Eglises d'Asie – Divers Horizons
Le cardinal Tagle à Rome pour l’assemblée générale de Caritas Internationalis
Publié le 29/05/2019
Le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille et président de Caritas Internationalis, était au Vatican, du 23 au 28 mai, pour participer à l’assemblée générale de Caritas Internationalis. Durant la conférence de presse organisée le 23 mai, il a présenté une mosaïque représentant des visages de migrants, de dirigeants et de membres des équipes de Caritas à travers le monde. Le cardinal Tagle a lui-même ajouté une photo de son « Lolo Kim », son grand-père maternel, qui a immigré aux Philippines depuis la Chine. La mosaïque a été imaginée dans le but symbolique d’illustrer la façon dont tous ces visages représentent une même humanité. L’assemblée générale a rassemblé quelque 450 délégués de plus de 150 Caritas nationales à travers le monde, afin d’échanger sur le thème « Une famille humaine, une maison commune ». Le cardinal Tagle a expliqué que ce thème « n’est pas un slogan », mais plutôt l’affirmation de l’Évangile, de l’enseignement social de l’Église, de l’enseignement des papes du monde moderne, et en particulier « une affirmation de l’expérience vécue par Caritas », ses équipes et ses volontaires à travers le monde. « Nous faisons partie de la même famille humaine », a souligné l’archevêque de Manille. « Nous partageons la même humanité, et quand nous partageons nos expériences, nous découvrons que nous avons les mêmes rêves, le même désir d’un avenir pour nos enfants et d’un monde plus juste. Nous sommes une famille », a-t-il insisté. Le fait d’appartenir à la même famille, a ajouté le cardinal, suppose également de partager la responsabilité de notre maison commune, la Terre. Les efforts pour protéger ensemble les êtres humains et l’environnement font partie de ce que l’Église catholique appelle « l’écologie intégrale », a-t-il rappelé.
Croissance et écologie intégrale
Michel Roy, qui achève sa quatrième année en tant que secrétaire général de Caritas Internationalis, confie que l’expérience du mouvement, de ses actions et de ses partenaires à travers le monde, indique que les changements climatiques déplacent les personnes, en particulier les plus démunis, et qu’ils provoquent des catastrophes naturelles de plus grande ampleur. « Durant les prochaines décennies, vous verrez des millions de personnes qui ne pourront pas survivre là où elles vivent aujourd’hui », parce qu’elles ne pourront plus cultiver ou parce que leurs terres seront inondées, affirme Michel Roy. Le cardinal Tagle explique qu’aux Philippines, l’expression « June bride » (mariée de juin) était courante, parce que c’était le mois le plus populaire pour les mariages dans le pays. « Plus aujourd’hui », précise le cardinal, en raison des typhons et des fortes pluies qui sont devenues trop fréquents à cette période. Le cardinal explique qu’en voyageant à travers le monde en tant que président de Caritas Internationalis, il peut voir un peu partout des gratte-ciel, des boutiques de luxe et autres signes de croissance économique ; mais il ajoute qu’on peut dire la même chose pour les populations appauvries. « Alors que des richesses sont produites, on se demande pourquoi le nombre de pauvres augmente », souligne-t-il.
Le cardinal Tagle estime que parce que la croissance économique et les projets de développement ne protègent pas la classe moyenne et qu’ils n’aident pas les plus pauvres, « beaucoup de gens sont méfiants et en colère », à travers le monde. « Les politiciens et les hommes d’affaires avisés sont conscients de cette colère, c’est pourquoi ils se présentent comme des messies. Et ils remportent les élections, même si eux-mêmes ont justement bénéficié de ce développement déséquilibré », regrette-t-il. Dans beaucoup de régions du monde, cette colère a contribué à faire élire des dirigeants promettant de freiner l’immigration, ajoute le président de Caritas. Oliviero Forti, directeur du service des migrations de Caritas Italie, confie que son agence est l’une des nombreuses organisations humanitaires qui ont été accusées par Matteo Salvini, le vice-président du conseil des ministres italien, de favoriser l’immigration. En même temps, pourtant, le gouvernement de Salvini a signé un accord en vue de délivrer des visas humanitaires aux migrants et réfugiés * vulnérables. « Ce que je peux dire, et ce que je dois dire au nom de la Caritas italienne, c’est que quoi qu’il arrive, nous continueront de travailler avec la conviction que la personne doit être au centre des préoccupations », estime Olivero Forti. Le débat politique sur l’immigration peut être déconcertant, « mais cela ne nous empêchera pas une seconde d’accueillir, de secourir et de faire tout ce qui est nécessaire pour reconnaître ces personnes comme nos frères et sœurs ».
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Joe Torres / Ucanews