Eglises d'Asie – Inde
Le diocèse de Kottar se réjouit de la canonisation de Devasahayam, premier laïc indien déclaré saint
Publié le 17/05/2022
Les chrétiens indiens se sont réjouis de la canonisation du premier laïc catholique indien, saint Devasahayam (Lazare) Pillai (1712-1752), qui a été déclaré saint le 15 mai au Vatican avec neuf autres nouveaux saints. Selon l’Église locale, le même jour, de nombreuses célébrations ont marqué l’événement dans différentes églises à travers l’Inde, en particulier dans les États du Kerala et du Tamil Nadu, dans le sud du pays. Devasahayam a été déclaré bienheureux en 2012 après un miracle qui lui a été attribué et qui a été reconnu en 2014.
« Avant la déclaration de Devasahayam comme saint, nous avons vécu trois journées spéciales de prière et d’adoration continues, dès jeudi dernier dans toutes les paroisses diocésaines, mais il n’y a eu aucune célébration spéciale dimanche pour pouvoir suivre la canonisation au Vatican en direct », explique le père V. Hilarius, vicaire général du diocèse de Kottar, interrogé le 16 mai. Le prêtre évoque la fierté des Indiens et des fidèles à travers le pays, qui ont célébré cet événement historique.
De nombreuses messes et autres événements marquant la canonisation ont eu lieu à travers le pays, notamment au Tamil Nadu dans une église de Kattadimalai, dans le district de Kanyakumari, où saint Devasahayam a été martyrisé en 1752. « Aujourd’hui, je voudrais appeler à lutter contre les discriminations dans notre société, comme lui-même l’a fait en son temps. Osez élever la voix contre les injustices faites aux gens, en particulier aux plus faibles », a-t-il souligné.
« Cela doit nous encourager à devenir de meilleurs chrétiens »
Le père Z. Devasagaya Raj, ancien secrétaire du Bureau des Dalits et des classes arriérées (Office of Dalits and Backward Classes) de la Conférence épiscopale indienne, estime que « c’est un moment particulièrement approprié pour que Devasahayam soit déclaré saint. L’Église en Inde subit des persécutions et cela doit nous encourager à devenir de meilleurs chrétiens ». Le père Raj ajoute qu’il était temps « que l’Église catholique commence à reconnaître les contributions des laïcs ». « Comme Devasahayam, il y a beaucoup de laïcs qui servent ainsi l’Église », assure-t-il. Le prêtre évoque notamment tous ceux qui ont donné leur vie à cause de leur foi durant les persécutions de masse qui ont eu lieu dans des lieux comme Kandhamal, dans l’État d’Odisha en 2008, dans l’est de l’Inde. « L’Église doit initier des étapes immédiates pour les déclarer saints eux aussi. »
Saint Devasahayam est né le 23 avril 1712 à Nattalam, un village du district actuel de Kanyakumari, au Tamil Nadu dans le sud de l’Inde. De caste supérieure et officier à la cour, il était proche du roi Marthanda Varma, de l’ancien État princier de Travancore. Il s’est converti au christianisme en 1745 sous l’influence d’un militaire néerlandais, Eustache de Lannoy, et il a été baptisé par le père R. Bouttari Italus, jésuite. En plus de son nom de naissance, Neelakanda Pillai, il a reçu celui de « Lazare » au baptême, mais il est devenu plus connu sous le nom de Devasahayam (équivalent tamoul de « Lazare »). Sa femme, Bhargavi Ammal, est aussi devenue catholique et a pris le nom de Gnanapoo Ammal (Thérèse).
Les archives indiquent que malgré une certaine liberté religieuse dans l’État princier, le roi ne tolérait pas les conversions des membres de sa cour. Le roi a donc ordonné son arrestation en 1749, en l’accusant de trahison et d’espionnage. En février 1749, il a été jeté en prison avec d’autres chrétiens. Devasahayam a été torturé quotidiennement durant trois ans, y compris en public, sans renier sa foi. Constatant son influence, le roi a alors ordonné sa mise à mort, le 14 janvier 1752. Sa dépouille a été jetée dans la forêt avant d’être retrouvée par les chrétiens et inhumée devant l’autel de l’église Saint-François-Xavier, qui est devenue la cathédrale du diocèse de Kottar (Tamil Nadu).
(Avec Ucanews)