Eglises d'Asie – Divers Horizons
L’Asie du Sud de plus en plus exposée aux risques d’inondations, selon un nouveau rapport de l’ONU
Publié le 26/03/2020
Le nouveau rapport 2020 de l’ONU-Eau (UN-Water) fournit une étude globale des sources d’eau douce et analyse les liens entre l’eau et les changements climatiques. L’organisation signale que l’Asie du Sud, et notamment le Bangladesh et l’Inde, est particulièrement exposée aux inondations en raison des changements climatiques. Selon le rapport, publié le 21 mars, le climat continuera d’affecter et de transformer les sociétés à l’échelle mondiale en affectant « la disponibilité, la qualité et la quantité des ressources en eau disponibles pour les besoins humains fondamentaux », et en risquant de menacer « le droit d’accès à l’eau de plusieurs milliards de personnes ». Le rapport appelle donc à « prendre davantage d’engagement concrets pour faire face à la situation ». Il évoque notamment les inondations de 2017, durant la période de mousson, qui ont affecté près de 40 millions de personnes au Bangladesh, en Inde et au Népal, avec un bilan d’au moins 1 300 morts et 1,1 million de personnes placées dans des camps humanitaires. « Les inondations pourraient coûter jusqu’à 215 milliards de dollars par an à l’Asie du Sud d’ici 2030. Elles sont également susceptibles de contaminer les sources et de détruire les points d’eau et les installations sanitaires », ajoute le rapport d’ONU-Eau.
Le manque de programmes durables
Dans un pays fluvial et de basse altitude comme le Bangladesh, les inondations sont courantes et affectent plusieurs millions d’habitants chaque année, entraînant plusieurs centaines de décès par an, mais il y a peu d’efforts entrepris pour lutter concrètement contre le problème à long terme, selon les experts. « Depuis 2016, nous avons constaté les effets des changements climatiques, avec une augmentation des niveaux de pluie et des mers. Ce sont les symptômes des changements contre lesquels l’étude de l’ONU met en garde. Malheureusement, notre pays n’a pas de programme à long terme pour faire face aux inondations annuelles, à part des projets à court terme comme les interventions d’urgence et les programmes de réhabilitation après les catastrophes », explique Sukleash George Costa, directeur régional de Caritas Rajshahi, qui couvre une région exposée aux inondations dans le nord-ouest du pays. Selon lui, les digues et les berges fluviales sont souvent peu résistantes et cèdent facilement face à de fortes inondations, tandis que la gestion des catastrophes ne parvient pas à gérer les diverses situations locales à cause d’une approche centralisée, ajoute-t-il. Alors que la plupart des fleuves d’Asie du Sud traversent plusieurs frontières, tous les pays concernés doivent définir et respecter un programme commun afin de mieux contrôler les inondations pour la protection de la population, soutient Sukleash Costa.
Dans la plupart des cas, les efforts entrepris par les gouvernements locaux et par les ONG contre les catastrophes sont insuffisants, en raison du manque d’engagement et de responsabilisation communautaire, affirme un professeur de géographie et de sciences de l’environnement de l’université publique de Begum Rokeya. « J’ai de sérieux doutes à propos de la préoccupation réelle de nos législateurs face à l’avenir de notre pays concernant les changements climatiques. Il n’y a pas de doutes que d’autres inondations et destructions auront lieu, mais nous n’avons toujours pas de programme durable », regrette-t-il, en dénonçant le manque de mesures suffisantes au Bangladesh, malgré la mise en place du programme « Delta Plan ». « Avec ce programme, nous prenons chaque année des mesures à court terme, mais jamais à long terme. Cela n’arrivera pas sans véritable engagement communautaire et sans un programme adapté aux diverses situations locales », ajoute-t-il. Le Bangladesh a lancé le programme « Delta Plan 2100 » en 2018. Sur le papier, ce projet comprend pourtant des stratégies et des programmes d’intervention à long terme afin d’assurer l’accès à l’eau et la sécurité alimentaire, ainsi qu’une moindre vulnérabilité aux catastrophes naturelles et une meilleure résilience climatique. Le gouvernement a pris diverses mesures dans le cadre de ce programme afin de lutter contre les catastrophes naturelles, assure Saifur Rahman Khan, directeur du ministère de l’Environnement. « Les prévisions qui annoncent de plus en plus d’inondations importantes ne sont pas inattendues, et nous nous y préparons. Nous avons creusé des canaux et dragué des rivières, et nous avons construit des berges et des digues solides pour réduire les risques de pertes humaines et matérielles durant les inondations », poursuit-il.
(Avec Ucanews, Dacca)
CRÉDITS
Stephan Uttom / Ucanews