Eglises d'Asie

Le Haut-commissariat aux réfugiés en Corée du Sud soutient des chrétiens chinois réfugiés à Jeju

Publié le 16/02/2022




Un groupe de 60 chrétiens chinois originaires de Shenzhen et réfugiés dans l’île sud-coréenne de Jeju a déposé une nouvelle demande d’asile après un premier refus. Selon le pasteur Pan Yongguang, ils risquent de multiples accusations en cas de nouveau rejet et de rapatriement forcé, notamment pour « subversion » et « collusion avec des forces extérieures ». Pour Bob Fu, président de l’ONG China Aid, la Corée du Sud se montre particulièrement prudente : « Seules 0,4 % des demandes d’asile venant de ressortissants chinois ont été approuvées dans le passé. »

Des membres de la Shenzhen Holy Reformed Church, dans l’île de Jeju en Corée du Sud.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a apporté son soutien à 60 chrétiens chinois ayant fui en Corée du Sud pour éviter des persécutions, et qui se retrouvent à nouveau en danger alors que la justice locale a rejeté leur demande d’asile. En 2019, ces membres de la Shenzhen Holy Reformed Church (une église illégale fondée en 2012, également surnommée « Mayflower Church ») se sont installés dans l’île de Jeju, un site touristique populaire sud-coréen, afin d’échapper au harcèlement des officiels du Parti communiste chinois à Shenzhen. Ils étaient venus à Jeju pour profiter d’un accès sans visa garanti aux citoyens chinois.

Les membres du groupe, composé de 29 adultes et 31 enfants, ont vu leur demande d’asile rejetée en janvier, selon l’ONG China Aid, un groupe dirigé par des exilés chinois, qui documente les violations des droits de l’homme et qui défend la liberté religieuse en Chine. Ils devront redéposer une demande d’asile, dans le cadre du processus complexe d’immigration sud-coréen. Selon le pasteur Pan Yongguang, le groupe vit dans la crainte d’un rapatriement forcé en cas de nouveau refus des autorités coréennes.

Malgré la barrière de la langue et le manque d’accès à l’éducation des enfants, et face au manque d’aides matérielles à Jeju, les chrétiens chinois ont été forcés d’accepter des petits boulots comme la récolte des mandarines pour survivre. Les membres de leur Église subissent des pressions des autorités chinoises depuis 2018, quand le PCC a adopté de nouvelles règles sur les Affaires religieuses. Ces mesures ont entraîné une nouvelle répression sur les groupes et instituts religieux « non enregistrés » dans le pays.

« Seules 0,4 % des demandes d’asile de ressortissants chinois sont approuvées »

Selon le pasteur Pan, des policiers sont venus dans leur église et leur école à plusieurs reprises pour en ordonner la fermeture. Avec d’autres membres du groupe, le pasteur a reçu des menaces répétées quand il a cosigné une lettre protestant contre les nouvelles règles sur les religions, et notamment contre une politique éducative répressive et un programme antireligieux. Le pasteur explique qu’il risque de multiples condamnations en cas de nouveau rejet de demande d’asile et de rapatriement forcé en Chine.

« J’ai été accusé d’incitation à la subversion du pouvoir de l’État, de collusion avec des forces étrangères anti-Chine et de trafic d’êtres humains ». « Ils m’accusent de cela parce que j’ai emmené ces croyants en dehors de Chine, et maintenant ils me suspectent de trafic ou de contrebande », ajoute-t-il. Le groupe a également déposé une demande d’asile auprès des États-Unis par l’intermédiaire de l’UNHCR. Mais selon Bob Fu, président de China Aid, la Corée du Sud se montre prudente vis-à-vis de la Chine, afin d’éviter tout conflit avec Pékin concernant des demandeurs d’asile. « Seules 0,4 % des demandes d’asile venant de ressortissants chinois ont été approuvées dans le passé. La Corée du Sud est vraiment coincée par le PCC », souligne-t-il.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Pan Yongguang / Ucanews