Eglises d'Asie

Le centre Snehalaya de Baljit Nagar auprès des enfants des bidonvilles

Publié le 22/05/2019




Le centre social de l’ONG indienne Snehalaya, au bidonville de Baljit Nagar de New Delhi, la capitale indienne, défend les droits des enfants et des femmes habitant le bidonville. Le centre, dirigé par la congrégation des Sœurs de la Croix de Chavanod depuis 1981, offre une éducation périscolaire et maternelle aux jeunes enfants, dans l’espoir de les voir rejoindre un jour le système scolaire officiel. Alors que beaucoup d’hommes habitant le bidonville sont alcooliques, ainsi que l’explique une éducatrice du centre, les femmes peuvent y suivre des formations professionnelles. L’archidiocèse de Delhi « encourage et soutien ces initiatives pour le bien des enfants et les droits des femmes, quelle que soit leur religion », confie le père Savarimuthu Shanka, porte-parole de l’archidiocèse.

Des comptines anglaises montent d’une allée étroite, au cœur d’un bidonville de New Delhi, où de jeunes enfants, qui semblent destinés au travail infantile et à une vie de labeur, reçoivent une première éducation et une chance d’un avenir meilleur. Raju Chand, trois ans, chantonne avec les autres au Centre social de Snehalaya, situé dans le bidonville Baljit Nagar de la capitale indienne, où il apprend des comptines en anglais. « J’aime beaucoup, mais je ne comprends pas ce que ça veut dire », se confie-t-il en hindi. Tara Lal, âgée de deux ans, chante elle aussi haut et fort pour attirer l’attention, mais devient timide et silencieuse quand on l’interroge. Ils partagent une grande pièce avec une quarantaine d’enfants. « Les enfants apprennent vite et sont très enthousiastes », assure Reshma Saluja, qui enseigne ici depuis six ans. L’enseignante explique que si des religieuses n’avaient pas pris l’initiative de créer ce centre, beaucoup de ces enfants auraient fini par travailler, sans aucune chance de recevoir un jour une véritable éducation.

La congrégation des Sœurs de la Croix de Chavanod dirige le Centre social de Snehalaya depuis 1981, afin d’offrir aux enfants une éducation préscolaire informelle, explique sœur Lavina Rogers, qui est arrivée il y a cinq ans. Bhavna Goswami, une autre éducatrice du centre, confie que beaucoup d’hommes vivant dans le bidonville sont alcooliques. « Ils ne gagnent pas grand-chose, alors les femmes sont obligées de travailler pour survivre, pour la plupart en tant que domestiques à mi-temps », explique Bhavna Goswami. Elle ajoute qu’en général, les enfants plus âgés restent chez eux pour s’occuper des plus jeunes. Une fois qu’ils sont capables de débrouiller, ils sont tous envoyés dehors pour gagner de l’argent. « La plupart d’entre eux ne peuvent pas aller à l’école », confie Bhavna Goswami, une étudiante qui devrait être diplômée cette année. Des ruelles tortueuses et étroites parcourent ce bidonville, habité en grande partie par la tribu Bhil du Rajasthan. La plupart des habitants vivent dans des logements exigus d’une ou deux pièces. « Nous circulons parmi eux pour supplier les parents d’envoyer leurs enfants dans notre école », explique sœur Rogers.

« Le centre m’a permis de prendre un nouveau départ »

Les enfants des travailleurs migrants, venus pour la plupart des États de l’Uttar Pradesh, de Bihar, du Rajasthan et du Madhya Pradesh, « ne peuvent pas prouver leur identité, et ne peuvent donc pas étudier dans les écoles officielles », regrette la religieuse. Pourtant, ajoute-t-elle, s’ils rejoignent l’école maternelle du centre, ils peuvent être admis dans les écoles publiques. Ashok Alexander, fondateur et directeur de l’ONG Fondation Antara, qui s’occupe de la santé et de la nutrition infantile et maternelle, explique que de tels centres sont importants « parce que 90 % du développement cognitif d’un enfant se produit avant l’âge de trois ans ». Ashok Alexander estime qu’il faut davantage d’engagements communautaires de ce type pour éviter que le développement psychique des enfants des bidonvilles « ne soit compromis à vie ». Le centre s’occupe également des adultes illettrés, afin de leur apprendre à écrire et à signer leur nom, et pour leur inspirer le désir d’étudier davantage et d’apprendre de nouvelles compétences au centre. Santosh Devi, qui s’est séparée de son mari il y a trois ans, a envoyé son fils au centre pour lui donner de meilleures chances dans la vie.

« Un jour, je me sentais tellement perdue face à l’avenir que les religieuses sont venues me voir et m’ont invité à rejoindre une formation de couture », explique-t-elle. Elle ajoute que le centre lui a également parlé des droits des femmes et de la lutte contre l’exploitation et l’injustice. Les femmes reçoivent aussi des numéros d’urgence qu’elles peuvent appeler en cas de besoin. « Aujourd’hui, je couds des robes chez moi pour vivre. Cela donne un sens à ma vie. Le centre m’a permis de prendre un nouveau départ. » Philomena Mavely, présidente du Conseil des femmes catholiques de l’archidiocèse de Delhi, assure que les religieuses font un « excellent travail » pour aider les femmes du bidonville à devenir autonomes socialement et économiquement, tout en donnant des perspectives d’avenir plus positives. L’archidiocèse de Delhi « apprécie, encourage et soutien ces initiatives pour le bien des enfants et les droits des femmes, quelle que soit leur religion », confie le père Savarimuthu Shanka, porte-parole de l’archidiocèse.

(Avec Ucanews, New Delhi)


CRÉDITS

Rita Joseph / Ucanews