Eglises d'Asie

La pauvreté pousse 28 % des enfants laotiens de 5 à 17 ans à quitter l’école pour travailler

Publié le 11/06/2021




Au Laos, sur 7 millions d’habitants, on compte près de 28 % d’enfants âgés de 5 à 17 ans forcés de quitter l’école pour travailler, selon le nouveau rapport de l’organisation Save the Children, qui classe le pays communiste 143e sur 186 pays. L’ONG explique que la majorité des jeunes concernés vivent dans les régions rurales. Par ailleurs, une majorité d’entre eux sont issus d’une des 49 communautés ethniques vivant dans le pays enclavé et montagneux. Neuf sur dix travaillent dans l’agriculture, la pêche ou l’exploitation forestière.

Une école primaire du district de Pak Lay, dans la province de Xayaburi (Laos).

La pauvreté pousse de nombreux enfants laotiens hors de l’école. Dans le pays communiste d’Asie du Sud-Est, de nombreux mineurs sont forcés de travailler à plein temps pour soutenir leurs familles, selon des experts et des médias locaux. Bien que la loi laotienne interdise en principe d’employer des enfants de moins de 14 ans comme ouvriers, et l’emploi de mineurs de moins de 18 ans pour des travaux dangereux pour leur santé, beaucoup participent à des travaux agricoles, entre autres, selon l’organisation caritative londonienne Save the Children. Dans l’édition 2021 de son Rapport sur l’enfance dans le monde, publié tous les ans, l’organisation classe le Laos 143e sur 186 pays, observés selon huit indicateurs dont le travail des enfants. Sur les quelque 7 millions d’habitants que compte le pays, l’un des plus pauvres d’Asie, beaucoup d’enfants travaillent dans les fermes familiales pour aider leurs parents, selon le rapport annuel.

Selon l’organisation, certains jeunes commencent à travailler avant même d’entrer à l’école primaire. Un peu plus de 28 % des enfants âgés de 5 à 17 ans seraient engagés dans diverses formes de travaux professionnels. Par conséquent, presque un enfant sur quatre est amené à quitter l’école primaire ou le collège pour cette raison. La plupart de ces enfants vivent dans des régions rurales, où près de 80 % de la population laotienne gagne sa vie en faisant pousser du riz et d’autres formes de cultures. Neuf mineurs sur dix travaillent dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche ou de l’exploitation forestière ; 70 % d’entre eux doivent travailler plus de 49 heures par semaine, selon une enquête menée par les autorités laotiennes. « Le travail des enfants concerne surtout les élèves dont les familles sont pauvres et qui n’ont pas assez d’argent pour payer les frais de scolarité. Leurs proches leur font donc quitter l’école, et ils travaillent ensuite dans la ferme familiale ou ils trouvent un travail pour aider leurs parents. Certains mineurs sont également forcés de se marier », selon un enseignant local, cité par l’antenne laotienne de Radio Free Asia.

Les minorités ethniques rurales particulièrement concernées

« Les parents ne comprennent pas que l’éducation est importante pour leurs enfants », ajoute un autre enseignant en école primaire, de la province de Borikhamxay, voisine de la capitale, Vientiane. La plupart des enfants les plus affectés par cette situation appartiennent aux minorités ethniques vivant dans le pays, dont les membres sont particulièrement marginalisés et défavorisés au Laos. Dans ces communautés, beaucoup de jeunes doivent aider leurs parents à faire pousser et à récolter les cultures, tout en s’occupant de leurs plus jeunes frères et sœurs – ce qui les empêche d’aller à l’école. C’est pourquoi beaucoup d’entre eux atteignent l’âge adulte avec très peu d’éducation, ce qui les condamne à une vie de travail précaire et à rester dans la pauvreté, selon l’ONU. Officiellement, le Laos, montagneux et enclavé, compte 49 communautés ethniques différentes, qui représentent environ un tiers de la population. Beaucoup de ces minorités sont chrétiennes et subissent diverses discriminations à cause de leur foi, souvent considérée comme étrangère dans le pays majoritairement bouddhiste. « Les élèves d’école primaire qui sont en CM1 et en CM2 sont souvent amenés à quitter l’école, souvent pour travailler dans les fermes de leurs parents, pour s’occuper de leurs jeunes frères et sœurs à la maison et pour ramasser du bois dans la forêt, même si les écoles ne le permettent pas », explique un responsable du ministère de l’éducation de la province de Sekong, dans le sud du pays (l’une des régions les plus pauvres du Laos).

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Radio Free Asia