Eglises d'Asie – Inde
Le gouvernement indien refuse de permettre aux Dalits convertis de bénéficier des quotas électoraux
Publié le 19/02/2021
Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi a réitéré son refus de permettre aux Dalits convertis au christianisme et à l’islam de bénéficier des quotas électoraux réservés aux communautés Dalits et indigènes, brisant une nouvelle fois les espérances de la communauté marginalisée. Les responsables chrétiens indiens estiment que l’obstination du gouvernement dirigé par le parti BJP (Bharatiya Janata Party) ne fera qu’aggraver les difficultés sociales et économiques affectant les Dalits, anciennement appelés « intouchables ». « Il est regrettable que le gouvernement persiste dans cette position », a déclaré Mgr Sarat Chandra Nayak, président du Bureau pour les Dalits et les castes inférieures de la Conférence des évêques indiens. Sur les 543 sièges du Parlement indien, 84 sont réservés aux 200 millions de Dalits que compte le pays, et 47 sont réservés aux 104 millions de personnes appartenant aux communautés indigènes. Les règles électorales leur réservent ces sièges, mais un ordre constitutionnel publié en 1950 a privé les Dalits non hindous de ce droit. Plus tard, cet ordre a été amendé pour permettre aux Dalits bouddhistes et sikhs de se présenter aux élections, mais les chrétiens et les musulmans sont toujours exclus, sous le prétexte que leurs religions ne reconnaissent pas le système de castes (les quotas électoraux étant réservés aux castes inférieures).
Au moins 33 % des chrétiens indiens sont d’origine Dalit
Les responsables chrétiens Dalits attendaient une réponse favorable du gouvernement à leurs demandes, déposées devant la Cour Suprême en 2004. Mais le 11 février, Ravi Shankar Prasad, ministre de la Justice et des Technologies de l’information, a maintenu les règles en vigueur. Le 16 février, Mgr Nayak a rappelé que les responsables chrétiens du pays dénoncent l’ordre constitutionnel de 1950 depuis qu’il est entré en vigueur, malgré le fait que les gouvernements successifs ont ignoré leurs demandes, prétextant que les chrétiens sont politiquement insignifiants – ils ne représentent que 2,3 % de la population, sur 1,3 milliard d’habitants. « À moins qu’il y ait un large consensus politique qui le permette, il ne sera pas possible de défaire les injustices historiques faites aux chrétiens et musulmans Dalits », a déploré Mgr Nayak, qui est également évêque du diocèse de Berhampur, dans l’État d’Odisha, dans l’est de l’Inde. « La Cour Suprême peut mettre fin à cette discrimination basée sur la religion, mais c’est peu probable maintenant que le gouvernement a précisé sa position. » Le BJP et ses organisations alliées sont attachés à l’idéologie nationaliste hindoue, voyant le christianisme et l’islam comme des religions étrangères, et considérant le sikhisme et le bouddhisme comme prenant leur origine dans la culture indienne. « Nous n’espérons rien dans l’immédiat », a confié Mgr Nayak.
R. L. Francis, président du mouvement PCLM (Poor Christians Liberation Movement), qui travaille pour les chrétiens Dalits, souhaiterait quant à lui que l’Église abandonne l’idée de quotas réservés aux Dalits, pour travailler pour « une Église sans castes ». « Le fait de demander des quotas réservés ne peut qu’entraîner des divisions de castes au sein même de l’Église », estime R. L. Francis. Toutefois, Mgr Nayak souligne que « le fait de profiter des avantages accordés par le gouvernement ne signifie pas que l’Église soutien le système de castes ». Les responsables chrétiens Dalits affirment que 80 % des 30 millions de chrétiens indiens sont d’origine Dalit, bien que les statistiques officielles enregistrent près de 33 % de chrétiens Dalits et environ 33 % de chrétiens indigènes.
(Avec Ucanews, Bhopal)
CRÉDITS
Bijay Kumar Minj / Ucanews