Eglises d'Asie – Indonésie
Le dévouement d’un médecin catholique auprès des Papous
Publié le 25/06/2019
Bien qu’il soit officiellement retraité depuis 16 ans, le docteur Fransiskus Xaverius Sudanto, 78 ans, a continué d’aider les plus démunis de la province de Papouasie en leur offrant des services médicaux privés probablement parmi les moins chers d’Indonésie. Les Papous l’appellent « Docteur mille » parce qu’il ne facture ses patients que 1 000 à 2 000 roupies, soit 10 centimes de dollar US. Le Dr Sudanto confie que de nombreuses personnes ont déjà eu une vie difficile et que c’est son devoir, en tant que catholique, de les aider et de soulager leurs souffrances. « En tant que médecin, je ne dois pas leur imposer de fardeau supplémentaire avec des services médicaux trop chers, » explique-t-il. Il ajoute que de nombreuses familles papoues luttent pour leurs besoins journaliers, comme les frais de scolarité de leurs enfants. « Quand ils tombent malades, c’est encore plus difficile, donc leur demander de payer beaucoup, cela signifierait que nous n’avons pas de cœur. » Né à Karanganyar, à Java centrale, le 5 décembre 1941, le Dr Sudanto a reçu son diplôme de médecine à l’université de Gajah Mada à Yogyakarta en 1975. Peu après avoir été diplômé, il a été nommé à la tête de la clinique du district d’Asmat, dans la province de Papouasie.
Il a vécu parmi la tribu Asmat pendant six ans avant de s’installer à Abepura, où il habite toujours. Il confie que travailler avec eux lui a permis de comprendre les Papous et les difficultés auxquelles ils font face. Tous les jours, les membres de la tribu mangent du sago – un extrait de la partie spongieuse de l’arbre sago – cuit au feu de bois. Les sources de nourriture limitées et les conditions sanitaires difficiles entraînent de nombreuses maladies. « La vie au quotidien auprès d’eux était très dure et les médicaments étaient difficiles à obtenir » explique-t-il. Heureusement, il parvenait à récupérer des médicaments grâce aux missionnaires catholiques qui travaillaient dans la région. La situation s’est améliorée quand il a déménagé à l’hôpital de Sainte-Odile à Bayun, dans le district d’Asmat. Là-bas, il avait accès au matériel radiologique d’un médecin allemand, ce qui lui a permis d’offrir de meilleurs traitements aux patients d’Asmat. En retour, il offrait des formations aux médecins allemands sur les maladies tropicales. Quand il était à l’hôpital Odilia – fondé par le père Antonius van der Wouw –, il était assisté par une religieuse catholique spécialisée dans les accouchements. Le respect des Papous vis-à-vis du médecin a grandi en voyant sa volonté de rendre visite aux villageois, ce que de nombreux médecins refusaient de faire. Ce contact régulier a tissé un lien spécial entre eux, qui s’est encore affermi aujourd’hui.
Savoir-faire et don de soi
On aurait pu s’attendre à ce que le Dr Sudanto se repose davantage une fois à la « retraite », mais plus d’une dizaine de patients viennent le voir tous les jours, dans son petit service chirurgical dans une clinique de Jayapura. Leurs maladies sont variées, allant d’une simple infection à des maladies comme le sida ou le cancer. « Je ne les laisse pas partir sans les avoir aidés, » affirme Sudanto, qui souhaiterait qu’il y ait davantage de monde qui accepte de partager avec les plus nécessiteux. « Ce n’est pas si difficile de montrer de la compassion aux plus faibles. Seule la compassion peut réduire l’écart entre les riches et les pauvres. » Fransina Meraudje, 39 ans, du district d’Abepura, confie qu’elle connaît le médecin depuis le lycée. « Même après mon mariage, ma famille a continué de se rendre à sa clinique », déclare-t-elle. « Grâce à lui, j’ai réussi à récupérer rapidement après une crise de paludisme. » Sa passion au service des autres fait que le Dr Sudanto est toujours demandé par les hôpitaux et les cliniques, y compris l’hôpital public d’Abepura et l’hôpital psychiatrique d’Abepura. Willy Fester, un collègue de l’hôpital psychiatrique d’Abepura, déclare que la simplicité du Dr Sadanto a inspiré de nombreuses personnes. « Il a un style de vie simple, mais il est fermement résolu à aider ceux qui en ont besoin », ajoute-t-il.
Le chef du district d’Abepura, Dionisius Deda, a déclaré que l’engagement du Dr Sudanto envers les plus pauvres est bien reconnu. « Sa présence et son dévouement ont fait la différence, en particulier pour les moins privilégiés », a-t-il salué, ajoutant que même les personnes ayant de l’argent avaient besoin de son aide. « Il ne s’agit pas que d’argent, c’est aussi son expertise. Cela incite les gens à croire en lui », a souligné Dionisius Deda, avouant qu’il aimerait que davantage de médecins comme lui émergent et soient disposés à travailler en Papouasie. Le Dr Sudanto aime partager son savoir-faire. C’est pourquoi il enseigne également dans plusieurs universités de la capitale de la province, Jayapura, notamment à l’Université de Cenderawasih et à l’Université des Sciences et Technologies de Jayapura. Il enseigne également à l’école de philosophie de Fajar Timur, à Jayapura. Charles Brabar, président du Conseil de la population et du planning familial de Papouasie, assure que les gens apprécient le dévouement de Dr Sudanto. « C’est ce que les Papous veulent chez un médecin. Cela leur montre qu’il les aime et qu’il fait son travail sans réserve. C’est un médecin qui travaille selon la volonté de Dieu. »
(Avec Ucanews, Jayapura)
CRÉDITS
Veni Mahuze / Ucanews