuberculose sont enregistrés chaque année dans la province de Thu Thien Hue, sur lesquelles 20 à 25 patients souffrent d’une forme multirésistante de tuberculose. Le Dr Van Cuong explique que beaucoup de patients ne parviennent pas à s’en sortir face à la maladie, parce que ce sont les principaux soutiens financiers de leurs familles, qu’ils vivent loin des hôpitaux et qu’ils manquent de moyens financiers pour couvrir les frais de traitement.

Marie Dang Thi Mai, qui a attrapé la tuberculose en 2017 et qui a suivi un régime strict durant six mois à l’hôpital, confie qu’elle est maintenant complètement guérie, mais qu’elle n’ose pas encore en parler autour d’elle par peur de la discrimination. L’étudiante ajoute que sa mère a emprunté de l’argent pour payer son traitement, et qu’elle n’avait pas encore remboursé la dette. Aujourd’hui, sa mère montre elle aussi des signes de tuberculose. « Je suis inquiète d’éventuelles rechutes, parce que je ne suis pas en bonne santé et que je ne mange pas beaucoup de repas complets », avoue l’étudiante. Phan Lanh, de son côté, a attrapé la tuberculose par sa femme, décédée en 2016. Il explique que durant son régime de deux ans à l’hôpital, il a bénéficié de repas gratuits distribués par des religieuses catholiques. Il a également travaillé durant sa convalescence, en vendant des billets de loterie pour pouvoir s’acheter à manger. « Maintenant, je suis guéri mais personne ne me rend visite », ajoute Phan Lanh, 70 ans, qui touche seulement une allocation de 300 000 dongs par mois (12 euros). Originaire du district de Phon Dieng, il explique que durant sa maladie, des catholiques venaient régulièrement le voir en lui apportant de la nourriture, des vêtements et de l’argent. Aujourd’hui, Phan Lanh précise qu’ils prévoient aussi de réparer sa maison.

(Avec Ucanews, Hué)


CRÉDITS

Peter Nguyen / Ucanews