Eglises d'Asie – Japon
La préfecture de Kyoto propose des espaces virtuels pour aider les reclus sociaux à réintégrer la société
Publié le 29/04/2023
Le gouvernement de la préfecture de Kyoto a lancé un programme en ligne afin d’aider les hikikomori (littéralement « se replier », « s’enfermer »), des Japonais vivant comme des reclus sociaux, à établir à nouveau des liens avec les autres et à se réintégrer dans la société. Dans cet objectif, selon The Mainichi, le gouvernement local organise des forums en ligne depuis juin 2022. Ces programmes virtuels comprennent des mises en relation, un accompagnement et des opportunités d’emplois à distance.
Au Japon, face à l’isolement social des hikikomori, les gouvernements locaux et de nombreuses entreprises privées leur proposent des activités associatives spéciales et des forums virtuels basés sur leurs intérêts communs. « Les reclus sociaux peuvent participer facilement à distance, même s’ils hésitent à se rendre en personne dans les locaux de la préfecture », confie Yoshimi Kimura, un responsable du département du soutien familial du gouvernement de Kyoto.
L’espace virtuel lancé par le service compte un petit groupe de participants âgés de la préadolescence à la quarantaine. Le programme en ligne, créé et géré par la préfecture, peut être accessible depuis leur domicile. Les utilisateurs peuvent utiliser les forums sans révéler leur véritable identité ou même sans montrer leur visage. Les espaces de discussion utilisent des avatars virtuels, et les participants peuvent choisir différents sujets comme leur nourriture préférée ou la météo de leur région.
Parmi les participants au forum, on compte également des professionnels qui suivent les discussions et qui accompagnent les utilisateurs, en regardant ensemble des vidéos gaming sur YouTube et en échangeant avec eux. « Parfois, des conversations informelles peuvent révéler des problèmes plus profonds qu’ils n’aborderaient pas facilement avec les autres », confie un autre responsable anonyme.
Une enquête de 2017, menée par la commission pour la protection de l’enfance de la préfecture de Kyoto, a identifié près de 1 100 résidents qui vivaient reclus dans la région, dont 484 (44 % d’entre eux) ne recevaient aucune aide. Il semblerait que la pandémie de Covid-19 ait aggravé la situation et l’isolement social des hikikomori.
« J’aimerais créer un nouvel espace pour eux »
La préfecture de Kanagawa, située à proximité de Tokyo, prévoit aussi de lancer un service virtuel similaire courant 2023. Cependant, les efforts du gouvernement local et des entreprises privées de la région ne se limitent pas aux espaces virtuels. Ils se sont aussi efforcés d’aider les reclus à trouver des emplois qu’ils pourraient occuper depuis chez eux.
Ainsi, en 2020, Kunio Yamada, âgé de 37 ans, a lancé Comoly, un service d’embauche qui offre des activités diverses comme la saisie de données, la transcription et le développement d’applications, entre autres, pour ceux qui préfèrent travailler à domicile. Selon Kunio Yamada, beaucoup de ceux qui sont embauchés peuvent gagner jusqu’à 60 000 yens (400 euros) par mois. « Dans les régions rurales, en utilisant des maisons inhabitées, les reclus peuvent vivre et toucher plusieurs dizaines de milliers de yens par mois en travaillant à distance. J’aimerais créer un nouvel espace pour eux », ajoute Kunio Yamada.
Il a créé ce service quand un de ses anciens camarades d’école primaire est devenu hikikomori faute d’avoir pu trouver du travail après ses études. Yamada a conseillé à son ami d’apprendre la programmation informatique, et tous deux sont aujourd’hui cogérants de la société Comoly.
L’entreprise propose également différentes activités en ligne et à domicile pour ses quelque 750 membres, selon les intérêts de chacun, dont des clubs de cuisine et de jeux de société. Ils sont aussi encouragés à se réintégrer dans la société via des camps annuels.
Début avril, une enquête gouvernementale a constaté qu’au Japon, presque 1,5 million de personnes en âge de travailler sont des reclus sociaux, dont près d’un cinquième ont évoqué la crise sanitaire comme la cause principale de leur situation. D’autres raisons ont aussi été évoquées comme le chômage, la dépression et le harcèlement scolaire ou au travail, dans une société japonaise plutôt conformiste et centrée sur le travail.
(Avec Ucanews)