Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Hué constate une diminution des vocations après une période d’affluence

Publié le 13/05/2023




Le 30 avril dernier à l’occasion de la 60e Journée mondiale de prière pour les vocations, la paroisse de Tay Loc, dans la province centrale vietnamienne de Thua Thien Hue, a invité des jeunes candidats au séminaire afin de soutenir les vocations dans l’archidiocèse de Hué, alors que l’Église locale constate le début d’un déclin vocationnel après une période d’affluence. L’archidiocèse de Hué envoie au moins six candidats au grand séminaire chaque année. Actuellement, celui-ci compte 63 séminaristes et 17 candidats inscrits au pré-séminaire.

Des jeunes participants à la 60e Journée mondiale de prière pour les vocations dans la paroisse de Tay Loc, le 30 avril dans l’archidiocèse de Hué.

Hoang Thanh Tung, un chauffeur de taxi de la province de Thua Thien Hue, dans le centre du Vietnam, explique sa profonde déception quand son fils de 15 ans a abandonné ses études au pré-séminaire l’an dernier. Il reconnaît que lui et son épouse sont tous deux à blâmer, à cause de disputes domestiques quotidiennes liées à leurs faibles revenus. Selon lui, son fils, Hoang Le Thanh Huy, ne pouvait plus supporter le fait que sa mère « crie en permanence sur tous les membres de la famille ».

La paroisse locale de Tay Loc précise que Hoang Huy fait partie des trois jeunes de la communauté qui ont abandonné la vocation sacerdotale à cause de problèmes familiaux et économiques. Le père Philippe Hoang Linh, responsable des vocations de l’archidiocèse de Hué, qui couvre la paroisse de Tay Loc, indique que dans la région, on comptait jusqu’à 250 jeunes suivant un cheminement vocationnel il y a deux ans, contre 130 aujourd’hui, âgés entre 10 et 18 ans.

Les garçons comme Hoang Huy, présentant des aptitudes à entrer au séminaire, sont admis au pré-séminaire de l’archidiocèse de Hué après le lycée. L’Église locale ne compte plus aucun petit séminaire depuis la réunification du pays sous les autorités communistes. Le père de Hoang Huy, âgé de 52 ans, explique que son fils était autrefois servant d’autel et qu’il rêvait de devenir prêtre, mais que ses déceptions vis-à-vis de sa famille l’ont fait renoncer. « Je n’ai pas d’autre choix que d’accepter sa décision », ajoute-t-il. Son fils a quitté l’école et accepté un emploi dans une bijouterie où travaille sa sœur dans la ville voisine de Da Nang, à cause des difficultés financière de la famille.

L’Église locale offre des bourses d’études pour soutenir les vocations

L’archidiocèse de Hué envoie au moins six candidats au grand séminaire chaque année. Actuellement, celui-ci compte 63 séminaristes et 17 candidats inscrits au pré-séminaire. Le père Linh estime que les tensions économiques, les conflits domestiques, les migrations et la perte de la foi sont les raisons principales qui expliquent la baisse des vocations sacerdotales dans l’archidiocèse.

La paroisse de Tay Loc, dont le terrain est situé sur les deux provinces de Quang Tri et de Thua Thien Hue, a également perdu trois vocations quand des familles sont parties dans d’autres régions pour trouver du travail. Dans un autre cas, Marie Nguyen Thi Dieu Anh, une paroissienne, confie que son fils de 16 ans, Simon Dang Huu Da, a renoncé à une vocation rédemptoriste l’an dernier quand elle a perdu son travail dans une usine pour des raisons de santé. Mère célibataire, elle vit aujourd’hui avec ses parents dans la paroisse de Phuong Duc, à Hué, capitale de la province.

Simon Da explique que sa famille a été forcée de partir pour éviter les dettes quand sa mère a perdu son commerce. « Les difficultés financières de ma mère ont été un choc et une honte pour la famille, c’est pourquoi je ne suis pas digne d’une vocation sacerdotale », pense Simon, qui a trois frères et sœurs et qui travaille aujourd’hui comme mécanicien dans un garage.

Le père Linh, curé de la paroisse de Tay Loc, explique que l’archidiocèse offre actuellement des bourses d’études à une centaine de candidats pour soutenir les vocations. Les catholiques de la région sont également invités à encourager les candidats, ajoute le prêtre. Le père Linh raconte que quand il était candidat au séminaire, il a lui-même songé à abandonner pour soutenir sa famille mais ses parents ont demandé à un prêtre de le parrainer.

« Les familles jouent un rôle décisif »

Sœur Ephrem Mai Thi Loan, de la congrégation des sœurs de Saint-Paul de Chartres, confie également que de moins en moins de femmes sont capables de rejoindre les couvents par manque d’études, à cause du nombre grandissant de décrochages scolaires pour des raisons financières. Elle ajoute que sa communauté, dans l’archidiocèse de Hué, attirait autrefois au moins 25 filles par an, contre moins de trois aujourd’hui. Elle précise que pour susciter leur intérêt vis-à-vis de la vie consacrée, « nous offrons des bourses d’études, nous organisons des rencontres hebdomadaires et nous les incitons à prendre part à des activités caritatives, à visiter nos orphelinats, nos maisons de retraite ainsi que les handicapés, les lépreux et les patients séropositifs. »

Thérèse Vu Thi Minh, une lycéenne de la paroisse de Dai Loc, explique qu’elle prévoit de rejoindre les Amantes de la Croix à Hué, bien que ses parents voudraient qu’elle travaille pour soutenir la famille après avoir perdu leurs emplois. Thérèse Minh, âgée de 17 ans, précise que les sœurs lui ont donné une bourse et un logement. « Je trouve ma joie et un sens à ma vie dans la vie religieuse », confie-t-elle.

Le père Dominique Phan Hung, curé de la cathédrale de Phu Cam, dans l’archidiocèse, explique que le nombre des vocations est passé de 50 à 36 dans sa paroisse au cours des dernières années. La paroisse, créée il y a 341 ans, a « produit » deux archevêques, 79 prêtres et 96 religieux et religieuses, ce qui en fait le foyer vocationnel le plus important de l’archidiocèse. Le prêtre, 68 ans, essaie de soutenir les jeunes vocations en les invitant à prier, à se former à la foi, à s’épanouir à travers différentes activités de loisirs et à visiter des sites religieux. Il rencontre également les parents régulièrement pour les encourager à montrer l’exemple. « Les familles jouent un rôle décisif », insiste-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews