Eglises d'Asie

Le diocèse de Macao veut défendre la vie et la dignité humaine contre la menace de l’euthanasie

Publié le 10/06/2022




Le 7 juin, le père Cheung, de la Commission pour la vie du diocèse de Macao, a accueilli de nouveaux membres au sein de la commission en appelant la communauté locale à défendre la vie et la dignité humaine contre les menaces de l’avortement et de l’euthanasie. Le poids économique du vieillissement de la population suscite en effet des questions sur d’éventuelles lois sur l’euthanasie, provoquant certaines inquiétudes. Le prêtre a donc recommandé de rester vigilant même si « les lois de Macao protègent mieux la vie humaine que dans d’autres villes ou régions ».

La cathédrale de la Nativité de Notre-Dame de Macao.

Le 7 juin à Macao, lors d’une cérémonie accueillant de nouveaux membres de la Commission pour la vie du diocèse de Macao, le père Michael Cheung, membre de la Commission, a appelé la communauté catholique de l’ancienne colonie portugaise à continuer de lutter contre l’euthanasie et l’avortement qui menacent la vie et la dignité humaine. Le prêtre, qui est également membre de l’Institut du Verbe Incarné (IVE), reconnaît que le système juridique actuel de la région semi-autonome chinoise protège la dignité humaine.

Cependant, il fait part des inquiétudes de l’Église locale vis-à-vis de la façon dont les citoyens vivent les choses au quotidien. Interrogé par le journal catholique lusophone Jornal O Clarim, le père Cheung estime que « même si les lois de Macao protègent mieux la vie humaine que dans d’autres villes ou régions, la situation n’est pas la même concernant les gestes et pratiques des citoyens ». « Beaucoup de choses surviennent dont nous n’avons pas connaissance, qui ne sont pas médiatisées ou qui sont simplement faites en secret », assure le prêtre.

Une législation souvent contournée

La loi à Macao permet l’avortement seulement si la vie ou la santé de la mère est menacée, ainsi qu’en cas de malformation fœtale et en cas de viol. Contrairement à la Chine continentale, Macao n’autorise pas les avortements sur demande ou pour des raisons socio-économiques. Toutefois, les médias locaux estiment que le taux d’avortement est élevé à cause de l’industrie du jeu – Macao étant devenue une véritable capitale du jeu en Asie – où beaucoup de femmes et de filles de Chine et d’ailleurs sont victimes de trafics sexuels. Ce phénomène cause de nombreuses grossesses involontaires suivies d’avortements.

Selon le journal médical The Lancet, 43 femmes sur 1 000 à Macao ont eu recours à l’avortement en 2012. Aucun chiffre officiel du taux actuel n’est disponible, mais des médias locaux affirment qu’il est aussi élevé qu’en Chine continentale, où l’avortement a été légalisé dans les années 1950 dans le cadre des mesures imposées par le régime communiste afin de réguler la population. Selon South China Morning Post, des habitants de Macao vont également se faire avorter dans des lieux comme Gongbei, un district de Zhuhai près de la frontière entre Macao et la Chine.

Les médecins de Gongbei confirment que près de 30 % des avortements qui y ont lieu concernent des adolescentes de Macao. Le père Cheung explique que la Commission diocésaine pour la vie considère la protection de la vie et de la dignité humaine comme « très importante » et qu’elle cherche à former ceux qui deviendront une force majeure afin de conserver la législation actuelle à Macao.

Le vieillissement de la population et la menace de l’euthanasie

Par ailleurs, le vieillissement de la population locale est également une source d’inquiétudes. Macao comptait 682 100 habitants en 2021, selon les chiffres officiels, dont 82 800 personnes âgées (soit 65 ans et plus), ce qui représente une augmentation de 107 % par rapport à 2011 (39 964 habitants de plus de 65 ans).

Cette situation a entraîné une hausse du taux de dépendance des personnes âgées (c’est-à-dire le rapport entre le nombre de personnes âgées et le nombre de personnes en âge de travailler), de 8,9 % en 2011 à 16,6 % en 2021. Le poids économique subi suscite des questions sur des lois potentielles sur l’autorisation de l’euthanasie à Macao, à l’instar de pays comme la Belgique, la Suisse et la Nouvelle Zélande qui autorisent le suicide assisté dans des « cas exceptionnels ». Malgré tout, le gouvernement de Macao aurait assuré qu’il n’avait aucune intention de légaliser l’euthanasie.

Dans ces circonstances, pour le père Cheung, l’Église locale doit continuer faire pression pour limiter le droit à l’avortement et pour empêcher la légalisation de l’euthanasie à Macao. Le prêtre ajoute cependant que la vague actuelle, qui cherche à contrer les enseignements de l’Église à Macao sur des questions comme l’avortement, l’euthanasie et le genre, n’est pas « agressive » et qu’elle n’influence pas autant la politique de Macao que dans d’autres régions du monde. Pour lui, la législation actuelle à Macao est « une grâce de Dieu », même s’il pense que la communauté catholique locale « ne doit pas baisser les bras » et qu’elle doit rester ferme pour la cause de la vie et de la dignité humaine.

(Avec Ucanews)