Eglises d'Asie

Le cardinal Bo appelle les Églises en Asie à répondre à l’appel lancé par le pape François dans Fratteli Tutti

Publié le 14/10/2020




Le 12 octobre, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la FABC (Fédération des conférences épiscopales asiatiques), a publié une Lettre aux évêques et aux Églises en Asie, afin de partager quelques réactions à la nouvelle encyclique Fratteli Tutti du pape François et sur les perspectives d’avenir en Asie face à la crise actuelle. Selon le cardinal Bo, ce qui se passe en Asie aujourd’hui « trouve écho dans le message urgent partagé par l’encyclique ». « L’Asie est à un nouveau tournant. Le chemin qu’elle prendra décidera de l’héritage que nous laisserons à notre prochaine génération », a souligné le cardinal Bo.

Un prêtre vietnamien de la province de Thua Thien Hue, le 10 octobre devant l’église de Do So, distribuant des nouilles instantanées aux victimes des inondations.

« La réalité de qui se passe en Asie trouve un écho dans le message urgent contenu dans la nouvelle encyclique Fratelli Tutti. L’Asie est à un nouveau tournant. Le chemin qu’elle prendra décidera de l’héritage que nous laisserons à notre prochaine génération », a déclaré le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la FABC (Fédération des conférences épiscopales asiatiques), dans une Lettre aux évêques et aux Églises en Asie, dans laquelle il partage quelques réactions sur la nouvelle encyclique du pape François et sur l’Asie. La lettre, publiée le 12 octobre, commence par une observation, soulignant que l’année 2020 « est et a été, pour beaucoup d’entre vous et pour vos proches, un temps de chaos, de peur et de pertes ». « C’est lourd à porter pour vous, et il est difficile d’être forcé de rester confiné chez soi et de garder vos églises fermées. Les agendas sont vides. Les dons se raréfient. Nos pauvres ont de plus en plus faim. Nous sommes bien sûr inquiets face à l’avenir. Mais le pape François nous invite à ne pas répondre à ce temps de crise de manière superficielle. Nous ne cessons pas d’être missionnaires. C’est l’occasion d’apprendre à construire le respect mutuel, à vivre comme nous voudrions que le monde soit à l’avenir », a souligné le cardinal Bo.

« Qui est mon prochain ? »

« Il y a plus d’une pandémie dans le monde aujourd’hui ; c’est ce que nous dit le pape François. Le Covid-19 ne fait que mettre en évidence ces maux sous-jacents. Le racisme, les inégalités, les discours de haine, le mépris envers les pauvres, les personnes âgées et les enfants à naître, la traite des personnes… tout cela est parmi nous, dans des proportions endémiques. Vous êtes tous conscients que la culture de mort est bien là dans vos diocèses, vos Églises locales, vos sociétés. Nous savons que dans au moins 18 pays en Asie, la peine de mort est toujours légale. Nous vendons des armes en Asie, et on trouve sur le continent des guerres incessantes. Plusieurs millions de personnes n’ont pas d’autre choix que de quitter leur famille et de chercher du travail à l’étranger », a poursuivi l’archevêque de Rangoun. Dans Fratelli Tutti, le pape François « nous propose une longue méditation ignatienne sur la parabole bien connue du Samaritain épris de compassion », ajoute-t-il. « Le pape nous demande de nous représenter dans cette scène, et de nous imaginer comme un des passants qui assistent à la scène, comme la victime, voire comme un des brigands, ou comme le docteur de la loi, comme l’hôtelier impressionné par la générosité du sauveur, et enfin comme le Samaritain. Et nous sommes confrontés à cette question : ‘Qui est mon prochain ?’ Et à une autre question essentielle : ‘Avons-nous de la compassion ?’ L’amour construit des ponts. Nous sommes conduits à reconnaître que nous sommes faits pour l’amour. »

Nos réalités en Asie trouvent écho dans le message partagé par Fratelli Tutti, insiste le cardinal Bo. « Les prochaines générations seront-elles épargnées ? » demande-t-il. « Tout dépendra de la façon dont nous reconstruirons nos sociétés après la pandémie. Beaucoup de gouvernements en Asie tentent de retrouver des modèles économiques et sociaux qui ont été mis en échec, donc l’urgence est de mise », souligne-t-il. Même si « en tant que catholiques, nous pouvons être minoritaires, le pape nous encourage nous adresser à tous avec force, comme des frères et sœurs ». « Que l’appel de notre Saint-Père à la solidarité et à la rencontre trouve écho dans vos vies et vos communautés. Que vous puissiez accepter son invitation au dialogue, au respect et à la générosité. »

(Avec Asianews, Rangoun)


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Crédit tonggiaophanhue.net