Le cardinal Cheong, archevêque émérite de Séoul, continue d’inspirer les fidèles coréens

Le cardinal Nicholas Cheong Jin-suk, archevêque émérite de Séoul, a écrit et traduit près de 60 livres sur le droit canon, le catéchisme et la pastorale en Corée du Sud.

Le 21 février, le cardinal Nicholas Cheong Jin-suk, archevêque émérite de Séoul, a été admis à l’hôpital catholique Sainte-Marie de Séoul. En l’apprenant, de nombreux catholiques de la capitale sud-coréenne ont prié pour sa guérison. Sur les réseaux sociaux, nombre d’entre eux ont partagé leur affection pour le cardinal âgé de 89 ans, qui a pris sa retraite en 2012 et qui continue d’inspirer la communauté chrétienne locale. Le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, l’archevêque actuel de Séoul, a demandé aux prêtres, aux religieux du diocèse et aux fidèles de prier pour l’archevêque émérite et de célébrer des messes spéciales pour lui. Le cardinal Yeom a également rencontré le cardinal Cheong à l’hôpital pour lui administrer le sacrement de l’onction des malades. Après quelques semaines de traitements et grâce aux prières des fidèles de Séoul, le cardinal s’est rétabli peu à peu. Il reste en observation, et commence à répondre aux questions et vœux envoyés par les fidèles depuis sa chambre d’hôpital.

Plus jeune évêque de Corée en 1970

Le cardinal Cheong a célébré le soixantième anniversaire de son ordination sacerdotale le 18 mars. Ses proches, qui lui ont rendu visite à cette occasion, assurent qu’il se dit reconnaissant envers Dieu et l’affection des catholiques de Séoul. « Je remercie Dieu qui me permet d’être capable d’exprimer toute ma gratitude. En tant que prêtre, j’ai reçu beaucoup d’amour, qui était pourtant si immérité », a-t-il confié au magazine local Catholic Times. Durant plusieurs décennies, le cardinal Cheong a été une figure prédominante et un humble serviteur de l’Église coréenne. Né le 7 décembre 1931 à Supyo Dong (Séoul), il a effectué de courtes études de génie chimique avant d’entrer au séminaire. Il a été ordonné prêtre le 18 mars 1961. Il a obtenu plus tard un diplôme de droit canon à l’université pontificale urbanienne de Rome. À l’âge de 39 ans, il est devenu le plus jeune évêque de Corée. Le 25 juin 1970, il a été nommé évêque du diocèse de Cheongju, où il est resté jusqu’en 1998.

Il a ensuite été archevêque de Séoul de 1998 à 2012. Il a également été administrateur apostolique de Pyongyang, en Corée du Nord. Le pape Benoît XVI l’a créé cardinal en 2006. De 1975 à 1999, il a également été membre du Comité exécutif de la Conférence épiscopale coréenne (CBCK). Il a aussi été président du Comité des affaires canoniques de la CBCK de 1983 à 2006. De 1996 à 1999, il a également été président de la Conférence des évêques. En 1998, il a participé à l’Assemblée spéciale pour l’Asie du Synode des évêques. De 2006 à 2012, il a également fait partie du Conseil pontifical pour les communications sociales. Depuis son ordination sacerdotale, le cardinal Cheong a toujours mis l’accent sur l’évangélisation et sur le développement de l’Église catholique coréenne, en espérant atteindre au moins 20 % de catholiques avant 2020 (selon des sources ecclésiales). Le Pew Research Center estime que sur 51,8 millions de Sud-Coréens, près de 46 % sont sans religion et 29 % sont chrétiens, dont 11 % de catholiques (soit environ 5,6 millions de fidèles).

Plus de 60 livres publiés et traduits

Le cardinal Cheong signe un certificat de dons de livres lors d’une cérémonie organisée en juillet 2020.

Passionné de littérature et d’écriture depuis son enfance, le cardinal Cheong se considère lui-même comme un « rat de bibliothèque ». Il a d’ailleurs écrit et traduit plus de 60 livres liés au droit canon et au catéchisme, selon le Catholic Times. Il est notamment coauteur et co-traducteur des Lettres du père André Kim Tae-gon – un livre basé sur les lettres du saint martyr coréen, publié l’an dernier à l’occasion du 200^e anniversaire de la naissance de saint André Kim. Suite à sa création comme cardinal en 2006, il a confié dans une interview qu’il se sent poussé et inspiré, par amour, à écrire inlassablement. « Plus nous partageons, plus nous aimons », a-t-il précisé. Le lycée Jungang de Séoul, où il a étudié, a baptisé sa bibliothèque du nom du cardinal Cheong en juillet dernier pour lui rendre hommage et pour encourager les élèves à lire. Durant son passage comme évêque dans les diocèses de Cheongju et de Séoul, le cardinal Cheong s’est efforcé de dynamiser la pastorale et la vie diocésaine et paroissiale. Il a initié divers programmes en collaboration avec des organisations catholiques locales afin de soutenir l’autonomisation des paroisses.

Pastorale des jeunes et vocations

À Séoul, il a fondé 75 nouvelles paroisses et lancé des changements pastoraux comme un ministère pastoral centré sur les paroisses. Il a également soutenu les petits mouvements communautaires, encouragé les mouvements de jeunes et instauré un système de conseils paroissiaux pour toutes les paroisses. Afin de mieux accompagner les catholiques de Séoul, il a soutenu la création du diocèse d’Uijeongbu, séparé de l’archidiocèse de Séoul en 2004. Il a transformé le Bureau pour l’éducation en le renommant Bureau pour la jeunesse en 2005, afin de donner la priorité à la formation des jeunes au sein des paroisses locales. Il a participé à la première Journée coréenne pour la jeunesse, organisée dans l’île de Jeju en 2007, où il a demandé aux jeunes catholiques coréens de ne pas avoir peur malgré les épreuves et les difficultés. Il les a encouragés en leur confiant : « Parce que je suis avec vous, je me sens jeune moi aussi ! » Il a aussi soutenu les vocations sacerdotales et religieuses.

Défense de la vie et réconciliation nationale

Au cours de sa vie, le cardinal Cheong a également fortement défendu la vie en combattant l’avortement. Il a fait de cette question un thème central des affaires pastorales en tant qu’évêque de Cheongju. En 2005, sous sa direction, l’archidiocèse de Séoul a créé un Comité pour la vie alors que Hwang Woo-suk, un scientifique sud-coréen, venait de susciter la polémique à l’échelle nationale et internationale en affirmant, en 2004, avoir produit des cellules-souches à partir d’embryons humains clonés. Cette année-là, le cardinal Cheong a célébré une messe pour la vie en décembre, en invitant à répandre une culture de respect de la vie, et en appelant les êtres humains à ne pas se croire les propriétaires de ce monde. L’année suivante, le cardinal Cheong a organisé un Congrès eucharistique dans les paroisses de Séoul sur le thème « Le Christ dans nos vies », en mettant l’accent une nouvelle fois sur le mouvement pour la vie. Une autre priorité pastorale de l’archevêque émérite a été ses efforts pour l’unification, pour la réconciliation et pour la paix de la péninsule coréenne. De 1998 à 2004, il a été responsable de la Commission pour la réconciliation du peuple coréen de la Conférence des évêques. Le travail de cette commission a permis la création, en 2014, du Centre pour la réconciliation nationale de Paju, près de la frontière nord-coréenne. Le centre compte un musée, une église et un sanctuaire, dans le but de tisser de meilleures relations avec la Corée du Nord et pour soutenir la paix, la réconciliation et l’évangélisation.

(Avec Ucanews)