Eglises d'Asie

L’archidiocèse de Séoul réagit à un projet de loi sur le suicide assisté au Parlement sud-coréen

Publié le 21/06/2022




Le 20 juin, Mgr Pierre Chung Soon-taick, archevêque de Séoul et président de la Commission diocésaine pour la vie, a publié un communiqué en réaction à une proposition de loi au sein du Parlement sud-coréen projetant pour la première fois la légalisation de l’euthanasie dans le pays, pour les malades en phase terminale et sans aucune chance de guérison. « La dignité se trouve dans l’aide et la sollicitude de la communauté et non dans l’acte d’abréger la vie », a souligné Mgr Chung, qui a appelé le gouvernement à légiférer afin de développer les services de soins palliatifs.

Le 9 avril 2022 à Séoul lors d’une marche pour la vie organisée par l’Église locale.

Mgr Pierre Chung Soon-taick, archevêque de Séoul, a fait part de son inquiétude dans un message publié le 20 juin, en réaction à une proposition de loi du Parlement sud-coréen sur la légalisation du suicide assisté pour les patients en phase terminale et sans aucune chance de guérison. « La Commission pour la vie de l’archidiocèse catholique de Séoul voudrait exprimer ses vives préoccupations suite à l’introduction récente [d’un premier projet de loi visant à légaliser l’euthanasie]. L’Église rappelle que le caractère sacré de la vie humaine ne peut être violé, que ce soit par les autres ou par soi-même, jusqu’à la dernière minute », a souligné Mgr Chung, président de la commission.

L’évêque coréen a ajouté qu’au lieu de chercher à mettre fin à la vie, la société devrait plutôt trouver des façons de réduire les souffrances insupportables vécues par les patients en phase terminale, afin de les aider justement à mourir dans la dignité. « Nous devons absolument comprendre que la dignité est dans l’aide et la sollicitude de la communauté, et non dans l’acte d’abréger la vie. » L’archevêque de Séoul a ajouté que le suicide assisté résulte de « la poursuite des performances économiques » de notre société « au détriment d’une culture du soin et de l’amour », et ce n’est en aucun cas « une façon de servir la dignité humaine ».

L’évêque a averti que le projet de loi actuel présente différents risques d’abus et de conséquences négatives indésirables, comme des « décisions involontaires » afin de libérer une famille d’un poids financier. « Nous appelons le gouvernement à voter des politiques et des lois qui permettent de développer les services de soins palliatifs comme une alternative face aux difficultés rencontrées par les patients en phase terminale, pour qu’ils reçoivent des soins sans douleur [pour accompagner leur fin de vie] », a-t-il ajouté.

L’Église locale appelle à développer les soins palliatifs comme alternative

En 2018, la Corée du Sud a voté une loi interdisant l’acharnement thérapeutique, permettant au patient de décider l’arrêt des traitements pour éviter le prolongement de ses souffrances. Cette loi légalise l’interruption de traitements médicaux essentiels au maintien de la vie, via un accord entre les membres de la famille du patient ou une directive écrite à l’avance par un malade en phase terminale. La loi a provoqué les protestations des militants pro-vie dans le pays, y compris au sein de l’Église catholique locale qui s’alarme de la rapidité des changements de comportements au sein de la société coréenne vis-à-vis des questions liées à la vie et à la fin de vie.

Toutefois, cette année, selon un sondage d’opinion, 76 % des répondants sud-coréens ont affirmé soutenir la légalisation de l’euthanasie. L’enquête, menée par le professeur Yun Young-ho, de la faculté de médecine de l’Université nationale de Séoul, indique que 61,9 % des répondants affirment qu’ils sont « très favorables » à une loi permettant la procédure médicale controversée, contre 14,4 % qui y sont « favorables », selon Korea Times. Environ 2 % de répondants sont « fortement défavorables » à une telle légalisation, contre 21,7 % qui y sont « défavorables ».

Lors d’une enquête similaire menée en 2016, près de 50 % de répondants avaient déclaré soutenir l’euthanasie. Avec une population sud-coréenne de plus en plus vieillissante et une chute progressive du taux de natalité, les observateurs estiment que le phénomène favorable à l’euthanasie devrait poursuivre cette tendance dans le pays.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Catholic Times of Korea / Ucanews