Eglises d'Asie

Le cardinal Advincula appelle à ne pas oublier la loi martiale décrétée il y a 50 ans

Publié le 24/09/2022




Le 21 septembre à l’occasion du 50e anniversaire de l’imposition de la loi martiale par l’ancien dictateur Ferdinand Marcos, père du président actuel, le cardinal Jose Advincula, archevêque de Manille, a publié une déclaration en appelant les catholiques de l’archipel à ne pas oublier les atrocités commises durant le régime de l’ancien président Marcos (au pouvoir de 1965 à 1986). « On ne peut ignorer ce qu’a été cette période dans notre histoire en tant que peuple, mais au milieu des ténèbres, nous avons vu une lumière », a-t-il rappelé.

Le 20 septembre 2019 à Manille lors du 47e anniversaire de l’imposition de la loi martiale aux Philippines.

Les évêques philippins ont demandé aux catholiques du pays de ne pas oublier les atrocités commises durant la dictature de l’ancien président Ferdinand Marcos, père du président actuel, sous la loi martiale imposée il y a cinquante ans. L’archevêque de Manille, le cardinal Jose Advincula, a publié un communiqué le 21 septembre en décrivant la période de la loi martiale comme une « époque troublée » de l’histoire philippine.

Le cardinal philippin a rappelé comment les Philippins, durant cette période, ont vécu l’oppression et la répression de leur liberté d’expression. « On ne peut ignorer ce qu’a été cette période dans notre histoire en tant que peuple. Mais au milieu des ténèbres, nous avons vu une lumière. Face à l’adversité, nous avons appris », a-t-il assuré dans son message.

Parmi les « leçons » apprises par les Philippins durant la loi martiale, selon lui, se trouve la valeur de la vie humaine et le respect des droits de l’homme. « Nous avons appris à chérir la vie et à défendre la dignité de chacun. Nous avons appris que le véritable progrès dépend de la justice et de la paix. Nous avons appris à lutter pour la vérité », a-t-il poursuivi, en ajoutant que « nous ne pouvons pas retenir cette leçon importante si nous nions ou si nous oublions les ombres du passé ».

Un groupe d’agriculteurs, dont les membres ont été emprisonnés sans jugement par les militaires sous le régime de Marcos, s’est dit surpris et inspiré par les propos du cardinal. « On nous a rappelé le défunt cardinal Jaime Sin, l’ancien archevêque de Manille. C’est bien que l’Église catholique rappelle ainsi aux gens les violations commises durant la loi martiale », a réagi Erning Gabas, porte-parole du groupe, en précisant qu’il avait aussi appelé l’archevêque à prendre la parole avant les élections nationales, mais il était resté silencieux.

Responsabilité, justice et transparence

Durant les élections du 9 mai, Marcos Jr. a remporté une large victoire contre la candidate Leni Robredo. Mgr Colin Bagaforo, chef de la Caritas nationale, estime de son côté que le pays « ne peut pas avancer » sans justice et sans responsabilisation après cette période de loi martiale, selon CBCP News, le site web de la Conférence épiscopale. Mgr Bagaforo a ajouté que personne ne doit oublier les abus des droits de l’homme et la corruption durant la dictature. L’évêque a tenu ses propos en réagissant à une déclaration de deux élus, les sénateurs Jinggoy Estrada et Robin Padilla, pour qui le pays doit « passer à autre chose » alors que les Philippines ont marqué le 50e anniversaire de l’imposition de la loi martiale.

De son côté, l’organisation catholique Caritas Philippines a appelé la population à « ne plus jamais laisser le pouvoir en place contrôler la vie des Philippins », à défendre la vérité, à combattre la désinformation et les fausses nouvelles, et à continuer de demander « la responsabilisation et la transparence de tous les fonctionnaires du gouvernement, en particulier au plus haut niveau ». Ferdinand Marcos Sr. a déclaré la loi martiale le 21 septembre 1972, et il a dirigé le pays d’une main de fer durant quatorze ans avant qu’un mouvement populaire soutenu par l’Église locale ne le chasse du pouvoir en 1986.

(Avec Ucanews)