Eglises d'Asie

Le Japon a enregistré moins de 800 000 naissances pour la première fois en 2022

Publié le 04/03/2023




Le gouvernement japonais a annoncé que le nombre de naissances dans le pays est passé pour la première fois sous la barre des 800 000 en 2022, contre près d’1,5 million de naissances par an au début des années 1980. Ces chiffres comprennent les enfants nés de parents non-japonais vivant au Japon, et ceux nés de parents japonais vivant à l’étranger. Face à cette tendance, le Premier ministre Fumio Kishida s’est à nouveau engagé à mettre en œuvre des mesures sans précédent d’ici fin mars.

Une famille japonaise à Hiroshima, Japon (mai 2019).

Le 28 février, le ministère japonais de la Santé a annoncé que le pays a enregistré 799 728 naissances en 2022, en passant sous la barre des 800 000 pour la première fois depuis que ces statistiques ont commencé à être publiées en 1899. Cela représente une chute démographique significative par rapport à plus d’1,5 millions de naissances par an au Japon au début des années 1980.

Ces chiffres incluent les enfants nés de parents non-japonais, ainsi que ceux nés des parents japonais vivant à l’étranger. Ceci marque un déclin de 44 000 naissances par rapport à 2021, soit une baisse de 5,3 %. Par ailleurs, le solde naturel, c’est-à-dire la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès, était de 782 305 en 2022, soit un nouveau record.

Cela confirme le déclin démographique accéléré que traverse le pays, ce qui pose de sérieux défis pour l’économie nationale et le système de protection sociale. La situation est expliquée par plusieurs facteurs, dont la hausse du coût de la vie, l’augmentation du nombre de femmes japonaises au sein de la population active, et une tendance aux naissances et aux mariages tardifs.

Face à cette menace, le Premier ministre Fumio Kishida s’est à nouveau engagé à mettre en œuvre des mesures sans précédent d’ici fin mars. Il a appelé à doubler les dépenses gouvernementales afin de soutenir les naissances (actuellement fixées à près de 2 % du budget japonais). Parmi ces mesures, on compterait un soutien financier pour les familles ayant des enfants et un accès facilité aux gardes d’enfants. Les entreprises pourraient aussi être encouragées à des arrangements plus flexibles avec les employés ayant des enfants.

Un basculement culturel privilégiant le travail à la vie de famille

Pourtant, le fait d’apporter une aide financière aux familles japonaises pourrait ne pas suffire. Récemment, une jeune mère japonaise, interrogée, ne s’est pas plainte de la nécessité de recevoir plus d’aides du gouvernement, bien qu’elle ait cinq enfants et que les revenus du foyer sont modestes. Selon elle, son choix d’avoir une famille nombreuse n’a pas été déterminé par les aides qu’elle pouvait obtenir via un programme social gouvernemental.

Malgré l’introduction de nombreuses aides et initiatives au fil des années, le taux de natalité du Japon n’a pas cessé de baisser durant les dernières décennies. Ce ne sont donc pas les seules aides financières qui pourraient renverser la tendance. Au Japon, il y a en effet eu un véritable basculement culturel privilégiant le travail à la vie de famille. Ainsi, au lieu de promouvoir les valeurs spécifiquement liées au monde professionnel au sein de son système éducatif, le Japon pourrait insister davantage sur la vie de famille et les valeurs familiales.

Ainsi, le fait de payer les familles japonaises pour les encourager à avoir des enfants est une politique qui ne satisfait que le gouvernement, qui peut ensuite affirmer avoir fourni des efforts, tandis que les statistiques continuent de chuter. Bien qu’un soutien financier puisse aider certains foyers en difficulté à élever leurs enfants, cette politique ne répond pas aux véritables causes culturelles et sociales qui contribuent au déclin démographique.

(Avec Cristian Martini Grimaldi / Ucanews)


CRÉDITS

shankar s. (CC BY 2.0)