Eglises d'Asie – Divers Horizons
Le cardinal Peter Turkson lance un appel à la solidarité à l’occasion de la Journée mondiale des pêcheurs
Publié le 24/11/2020
Le 21 novembre, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix et préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral, a publié un message à l’occasion de la Journée mondiale des pêcheurs – lancée le 21 novembre 1997 à New Delhi par des travailleurs du secteur de la pêche issus de 33 pays. Selon le cardinal ghanéen, les droits de personnes travaillant dans l’industrie de la pêche doivent être mieux garantis et protégés, et leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs familles doivent être améliorées. Dans son message, le cardinal Turkson a souligné que « l’heure n’est plus aux paroles ; il est temps d’agir ». « Les dommages provoqués par l’INN [pêche illicite, non déclarée et non réglementée] et la surpêche ne touchent pas seulement les populations côtières, mais bien au-delà, car des milliards de gens ont besoin du poisson pour leur approvisionnement en protéines. Or, la pêche est la principale source de subsistance pour des millions de personnes dans le monde », a-t-il poursuivi dans son message, publié par le dicastère pour le Service du développement humain intégral. Le cardinal Turkson a également rappelé que la pêche emploie presque 60 millions de personnes dans le monde, dont près de la moitié sont des femmes. Il a également précisé que « l’Asie possède le nombre le plus élevé de travailleurs dans ce secteur, environ 85 % de l’ensemble de la force mondiale de travail, et dispose de 3,1 millions de bateaux, représentant 68 % de la flotte de pêche mondiale ».
85 % des travailleurs de la pêche mondiale sont en Asie
Le cardinal a signalé que la pandémie de Covid-19 a entraîné une chute de la vente de poisson frais et de produits liés à la pêche, « notamment en raison de l’effondrement de la demande et de la diminution des prix offerts pour les cargaisons de pêche ». Le préfet ghanéen a également souligné que « les conditions de travail et la sécurité des pêcheurs en mer ont été affectées par la fermeture des ports de pêche due à la pandémie et par l’impossibilité de consentir aux changements d’équipage ». « De plus, le manque d’équipements de protection individuelle n’a fait qu’accroître les risques de transmission du virus », a-t-il déploré. Il a également cité plusieurs cas de membres d’équipage qui sont décédés après avoir été contaminés, et qui « vu l’impossibilité de recevoir une assistance médicale immédiate, ont péri et ont été promptement ensevelis en mer par leurs compagnons inquiets, souvent sans que les familles ne connaissent le sort de leurs êtres chers ». Le cardinal Turkson a également soulevé d’autres problèmes chroniques qui tourmentent l’industrie de la pêche et « face auxquels les défis causés par le Covid-19 font maigre figure ».
Parmi ces problèmes majeurs, qui selon lui constituent le « crime de la pêche », il a cité la surpêche et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), et dont les acteurs « violent les lois et les règlements internationaux et nationaux ». « Les problèmes du travail forcé et de la traite des personnes ont toujours tourmenté le secteur de la pêche et demeurent particulièrement graves », a écrit le cardinal. Pour lui, les personnes déplacées par la pauvreté extrême et par le chômage, et dont la situation a été aggravée par la pandémie, sont « susceptibles d’être trompés et contraints par les courtiers et par des agences de recrutement de travailler à bord des bateaux sous la menace de la force ou à cause de liens contractés par leurs dettes ». C’est pourquoi le cardinal Turkson a appelé à « une plus grande solidarité avec les personnes les plus marginalisées », en citant l’encyclique Fratelli Tutti du pape François : « La solidarité se manifeste concrètement dans le service. » Le préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral a également appelé à un « nouvel effort des organisations internationales et des gouvernements, pour qu’ils renforcent leur engagement en adoptant des législations qui améliorent la vie et les conditions de travail des pêcheurs et de leurs familles et qui renforcent la lutte contre le travail forcé et la traite des personnes ».
(Avec Ucanews)