Eglises d'Asie

La première icône du bienheureux Pierre Kibe Kasui, martyr japonais, a été inaugurée à Tokyo

Publié le 12/07/2022




Le 1er juillet à Tokyo, la Conférence jésuite Asie Pacifique (JCAP) a inauguré une nouvelle icône à l’effigie du bienheureux Pierre Kibe Kasui (1587-1639), béatifié avec 187 autres martyrs du Japon, le 24 novembre 2008 à Nagasaki. L’œuvre, qui a été commandé par les jésuites japonais auprès d’un iconographe russe, utilise des éléments d’iconographie traditionnelle et de symbolisme japonais, afin d’honorer l’histoire du missionnaire japonais, qui a servi l’Église locale en secret durant une période de persécutions jusqu’à son exécution à Edo (Tokyo) en 1639.

Bienheureux Pierre Kibe Kasui (1587-1639), parmi les 188 martyrs du Japon béatifiés le 24 novembre 2008 à Nagasaki.

Les jésuites japonais ont présenté la première icône à l’image du bienheureux Pierre Kibe Kasui, un prêtre jésuite japonais mort en martyr à cause de sa foi au XVIIe siècle. L’icône a été inaugurée le 1er juillet, trois jours avant la fête du bienheureux, et exposée à Kibe Hall, à Tokyo, selon la Conférence jésuite Asie Pacifique (JCAP). L’icône utilise des éléments d’iconographie traditionnelle et de symbolisme japonais, afin d’honorer l’histoire du bienheureux Kibe, qui a parcouru de grandes distances à pied et en bateau comme missionnaire, pour prêcher le christianisme au Japon avant son martyr, aux mains des forces impériales en 1639.

La province japonaise des jésuites avait commandé l’œuvre auprès d’Aleksandr Griaznov, de Moscou, où a vécu et travaillé Andreï Roublev, moine et célèbre peintre d’icônes russes (1360-1430). L’iconographe Griaznov s’est dit fier de créer cette première icône du missionnaire japonais. « Personne n’avait jamais peint une icône de Pierre Kibe auparavant, et j’ai donc dû concevoir l’iconographie – avec des éléments comme les traits de son visage et des symboles pouvant être intégrés dans l’icône », explique-t-il. « Finalement, ce n’était pas une tâche facile parce qu’il fallait partir de zéro, mais cette expérience était d’autant plus enrichissante et gratifiante. »

Pierre Kibe est né sur l’île de Kyushu, au Japon en 1587, avant d’étudier la théologie dans l’espoir de devenir prêtre jésuite. Avec de nombreux autres chrétiens, il a été exilé à Macao en 1614 quand le Japon a banni le christianisme et lancé une persécution brutale contre les chrétiens. À Macao, il a étudié le latin en plus de la théologie, et après avoir achevé ses études, il a demandé à entrer dans la Compagnie de Jésus. Son admission a été rejetée par les jésuites de Macao, qui auraient eu des préjugés contre les prêtres autochtones. Il a ensuite décidé de se rendre à Rome pour devenir prêtre jésuite.

Premier pèlerin japonais à Jérusalem

Il a voyagé via les territoires portugais de Malacca (Malaisie) et de Goa (Inde), avant de traverser la Perse, le détroit d’Ormuz et Bagad, à pied et par la mer. Il a ensuite été le premier pèlerin japonais à atteindre la ville sainte de Jérusalem. En tout, Kibe a parcouru 5 955 km le long de la route de la soie, durant environ trois ans. Depuis Jérusalem, il a embarqué dans un navire pour l’Italie, jusqu’à arriver à Rome en mai 1620.

Il a été ordonné prêtre en novembre de cette année-là, avant d’être accepté comme novice chez les jésuites. Il était à Rome quand un autre missionnaire jésuite, François-Xavier et premier missionnaire au Japon, a été canonisé au Vatican en 1622. Il est retourné au Japon en 1630 à l’âge de 43 ans, défiant les menaces de persécution. Il a annoncé l’Évangile et servi les chrétiens locaux en secret durant près de neuf ans. Il aurait été trahi par un autre catholique qui avait renié sa foi.

Il a ensuite été emmené à Edo, la capitale impériale (aujourd’hui Tokyo). Il y a été emprisonné, interrogé et torturé. Il a été suspendu la tête en bas avec deux autres chrétiens, puis transpercé par la lance d’un garde, le 4 juillet 1639. Le cardinal José Saraiva Martins, au nom du pape Benoît XVI, l’a béatifié avec 187 autres martyrs du Japon le 24 novembre 2008, en présence de plus de 30 000 catholiques au stade de Nagasaki.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Jesuit Conference of Asia Pacific / Ucanews