Eglises d'Asie

Le gouvernement indonésien enregistre une forte augmentation du nombre de cas de maladies mentales

Publié le 13/10/2021




Selon le ministère indonésien de la Santé, on comptait au moins 277 000 personnes handicapées mentales dans le pays en 2020 – contre 197 000 en 2019. Une forte augmentation liée, pour les autorités, aux conséquences de la crise sanitaire. « Nous craignons que le nombre de personnes handicapées enchaînées augmente », a déclaré Maxin Rain Rondonuwu, directeur général du programme de prévention et de contrôle des maladies du ministère. La pratique de l’enchaînement, qui a diminué ces dernières années, reste un problème dans les régions rurales.

Une religieuse indonésienne libère une femme handicapée mentale, attachée à une bûche par sa famille.

Le gouvernement indonésien a appelé la population de recourir aux aides professionnelles concernant les membres de leurs familles souffrant de maladies mentales, et de cesser d’attacher ou enchaîner les handicapés – une pratique de longue date en Indonésie. Les autorités ont lancé cet appel après avoir enregistré une forte augmentation de cas de problèmes mentaux et psychologiques à travers le pays. Concernant la pratique de l’enchaînement, malgré une baisse significative au cours des dernières années, le problème demeure courant parmi les familles indonésiennes, qui y voient un moyen de contrôler les personnes handicapées mentales, vues comme une menace envers les autres. Cette pratique a suscité les vives condamnations de plusieurs organisations depuis longtemps. Selon le ministère indonésien de la Santé, près de 19 000 personnes handicapées sont actuellement attachées de cette manière dans le pays, principalement dans les régions rurales. Mais le gouvernement craint que ces chiffres pourraient augmenter à nouveau face à une nette augmentation du nombre de cas de maladies mentales ces derniers temps. Selon le ministère, au moins 197 000 Indonésiens souffraient de problèmes mentaux en 2019 – contre environ 277 000 en 2020. Cette forte augmentation semble liée, pour les autorités, aux conséquences de la pandémie dans le pays. « Nous craignons que le nombre de personnes enchaînées augmente suite à cela », confie Maxin Rain Rondonuwu, directeur général du programme de prévention et de contrôle des maladies du ministère de la Santé, interrogé le 10 octobre, à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale.

Seulement 34 hôpitaux spécialisés en Indonésie

« Les familles doivent dépasser leurs sentiments de honte, qui les poussent à attacher leurs proches, et plutôt les amener dans des hôpitaux ou des centres de réhabilitation. L’enchaînement n’est jamais une solution, et cela ne fait qu’empirer les choses », souligne Maxin Rondonuwu. De son côté, Felix Gunawan, directeur de l’association Perdhaki (Indonesian association of voluntary health services), un groupe catholique, estime qu’il est « essentiel que les familles reçoivent des informations et des conseils professionnels sur ces maladies, pour qu’elles puissent être traitées ». Pour lui, beaucoup de familles indonésiennes rurales restent superstitieuses et ne voient pas les problèmes mentaux comme des maladies. Felix Gunawan ajoute que les proches y voient souvent une explication surnaturelle. Il ajoute que l’Église catholique locale gère de nombreuses initiatives pour traiter les patients dans les centres de réhabilitation, qui prouvent que de nombreux patients peuvent être traités et guéris. Mais Felix pense que le gouvernement indonésien doit faire davantage pour les aider, en augmentant le nombre d’établissements médicaux et de psychiatres pour ces patients. Selon le ministère de la Santé d’Indonésie, le pays ne compte que 34 hôpitaux publics et privés pour les maladies mentales, et seulement 1 053 psychiatres, pour une population de près de 249 millions d’habitants.

 

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Ucanews