Eglises d'Asie – Inde
Le frère ainé de Mgr Theodore Mascarenhas nommé évêque de Baroda
Publié le 19/01/2023
Pour la deuxième fois dans l’histoire de l’Église indienne, deux frères sont devenus évêques avec la nomination, le 31 décembre dernier, du père Sebastiao Mascarenhas, âgé de 63 ans, comme évêque de Baroda dans l’État du Gujarat, dans l’ouest du pays. Son frère, Mgr Theodore Mascarenhas, 62 ans est évêque auxiliaire de Ranchi depuis huit ans (dans l’État du Jharkhand, dans l’est). Tous deux ont été nommés évêques par le pape François.
On trouve une autre histoire similaire avec Mgr Alphonsus F. D’Souza, évêque défunt de Raiganj (Bengale occidental) et son frère, Mgr Albert D’Souza, archevêque émérite d’Agra (Uttar Pradesh).
Les frères Mascarenhas appartiennent tous deux à la Société des missionnaires de Saint-François-Xavier (dont les membres sont également appelés les Pères du Pilar), une congrégation indienne basée à Goa, dans l’ouest du pays. Le père Sebastiao était prêt à débuter une nouvelle responsabilité dans la Mission de Khempur, dans le diocèse d’Ahmedabad (Gujarat), où il prévoyait des activités pastorales sur le terrain et du travail d’écriture. « Mais j’irai dans le diocèse de Baroda », a-t-il souligné en expliquant qu’il acceptait cette nomination.
Lui et son frère Theodore ont demandé à leur famille de célébrer cette nouvelle sobrement, en respectant les enseignement de la Société du Pilar qui travaille auprès des pauvres et des marginalisés. Le père Sebastiao a également demandé au diocèse de Baroda que la célébration de son ordination épiscopale et de son installation, qui aura lieu le 18 février, soit également simple « parce que l’appel à être évêque est un appel à servir les pauvres, les délaissés et ceux qui sont perdus ».
Les deux frères attribuent leur vocation sacerdotale à leur mère, Maria Barreto
Il a ajouté que son appel au sacerdoce a été semé grâce à la vie familiale qu’il a vécue au village de Camurlim, dans le sud de l’État de Goa. « Nous étions une famille simple et profondément catholique, nous récitions le chapelet tous les soirs ensemble et nous allions à la messe », raconte-t-il. De son côté, Mgr Theodore Mascarenhas a confié qu’il n’était « pas surpris » que son frère aîné soit choisi comme évêque. « Il a une grande expérience comme pasteur et une vraie vision de l’Église en Inde », a assuré l’évêque, qui a également été secrétaire général de la Conférence épiscopale indienne (CBCI) de 2016 à 2019.
Les deux frères attribuent leur vocation sacerdotale à leur mère, Maria Barreto. « Mes parents fervents ont créé une atmosphère spirituelle dans la famille », confie le père Sebastiao. « Nous étions nombreux à accompagner notre mère dans son pèlerinage annuel de dix heures au Vieux-Goa pour la fête de saint François-Xavier, et nous y campions même la nuit avant de rentrer chez nous en bus le lendemain », explique Maria Dias, 67 ans, banquière à la retraite et sœur aîné des deux frères. Ce n’était donc pas une surprise pour la famille quand ils ont tous deux rejoint le séminaire.
Le père Sebastiao a été le premier à devenir séminariste, alors qu’il était encore très jeune, et il a dû obtenir une permission spéciale pour être ordonné prêtre à l’âge de 24 ans. Étudiant brillant, il a également obtenu un prix en économie à l’université de Nagpur, dans l’État central du Maharashtra. Theodore l’a suivi dans le même ordre religieux, avant d’être ordonné à l’âge de 27 ans.
« Nous devons beaucoup à notre mère qui a semé en nous notre amour de Dieu, de l’Église et de ses valeurs », confie Mgr Theodore. Il se souvient qu’un jour, étant enfant, il a ramassé une plante pour la ramener à la maison. « Ma mère m’a demandé d’où elle venait, et j’ai avoué que je n’avais pas demandé la permission au propriétaire, donc elle m’a envoyé la rendre », raconte-t-il, en expliquant qu’elle était stricte mais très aimante.
« Il a assumé différents rôles avec beaucoup de responsabilité, de sérénité et de sagesse »
Leur mère est décédée juste avant la nomination de Mgr Theodore comme évêque en 2014. Leur père, Joaquim Mascarenhas, travaillait à Mumbai, la capitale commerciale de l’Inde, comme cuisinier au Cricket Club of India, et il envoyait de l’argent tous les mois pour nourrir sa famille. « Nous étions unis. Mon père et son frère se sont mariés avec deux sœurs et nous vivions tous dans la même maison, en partageant les mêmes repas », poursuit Mgr Theodore. Il ajoute que son père a reçu un jour une promotion, mais qu’il a refusé l’offre en craignant que ce nouveau poste le force à « faire des compromis avec ses valeurs chrétiennes ».
« Il nous a dit que cette nouvelle responsabilité lui aurait donné un bon salaire, mais qu’il préférait continuer comme avant, en gagnant moins mais avec un travail honnête », explique-t-il. L’évêque raconte également que la nuit avant sa mort, son père leur a demandé de rendre 200 roupies (environ 2,25 euros) qu’il devait à quelqu’un, mais sans dire combien de personnes lui devaient de l’argent à lui.
Les deux frères Mascarenhas ont obtenu des doctorats et sont devenus des enseignants qualifiés en théologie. Mgr Theodore a un doctorat en Écriture Sainte, obtenu à l’Institut biblique pontifical à Rome, et le père Sebastiao a obtenu un doctorat en théologie systématique à l’université de Fribourg, en Allemagne.
Le père Sebastiao, polyglotte, parle gujarati, hindi, marathi, anglais, allemand et français. Il a été supérieur provincial de la province de Mumbai de 2009 à 2012 puis supérieur général de la Société des missionnaires de Saint-François Xavier de 2017 à 2022. « Le père Sebastiao a assumé différents rôles avec beaucoup de responsabilité, de sérénité et de sagesse », estime le cardinal Filipe Neri Ferrão, archevêque de Goa et Daman.
(Avec Ucanews)
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Ucanews