Eglises d'Asie – Indonésie
L’ancien gouverneur chrétien Ahok de retour plusieurs mois après sa libération
Publié le 27/11/2019
La société de production de pétrole et de gaz Pertamina, la plus grande entreprise d’État d’Indonésie, est souvent critiquée pour sa bureaucratie inefficace et entachée par des affaires de corruption. L’ancien gouverneur chrétien de Jakarta, Basuki Tjahaja Purnama, dit « Ahok », a été choisi par le ministère des entreprises d’État pour s’atteler à des changements en profondeurs pour la société Pertamina. Le ministre Erick Thohir l’a confirmé le 22 novembre. En septembre, Bambang Irianta, ancien directeur de la branche commerciale de l’entreprise a été cité parmi les suspects dans le cadre d’une affaire de corruption impliquant le secteur du pétrole. Alors qu’il était gouverneur de Jakarta, Ahok, un allié du président Joko Widodo, a justement été salué pour des mesures radicales contre la corruption administrative. Pourtant, son franc-parler et sa foi chrétienne lui avaient valu d’être visé par les groupes islamistes. Il a été emprisonné durant deux ans pour blasphème de 2017 à 2019, après une série d’émeutes menées par des groupes conservateurs qui demandaient qu’il soit poursuivi pour des propos considérés comme « blasphématoires », durant des élections locales au poste de gouverneur de Jakarta. Les accusations avaient grandement contribué à sa défaite, au cours d’élections locales marquées par les divisions et les tensions religieuses. Yohanis Fransiskus Lema, parlementaire et membre du Parti démocratique indonésien de lutte, a salué la nouvelle nomination de l’ancien gouverneur, en affirmant que ce dernier est une personne de confiance à la hauteur de la tâche : « Je suis sûr qu’il saura apporter les changements nécessaires à Pertamina. Son style franc et transparent est tout à fait adapté à ce poste », assure Yohanis Lema, son ancien porte-parole. Étonnamment, Awit Masyhur, président de la Fraternité des Anciens de la manifestation 212 (en référence à la manifestation du 2 décembre 2016, qui demandait l’arrestation du gouverneur Ahok pour blasphème), a soutenu la décision, en affirmant qu’il n’avait aucun problème avec cette nomination. Son groupe a été à l’origine des émeutes qui ont conduit à la chute de l’ancien gouverneur. L’Indonésie compte 114 entreprises d’État, qui dépendent toutes du ministère des Entreprises d’État.
(Avec Ucanews, Jakarta)
CRÉDITS
Ucanews