Eglises d'Asie – Indonésie
L’archidiocèse de Jakarta crée une pièce de théâtre en mémoire des émeutes de mai 1998
Publié le 08/06/2019

Faire mémoire
Le père Matheus Harry Sulistyo, le directeur de la pièce, explique que le but était de rappeler aux gens de ne pas oublier ce qui s’est passé durant ces évènements tragiques. « Cette pièce a été créée afin de sensibiliser les gens, pour éviter que d’autres drames similaires surviennent à nouveau à l’avenir », explique le prêtre. Beaucoup de crimes et d’abus commis à l’époque restent non résolus, malgré de nombreuses enquêtes menées depuis. Selon le père Sulistyo, qui dirige également la commission des communications sociales de l’archidiocèse de Jakarta, le drame évoque les trois piliers de l’hôpital catholique Saint-Carolus : les prêtres, les religieuses et les médecins. La pièce fait en effet partie des initiatives lancées pour soutenir la mission de l’hôpital, qui célèbre ses cent ans cette année. « À travers les personnages principaux, Mawar et Kemuning, la pièce explique aux gens comment elles ont pu survivre et se relever malgré les épreuves qu’elles ont traversées », explique le père Sulistyo. Mgr Ignatius Suharyo, archevêque de Jakarta, ajoute que la pièce illustre également les valeurs chrétiennes vécues au sein de l’hôpital. « Elle nous encourage à faire le bien », poursuit l’archevêque. Une équipe de recherche a été créée par le gouvernement et la commission nationale des droits de l’homme afin d’enquêter sur les violences de 1998, notamment sur les affaires de viols. Ita Nadia, militante et membre de l’équipe de recherche, explique qu’il s’agissait de violences raciales, expliquant qu’abuser de ces femmes chinoises était le moyen le plus facile de semer la terreur au sein de leurs communautés.
Collaboration interreligieuse
Les acteurs, de toutes confessions, espèrent que la pièce parviendra à diffuser un message percutant. Yatty Surahman, une actrice chrétienne de 61 ans, qui joue une religieuse dans la pièce, confie qu’elle s’est laissé convaincre d’y participer pour ne pas laisser de tels évènements tomber dans l’oubli. « C’est une bonne mission », ajoute-t-elle. Widya Wijaya, une bouddhiste, souligne que la pièce enseigne le respect de l’autre, de première importance dans les relations humaines. Widi Dwinanda, une artiste musulmane de 31 ans, estime que les jeunes devraient retirer une leçon utile de cette pièce. « Cela fait prendre conscience, surtout parmi les jeunes, que notre histoire contient des périodes bien sombres, et que nous devons tout faire pour éviter de tomber dans les mêmes pièges. »
(Avec Ucanews, Jakarta)
CRÉDITS
Konradus Epa / Ucanews