Eglises d'Asie – Vietnam
L’activité minière pollue la vie d’une communauté catholique de Yen Bai
Publié le 02/10/2019

Plus tôt dans l’année, les entreprises minières ont construit la route qui traverse la commune afin de faciliter le transport des pierres. Selon les habitants, il est demandé à dix foyers vivant à moins de cinq cents mètres des carrières de quitter leur maison deux fois par jour – à midi et à 18 heures – quand les ouvriers utilisent des explosifs pour extraire le calcaire. Ces foyers reçoivent chacun un million de dongs (39 euros) par mois en guise de compensation. À cause des explosions et du broyage des pierres, la commune est fortement polluée par la poussière. Beaucoup de puits et de lacs sont touchés, les routes sont boueuses durant la saison des pluies, et les cultures sont détruites par la poussière de calcaire. Pierre Ngo Van Chien, charpentier, explique que les résidents n’ont pas réussi à protéger leur cadre de vie. Il ajoute qu’il y a environ dix ans, ils ont bloqué la route, arrêté les camions et pressé les autorités de la commune de s’occuper du problème de la pollution. La police a imposé une amende aux entreprises qui utilisaient des poids lourds surchargés de calcaire. Mais Pierre Ngo Chien affirme que les sociétés ont ignoré les avertissements concernant la pollution, et que les autorités ne peuvent pas intervenir parce qu’elles possèdent des permis d’extraction délivrés par le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement et par la province de Yen Bai. Les premières années, près de mille personnes étaient employées dans les carrières, mais peu à peu, les sociétés ont utilisé davantage de moyens mécaniques pour extraire les pierres, et beaucoup d’ouvriers ont été licenciés. Aujourd’hui, seules cent personnes y travaillent, pour 5 à 15 millions de dongs par mois (entre 200 et 600 euros).
Une baisse de rendement de 50 % depuis 1990
Dao Thi Lan, âgée de 30 ans, travaille dans une des carrières. Elle explique que les femmes qui y travaillent sont chargées de trier les pierres selon leur taille et sont payées 300 000 dongs par jour (12 euros). « Nous touchons seulement cinq millions de dongs par mois parce que nous avons des emplois irréguliers », confie cette mère de trois enfants, ajoutant que les ouvriers doivent travailler malgré la chaleur et dans un environnement pollué, et qu’ils souffrent souvent de pneumonies ou autres problèmes de santé. Marie Nguyen Thi Hoa, qui a transporté du calcaire pendant des années dans les carrières, explique qu’elle a renoncé à son emploi parce qu’elle ne pouvait plus supporter la chaleur et la poussière, qui lui causait des bronchites chroniques. Marie Hoa, 40 ans, s’occupe aujourd’hui d’une petite boutique qu’elle tient chez elle, pour nourrir ses quatre enfants. « Je ne gagne plus que 100 000 dongs [4 euros] par jour, parce qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui visitent ma boutique, à cause de la poussière qui recouvre tous les produits », confie-t-elle. La paroisse de Mong Son compte 2 800 catholiques sur 4 500 habitants. La plupart des résidents cultivent le riz ou travaillent dans des fermes piscicoles ou des élevages de crevettes, sur le lac Thac Ba. Beaucoup de gens ont de grandes familles mais possèdent peu de terres. Marie Tran Thi Hanh explique que chaque année, elle cultive 700 kg de riz sur un terrain de 2 160 m², soit une baisse de rendement de 50 % par rapport aux années 1990. Elle affirme que cette baisse est due au manque de ressources en eau et à la pollution de l’air. Beaucoup de pêcheurs qui vont attraper des poissons sur le lac expliquent également avoir abandonné leur travail à cause de la pollution du lac, et d’autres sont partis pour rechercher d’autres sites pour continuer leur activité. Les jeunes qui finissent le collège et le lycée quittent souvent la paroisse pour rechercher un emploi ailleurs. Marie Hanh ajoute que beaucoup de gens ont vendu leur maison et ont déménagé. « Nous ne pouvions pas partir parce que nous avons vécu ici depuis plusieurs générations », souffle-t-elle. « Nous sommes inquiets face à l’avenir, surtout si la pollution ne s’améliore pas. »
(Avec Ucanews, Yen Bai)
CRÉDITS
Ucanews
