Eglises d'Asie – Inde
Le gouvernement indien réfute un rapport dénonçant les attaques ciblant les chrétiens
Publié le 10/05/2023
Les autorités indiennes ont réagi à un rapport dénonçant 495 attaques et violences perpétrées entre 2021 et 2022 contre la minorité chrétienne dans différents États de l’Inde. Dans le cadre d’une pétition déposée en septembre dernier auprès de la Cour suprême, les signataires ont ainsi tenté d’alerter sur le sort de la minorité chrétienne, qui représente 2,3 % de la population indienne, et ils exigent justice et protection. Parmi eux, on compte l’archevêque de Bangalore, Mgr Peter Machado, ainsi que deux organisations chrétiennes importantes, le National Solidarity Forum et l’Evangelical Fellowship of India.
Les attaques mises en lumière par leurs soins déclinent démolitions d’églises, assassinats, conversions forcées, violences physiques, arrestations de religieux, dégradations de statues, d’églises et de propriétés, et perturbations de rassemblements religieux et de messes. D’après les observateurs, la minorité chrétienne est principalement ciblée par des groupes nationalistes hindous, associés au parti au pouvoir du BJP (Parti du peuple indien). Face à la pétition, la Cour suprême a interpellé le gouvernement central de l’Inde en lui demandant d’examiner la situation.
En réponse, le 13 avril dernier, les autorités ont accusé les signataires de porter atteinte à l’image de l’Inde. « Nous sommes préoccupés par la façon dont les choses peuvent être projetées à l’étranger si les chrétiens sont attaqués dans le pays, alors que la vérité est complètement différente », a commenté le Solliciteur général Tushar Mehta, qui représentait le gouvernement. Ce dernier dénonce une « tentative des signataires de la pétition de dépeindre une image particulièrement fausse ».
Le gouvernement fédéral de l’Inde dénonce une exagération des attaques
D’après le gouvernement, qui a enquêté auprès des huit États principaux visés par le rapport, les chiffres avancés sont « inexacts » : moins d’un tiers des incidents répertoriés se seraient réellement produits. Le gouvernement ne corrobore ainsi que 155 plaintes déposées dans des commissariats locaux des États d’Uttar Pradesh, Chhattisgarh, Madhya Pradesh, Karnataka, Haryana, Bihar, Jharkhand et Odisha. « Par ailleurs, sur 232 incidents répertoriés par les gouvernements des États, 73 d’entre eux ont été résolus amicalement, avec l’accord des deux parties. Ces 73 incidents étaient liés à des disputes de terrains, des pratiques superstitieuses, des violations des règles liées au Covid-19, et autres problèmes », a affirmé le gouvernement. « Des plaintes ont été déposées dans 155 autres cas. »
Le gouvernement fédéral de l’Inde dénonce une exagération des attaques mises en lumière. « Nombre d’incidents répertoriés en tant que persécutions à l’encontre des chrétiens sont faux ou mal projetés. De nombreuses disputes entre deux parties ont été dépeintes sous des couleurs religieuses. La vérification des faits et des rapports révèle que des querelles familiales et des litiges fonciers ont même été présentés comme des attaques communautaires », souligne l’affidavit du gouvernement. Les incidents seraient « infondés et en majorité faux ou délibérément exagérés et non corroborés ».
Réfutant la véracité des faits avancés, les autorités demandent le retrait de la pétition. Elles nient également un manque d’implication de la police qui aurait permis, selon les accusations, d’attiser un climat d’intolérance. « À l’inverse, la vérification des rapports officiels des gouvernements régionaux révèle que la police a agi rapidement dans de nombreux cas et a mené les enquêtes nécessaires, en accord avec la loi », poursuit l’affidavit, tout en rappelant que la Constitution garantit le droit de la liberté religieuse en Inde.
À présent, la balle est dans le camp des signataires de la pétition, qui devraient répondre à leur tour prochainement. Ils pourraient être tentés de vouloir démontrer les limites des plaintes déposées dans les commissariats, puisque les organisations chrétiennes dénoncent régulièrement le refus de la police d’enregistrer les plaintes visant les chrétiens ciblés.
(EDA)
CRÉDITS
Bijay Kumar Minj / Ucanews