Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Séoul ouvre le procès de béatification de trois figures historiques de l’Église locale

Publié le 07/04/2023




La semaine dernière, la Commission de béatification et de canonisation de l’archidiocèse de Séoul a annoncé l’ouverture officielle du procès de béatification de trois personnalités récentes de l’Église locale : le cardinal Stephen Kim Sou-hwan (1922-2009), archevêque de Séoul de 1968 à 1998, le père Andrew Moo Bang Ah Yoo Ryong, fondateur de la congrégation des Bienheureux martyrs coréens, et Mgr Barthelemy Bruguière (1792-1835), MEP et premier vicaire apostolique de Corée.

De gauche à droite, Mgr Barthelemy Bruguiere, MEP (1792-1835), le cardinal Stephen Kim Sou-hwan (1922-2009) et le père Andrew Moo Bang Ah Yoo Ryong (1900-1986).

Le 28 mars, l’archidiocèse de Séoul a annoncé l’ouverture officielle du procès de béatification du cardinal Stephen Kim Sou-hwan (1922-2009), archevêque de Séoul durant trente ans (de 1968 à 1998) et figure éminente de l’histoire récente de l’Église en Corée du Sud. Avec lui, le diocèse portera également les causes de béatification de Mgr Barthelemy Bruguière, MEP (1792-1835), premier vicaire apostolique de Corée, et du père Andrew Moo Bang Ah Yoo Ryong (1900-1986), fondateur de l’ordre religieux local des Bienheureux martyrs coréens.

Selon la Commission de béatification et de canonisation de l’archidiocèse de Séoul, c’est la première fois en Corée que la cause de béatification est portée par un seul diocèse. Cette ouverture représente un signe important pour l’Église locale. Cette fois-ci, l’examen des vertus ne concerne pas des personnalités issues des périodes de persécution ayant donné leur vie jusqu’au martyre pour l’Évangile.

Dans le cas du cardinal Kim, il s’agit d’un évêque et d’un prêtre dont beaucoup se souviennent encore et dont l’action pastorale a contribué à une croissance remarquable de la communauté catholique locale durant les dernières décennies du XXsiècle. De son côté, le père Bang a fondé le premier ordre religieux coréen.

Par ailleurs, Mgr Bruguière a été le premier vicaire apostolique de Corée et le premier évêque coadjuteur du Siam (Asie du Sud-Est). Ordonné prêtre en 1815 puis entré au Séminaire des MEP en 1825, il est parti l’année suivante pour le Siam avec deux autres missionnaires pour le Siam. En mission en Thaïlande (Siam) de 1826 à 1828, puis dans l’île de Pinang (Malaisie-Singapour) de 1828 à 1831, il a été nommé vicaire apostolique de Corée le 9 septembre 1831. Décédé en Chine 1834 après trois années de voyage, il ne renoncera jamais à la mission de Corée. Sa dépouille mortelle a été transférée dans un cimetière de Séoul en 1931.

Un message important adressé à la société coréenne actuelle

« Le cardinal Kim était aimé et respecté par beaucoup pour ses vertus exemplaires, sa contribution à la croissance et au rayonnement de l’Église coréenne et son engagement en faveur des droits de l’homme et de la démocratie », a déclaré l’archidiocèse de Séoul dans un communiqué. « En tant qu’ami des pauvres et des marginalisés, il traitait les plus humbles comme le Christ, basé sur une compassion fondamentale pour l’homme, fondation de la pensée chrétienne et exemple parfait de l’amour chrétien », a poursuivi le diocèse.

L’ouverture de la cause de béatification du cardinal Kim représente également un message important adressé à la société coréenne actuelle. En effet, beaucoup dans le pays se souviennent aussi de son engagement courageux pour la liberté durant les années qui ont suivi le coup d’État du général Chun Doo-hwan. Durant les émeutes de juin 1987, en particulier, beaucoup d’étudiants manifestant à Séoul contre le régime de l’époque ont trouvé refuge dans la cathédrale de Myeongdong.

Selon l’Église locale, les soldats ont voulu entrer pour les arrêter, mais le cardinal Kim est intervenu en disant : « Si vous voulez emmener les étudiants, vous devez d’abord passer par moi. Après moi, il y aura les prêtres, et après les prêtres il y aura les religieuses. Seulement alors vous pourrez les emmener. » Face à cela, les soldats sont finalement repartis sans entrer dans l’église.

L’intuition du père Bang sur la propagation du catholicisme en Corée

Le profil du père Bang est également très significatif concernant la propagation du catholicisme en Corée. Il a grandi au début des années 1900 dans une famille catholique coréenne, tout en suivant l’enseignement confucéen de son grand-père, qui était un érudit reconnu à l’époque. Ce parcours unique, une fois qu’il est devenu prêtre à l’âge de 30 ans, l’a aidé à accepter son appel à fonder une communauté religieuse coréenne qui vivrait une vie ascétique dans un style oriental.

À l’époque, la culture, l’identité, l’économie et l’indépendance même de la Corée étaient menacées par l’impérialisme japonais. Mais l’Église coréenne elle-même, alors menée par des missionnaires étrangers, cherchait à mettre en valeur sa propre identité face à la supériorité supposée de la spiritualité occidentale. Au contraire, le père Bang a compris que la manière la plus efficace de répandre la foi dans le pays devait se faire selon les modes de pensée et d’expression caractéristiques de la Corée.

Cette intuition s’est concrétisée en 1946 avec la fondation de la Congrégation des sœurs des Bienheureux martyrs de Corée dans l’église de Gae Seong (aujourd’hui située en Corée du Nord). La branche féminine a ensuite été complétée par la congrégation sacerdotale des Bienheureux martyrs de Corée, au sein de laquelle le père Bang a été le premier à prononcer ses vœux religieux.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

Archidiocèse de Séoul / Asianews