Eglises d'Asie

Le diocèse de Macao ouvre ses archives historiques au public pour la première fois

Publié le 12/10/2022




Le 7 octobre, le Bureau des archives historiques et du patrimoine du diocèse de Macao a annoncé l’ouverture officielle de ses archives (près d’un million de documents). Ces archives remontent à la création du diocèse en 1576 et suivent toute la période coloniale portugaise (1557-1999). « L’Église n’est pas un musée. Elle vit et se trouve constamment en mouvement, pour nourrir la foi. C’est pourquoi le témoignage de ces reliques culturelles doit être transmis », explique Benedict Keith Ip, archiviste et directeur du Bureau diocésain.

Benedict Keith Ip, archiviste et directeur du Bureau diocésain des archives historiques et du patrimoine de Macao, en train de polir une statue du Christ.

Le diocèse de Macao a ouvert officiellement ses archives, qui comptent près d’un million de documents et de nombreux fichiers numériques, afin de permettre au public d’accéder à cet héritage culturel et historique pour la première fois. Le diocèse, créé en 1576, était alors la première juridiction ecclésiastique en Extrême-Orient. Depuis, dès la période coloniale portugaise (1557-1999), l’Église locale a préservé ces précieuses archives au fil des siècles. Le Bureau diocésain des archives historiques et du patrimoine de Macao (situé à l’évêché de Macao), qui a annoncé la décision, dépend du chancelier diocésain et de la curie diocésaine.

Benedict Keith Ip, archiviste et directeur du Bureau des archives diocésaines, explique que l’Église locale pense qu’il est important de partager l’histoire et l’héritage diocésains avec les habitants de Macao. « L’Église n’est pas un musée ; elle vit et se trouve constamment en mouvement, pour nourrir la foi. C’est pourquoi la portée et le témoignage de ces reliques culturelles – de ce précieux héritage – doivent être transmis tous les jours aux fidèles de cette nouvelle ère », poursuit-il, cité le 7 octobre par l’hebdomadaire catholique local Jornal-O-Clarim. Benedict Keith ajoute que ces archives représentent « plus d’un million de pages de fichiers et documents », qui mettent en valeur un riche héritage culturel et historique.

Le diocèse respecte les normes fixées par le Conseil international des Archives

Ces documents doivent dater d’au moins dix ans pour être classés comme des « archives historiques ». Toutefois, des exceptions sont prévues en cas de documents liés à des événements rares et historiques. Benedict Keith Ip souligne que les archives diocésaines respectent les règles fixées par le Comité des bonnes pratiques et des normes de l’ICA (Conseil international des Archives). « Nos archives sont divisées entre la Salle des archives historiques et la Salle des reliques. La première est située au rez-de-chaussée de l’évêché ; la seconde se trouve au séminaire Saint-Joseph », précise-t-il.

Le séminaire Saint-Joseph (fondé en 1728) et le Collège Saint-Paul (un ancien collège jésuite et séminaire universitaire pour tout l’Extrême-Orient), ont été des institutions majeures pour le travail missionnaire en Chine, au Japon et dans d’autres régions. Aujourd’hui, l’église Saint-Joseph de Macao, avec les ruines du Collège Saint-Paul (détruit dans un incendie en 1835 et dont les ruines sont classées par l’Unesco), est le seul exemple d’architecture baroque en Chine, selon l’Atlas mondial de l’architecture baroque (une publication de l’Unesco de 2001). En 2010, l’Unesco a également enregistré des documents anciens du séminaire Saint-Joseph de Macao et des archives de la chancellerie diocésaine au sein de son programme « Mémoire du Monde » pour la région Asie-Pacifique.

De son côté, l’équipe diocésaine se charge de cataloguer et contrôler les archives, de mener des travaux de recherche, de promouvoir le patrimoine historique du diocèse et de préserver et restaurer les reliques culturelles. Benedict Ip explique en effet que les objets historiques perdent souvent leurs couleurs au fil du temps, en particulier au niveau des points de contact, et que certains peuvent être endommagés non pas à cause d’une mauvaise manipulation mais durant des processions.

Des restaurateurs d’art sollicités pour les objets historiques

L’archiviste diocésain ajoute que des services professionnels sont souvent nécessaires pour les travaux de restauration des objets, qui sont aussi souvent abîmés à cause de l’humidité de l’air et de températures élevées. « Dans ces cas-là, nous devons solliciter un professionnel pour restaurer. Pour certains objets comme des oreillers, des tissus et des vêtements, il faut faire appel à un tailleur spécialisé », précise-t-il. Une restauration récente a ainsi été effectuée par l’équipe pour une statue du Christ. « Il nous a fallu trois mois pour la restaurer », ajoute Benedict Keith. Actuellement, les archivistes diocésains s’occupent de restaurer une série d’huiles sur toile représentant d’anciens évêques de Macao et qui se trouvent à l’évêché.

Macao a un riche héritage culturel et se trouvait autrefois au cœur des activités missionnaires de la région. L’église Saint-Joseph compte notamment l’une de ses plus précieuses reliques, un os du bras de saint François-Xavier qui faisait partie d’une collection de l’église de la Mère-de-Dieu de Macao (qui fait aujourd’hui partie des ruines du Collège Saint-Paul). De son côté, le séminaire Saint-Joseph avait un véritable rayonnement universitaire tel que la reine portugaise Dona Maria lui a conféré un titre royal en 1800.

Au début du XVIe siècle, le diocèse de Macao couvrait un vaste territoire en Asie, du Japon à l’Asie du Sud-Est. Au fil des siècles, plus de cent diocèses ont été créés et séparés de l’ancien territoire diocésain. Le diocèse couvre aujourd’hui toute la péninsule de Macao, qui est devenue un territoire chinois après sa rétrocession par les Portugais en 1999. Le diocèse compte aujourd’hui près de 30 000 catholiques pour neuf paroisses, sur une population totale d’environ 670 000 habitants.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Jornal-O-Clarim / Ucanews