Eglises d'Asie – Divers Horizons
La région Asie-Pacifique face au « stress hydrique » à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau
Publié le 24/03/2023
La région Asie-Pacifique ne remplit pas les Objectifs de développement durable (ODD) fixés à l’horizon 2030 par l’ONU, selon un rapport publié le 22 mars à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau et du premier jour de la Conférence des Nations Unies sur l’eau (organisée à New-York du 22 au 24 mars).
Ce mercredi, durant l’audience générale du 22 mars au Vatican, le pape François a évoqué la conférence en rappelant les mots de saint François d’Assise : « Loué sois-tu Seigneur pour sœur eau, qui est utile et humble et précieuse et chaste. » « Ces simples mots nous font ressentir la beauté de la création et prendre conscience des défis à relever pour en prendre soin », a-t-il confié.
Selon le rapport publié par le CESAP (Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique), la région a fait peu de progrès concernant le 6e objectif fixé par l’Onu, à savoir « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ».
De même concernant le 8e objectif (« Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein-emploi productif et un travail décent pour tous »), le 12e (« Établir des modes de consommation et de production durables ») et le 14e (« Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable »).
Concernant le 13e objectif (« Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions »), la situation se détériore même dans la région Asie-Pacifique. Selon la Banque asiatique de développement (ADB), en 2015, quand l’Agenda 2030 de l’ONU a été fixé, plus des trois quarts de l’Asie souffraient de « stress hydrique » (quand la demande en eau dépasse les ressources en eau disponibles).
La région Asie-Pacifique a enregistré le plus fort taux d’extraction d’eau souterraine
Un rapport de l’Institut pour l’eau, l’environnement et la santé de l’Université des Nations Unies, publié avant la conférence à New-York, montre que la propagation de l’eau en bouteille est un signe de pénurie d’eau potable – une situation qui freine une intervention de l’État à long terme pour fournir une infrastructure adéquate pour l’approvisionnement en eau. La région Asie-Pacifique forme près de la moitié du marché mondiale de l’eau en bouteille, tandis que l’ensemble des pays en voie de développement représente près de 60 %.
Bien sûr, les raisons qui poussent à acheter de l’eau en bouteille varient d’une région à l’autre. Dans l’hémisphère Nord, les gens ont tendance à la considérer comme plus sûre, tandis que dans l’hémisphère Sud, c’est plutôt dû à « un manque ou une absence d’approvisionnement fiable en eau potable publique », selon un rapport sur l’impact et les tendances de l’industrie mondiale de l’eau en bouteille.
Par exemple, dans l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde, seules 31 villes sur 734 ont un système d’égouts qui ne parvient à traiter que 40 % des eaux usées. Par ailleurs, la région Asie-Pacifique a enregistré le plus fort taux d’extraction d’eau souterraine au monde, à cause de « la hausse de la demande, qui est due aux croissances démographiques, aux développements économiques rapides et à l’amélioration des niveaux de vie » (selon le Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2022).
La Chine a dépensé 148 milliards de dollars pour sa gestion des eaux en 2022
Près de 70 % des ressources en eau sont utilisées pour l’agriculture dans la région, l’Inde et la Chine étant en tête concernant l’utilisation d’eau souterraine pour l’agriculture. Le Bangladesh, l’Inde, le Népal et le Pakistan pompent entre 210 et 250 kilomètres cubes d’eau souterraine par an, en appauvrissant les nappes phréatiques et en aggravant la situation de stress hydrique.
Pour ces raisons, les régions désertiques du nord-ouest de l’Inde sont considérées comme à risque, ainsi que les centres urbains du sud-est asiatique (d’ici 2050, 64 % de la population asiatique vivra en ville selon les estimations). En janvier dernier, la Chine a annoncé avoir dépensé 148 milliards de dollars US pour sa gestion des eaux en 2022, soit 44 % de plus par rapport à l’année précédente. L’été dernier, les usines du sud-ouest de la Chine ont dû cesser leurs activités à cause d’une sécheresse record qui a asséché certains fleuves, dont une partie du Yangtsé.
L’Asie du Sud-Est a également été affectée avec la construction de barrages chinois sur le fleuve Mékong, qui traverse la province chinoise du Yunnan, la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam. « Les barrages en amont affectent l’activité de la pêche, les rizicultures et la flore, qui représentent une source de revenus importante pour les femmes et les personnes âgées », explique Pianporn Deetes, directeur de l’organisation Rivers International pour la Thaïlande et la Birmanie. Entre 2019 et 2021, malgré les conditions de sécheresse, les barrages chinois ont retenu d’importantes quantités d’eau, ce qui a causé une baisse record du niveau du Mékong et un déplacement forcé des communautés locales dépendant du fleuve.
(Avec Ucanews)