Eglises d'Asie – Inde
Le diocèse de Cuttack-Bhubaneswar lance le processus diocésain pour les martyrs d’Odisha
Publié le 16/01/2021
Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, dans l’État d’Odisha, dans l’est de l’Inde, a lancé le processus diocésain vers la béatification et la canonisation des martyrs du massacre antichrétien de 2008 en Odisha. Le père Purushottam Nayak est notamment chargé de rassembler les témoignages et les preuves attestant du martyre. Le père Nayak est curé de la paroisse Notre-Dame de Charité de Raikia, à Kandhamal, où beaucoup de chrétiens ont été tués durant le massacre. Le processus diocésain n’est que la première étape. Une fois tous les témoignages et tous les éléments nécessaires récoltés, le dossier doit être soumis au Vatican afin d’approfondir les recherches et poursuivre le processus. À ce jour, le prêtre a une liste de 105 martyrs, dont 7 catholiques ; les autres comprennent des chrétiens de différentes confessions, ainsi que des hindous et des musulmans – tués pour avoir secouru, accueilli ou défendu leurs frères et sœurs chrétiens. « Le diocèse souhaite honorer les non catholiques et les non chrétiens, parce qu’il reconnaît et apprécie le sacrifice de leurs vies au nom de l’amour », confie le père Nayak. Un groupe de six personnes assiste le prêtre, qui suit « les procédures habituelles pour récolter toutes les informations nécessaires ».
« Leurs blessures sont encore ouvertes »
Le processus comprend d’abord l’ébauche d’une « biographie critique du candidat au martyre, puis un rapport sur ses vertus – foi, espérance, charité, générosité », ainsi qu’un autre rapport « sur sa sainteté et sur les faveurs obtenues par son intercession ». Enfin, « une liste des obstacles possibles à la cause » est dressée. Pour faire leur travail, « le groupe rassemble toutes les informations publiques disponibles sur les candidats et sur leur martyre, en citant une liste de témoins, que ce soit en faveur de la cause ou non ». Selon le père Nayak, une des plus grandes difficultés de leur travail vient du fait que « les survivants ont peur de parler ». « Leurs blessures sont encore ouvertes, et ils sont toujours forcés de vivre aux côtés de gens qui ne respectent pas la valeur du martyr des chrétiens », explique le prêtre. De plus, précise-t-il, « beaucoup de ceux qui ont survécu au massacre de Kandhamal sont portés disparus ou ont fui leurs villages et leurs maisons sans jamais revenir ». Malgré tout, assure-t-il, « nous faisons tout ce que nous pouvons pour rencontrer les survivants, individuellement et avec leurs familles, afin de rassembler autant d’information que possible sur les martyrs de Kandhamal ». Les veuves de beaucoup d’hommes tués font partie des « sources » les plus importantes pour le processus diocésain.
« C’est émouvant pour moi de voir leur foi et leur force »
Le jour de Noël ainsi que ce dimanche 10 janvier, le père Nayak a rencontré un groupe de témoins au village de Tiangia. Après la messe, ils se sont rassemblés au mémorial des martyrs, une colonne jaune surmontée d’une croix, qui porte les noms des sept paroissiens catholiques tués en 2008. Le prêtre a notamment écouté le témoignage d’Anita Pradhan, âgée de 36 ans, veuve de Sibino Pradhan, de la paroisse de Notre-Dame de Charité de Raikia. « Sibino Pradhan a été assassiné en 2008 durant les violences antichrétiennes », souligne le prêtre. « La foi d’Anita est forte, même si sa vie a été pleine de difficultés. Encore aujourd’hui, le gouvernement ne lui a toujours pas remis la compensation financière promise. Ses difficultés économiques ont été encore plus importantes avec le Covid-19. »
Le père Nayak cite également le témoignage d’Asmita Digal, 35 ans, veuve de Rajesh Digal du village de Bakingia, à environ 7 km de Raikia. Le 26 août 2008, Rajesh Digal a été tiré hors du bus où il se trouvait avant d’être tué à Paburia. Il avait assisté à une rencontre de pasteurs protestants à Hyderabad et rentrait dans son village. Les extrémistes hindous ont compris qu’il était chrétien en trouvant une bible dans son sac à dos. Ils l’ont menacé de le tuer, avant de le battre et de le jeter dans un puits. Ils lui ont demandé de renoncer à sa foi, mais il a refusé et a préféré mourir. Il avait 26 ans. Asmita n’a appris sa mort que deux jours après. « Ils parlent tous de leur expérience et des persécutions avec les yeux pleins de larmes », raconte le prêtre. « C’est vraiment émouvant pour moi de voir leur foi et leur force dans le Seigneur. Je ressens toute leur tristesse et je partage leur souffrance, mais je suis aussi heureux de voir leur espérance et d’écouter leur témoignage. »
(Avec Asianews, Cuttack-Bhubaneswar)
CRÉDITS
Asianews