Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Bangalore affirme que des minorités ont été supprimées des listes électorales

Publié le 22/02/2023




Le 15 février, une délégation de l’archidiocèse de Bangalore a soumis une déclaration au commissaire électoral en chef (CEO) de l’État du Karnataka, dans le sud-ouest de l’Inde, en affirmant que plus de 9 000 électeurs issus des minorités religieuses ont été retirés des listes électorales de la circonscription de Shivajinagar, à Bangalore, dont près de 8 000 chrétiens et musulmans. Pour certains responsables chrétiens, il s’agirait d’une manœuvre destinée à consolider le parti du BJP au pouvoir lors d’élections régionales prévues au mois de mai.

Des électeurs indiens lors d’un meeting politique à Mumbai. Plusieurs milliers de chrétiens et musulmans auraient été supprimés des listes électorales.

Plusieurs milliers d’électeurs des minorités religieuses, notamment chrétiennes et musulmanes, auraient été supprimés des listes électorales dans l’État indien du Karnataka, dans le sud-ouest du pays. Des élections locales auront lieu en mai dans cet État dirigé par le parti pro-hindou du BJP (Bharatiya Janata Party), et les responsables chrétiens de la région suspectent que cette manœuvre pourrait être une stratégie pour conserver le pouvoir.

Le 15 février, une délégation de l’archidiocèse de Bangalore a soumis une déclaration au commissaire électoral en chef (CEO) de l’État en affirmant qu’un total de 9 195 noms d’électeurs a été retiré des listes électorales de la circonscription de Shivajinagar, dans la capitale du Karnataka, Bangalore. Selon les affirmations de l’archidiocèse, près de 8 000 d’entre eux sont chrétiens et musulmans.

« Nous craignons que les listes électorales de nombreuses circonscriptions à travers Bangalore aient pu être trafiquées impunément. Si un tel méfait peut se poursuivre sans surveillance, la confiance des gens dans le processus électoral sera considérablement affectée », prévient J. A. Kanthraj, responsables des relations publiques de l’archidiocèse de Bangalore. Pour lui, cela ressemble à une manipulation évidente destinée à empêcher les chrétiens et les musulmans de déposer leur bulletin durant les prochaines élections.

« C’est un complot destiné à écarter les minorités et assurer facilement la victoire du BJP »

Le père Vivian Monis, curé de l’église Saint-Joseph de Bangalore, explique qu’il a commencé à « faire campagne activement pour vérifier si les noms des catholiques de la paroisse manquent dans la liste électorale ».

Le parlementaire Rizwan Arshad, membre du Congrès, principal parti de l’opposition, qui représente la circonscription de Shivajinagar, s’est dit choqué par les noms manquants. « C’est une tentative délibérée du parti BJP au pouvoir de priver les minorités de leur droit fondamental à voter », a-t-il dénoncé. Rizwan Arshad a déposé une pétition auprès de la Haute Cour du Karnataka le 9 février en parlant de complot politique.

De son côté, le juge Michael F. Saldanha, ancien membre de la Haute Cour à la retraite, estime que le tribunal doit lancer une commission afin d’enquêter sur « cette tentative clandestine d’aliéner les électeurs de la minorité » et de soumettre son rapport le plus tôt possible. Selon lui, si des manipulations sont découvertes par la Cour et avérées, des mesures strictes devront être prises à titre d’exemple pour tout le pays. « Au fil des années, j’ai déjà constaté cette tendance de noms manquants provenant des minorités religieuses au sein des listes électorales. C’est un complot destiné à écarter les minorités et assurer la victoire du BJP facilement. »

John Dayal, porte-parole de l’Union catholique de toute l’Inde, (All India Catholic Union), pense que ces méthodes illégales et immorales adoptées au Karnataka, où le BJP au pouvoir et le parti du Congrès poursuivent une lutte acharnée, peuvent être répliquées dans d’autres États indiens. « Supprimer les noms des électeurs est l’une des nombreuses pratiques que laisse faire le gouvernement fédéral BJP. Au cours des six ou sept dernières années, j’ai vu combien des bureaucrates dociles au sein des commissions électorales locales et nationales peuvent être manipulés et persuadés », insiste-t-il.

(Avec Ucanews)